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Camp Thorel : L’amour de la famille Ramjug pour la culture hydroponique
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Camp Thorel : L’amour de la famille Ramjug pour la culture hydroponique
Entre 70 à 90 % d’eau en moins à utiliser, pas d’adjonction de pesticides, récolte abondante. La culture hors-sol sur une superficie moindre s’avère plus rentable que la culture classique.
L’accueil est chaleureux chez les Ramjug de Camp Thorel. Cette famille s’est lancée dans la culture de tomates et de concombres, il y a dix ans. Avec le sourire, une gentillesse et un enthousiasme débordant, les Ramjug et Lallmohamed Issmet Bhye, qui les accompagne dans leur parcours avec la construction et l’installation de serres chez eux, nous font visiter celles-ci, tout en nous expliquant le processus.
Entrepreneur et responsable de l’installation de serres hydroponiques, Lallmohamed Issmet Bhye, cet habitant de Médine-Camp-de-Masque, a découvert l’univers des serres il y a dix ans, alors qu’il avait été appelé pour réparer une serre endommagée. Auparavant, il était contracteur à MauritiusTelecom.
«Letan monn al répar serla, zot inn trouv mo ena kapasite. Monn seye. Monn trouv sa system la vremem interesan e monn lans mwa ladan. Depi dizan mo dan le domen e bizin dir mo pé lead dan rézion Moka Flacq.»
Il travaille aujourd’hui avec ses deux fils, Fardeen et Farhan, âgés de 24 et de 22 ans, de leur état soudeur et maçon, respectivement. Lallmohamad Issmet Bhye a fait de l’installation de serres hydroponiques une entreprise familiale. D’ailleurs, Fardeen, qui était dans le domaine du génie civil, a préféré démissionner de son emploi pour donner un coup de main à son père. Avec leur petite équipe, ils sillonnent les régions de Flacq et Moka.
Satish Ramjug a suivi l’exemple de son frère quand il s’est lancé dans la culture hydroponique. «J’ai pris un emprunt pour cultiver la terre. J’ai commencé petit à petit.» Avec le temps, la récolte l’inspire et il décide de chercher un second emprunt pour augmenter sa production.
Aujourd’hui, il possède quatre serres et une cinquième est en construction. Les tomates, concombres et poivrons qu’il cultive sont livrés aux supermarchés et au marché de Port-Louis depuis les dix dernières années. En dépit de la concurrence grandissante, Satish Ramjug avoue son amour pour la culture hydroponique de légumes, surtout avec le soutien de son épouse Devina, qui l’épaule dans les serres.
Alternative à l’agriculture classique
La culture hors-sol est une alternative à l’agriculture classique et traditionnelle. Si les fruits et les légumes poussent en terre selon la méthode traditionnelle, l’hydroponique se développe principalement sous serres ou dans des environnements fermés et contrôlés.
Explications de A à Z de Lallmohamed Issmet Bhye : «La terre est d’abord nivelée avec de la cendre, le charbon de terre. Cette composante est essentielle parce qu’elle empêche la prolifération des bactéries présentes dans la terre. Puis un tapis d’herbe (‘weed mat’) est posé sur le sol pour empêcher les bactéries d’entrer dans la serre que l’on recouvre d’un filet afin de la protéger contre les insectes.»
La terre est remplacée par de la fibre de coco (importée du Sri Lanka). Cette fibre, qui sert de substrat, agit comme un support solide qui permet aux racines végétales de se développer, tout en palliant le manque de nutriments dans la terre.«Zot craz fib coco, fer li vinn enn bagass ki absorb delo.»
Du fait de l’absence de terre, la qualité de l’eau est essentielle pour un bon rendement. La plupart des systèmes hydroponiques sont dotés d’un circuit fermé et automatisé. Grâce à un minuteur, la racine des plantes est régulièrement irriguée par une eau enrichie avec des sels, minéraux et d’autres nutriments essentiels à la plante. L’eau et les engrais sont mélangés dans un bac ou une “pump house”, comme le précise notre interlocuteur. «Pa ena pou met pestisid, ki ve dir nou pé gagn légim sin ek bon pou konsome.»
Récolte de qualité Satish Ramjug, de son côté, ajoute que le processus peut paraître difficile mais il compte aussi de nombreux avantages : une croissance contrôlée et une récolte abondante, moins d’attaques nuisibles, une récolte de qualité et, le plus, la culture hydroponique peut consommer entre 70 et 90 % moins d’eau que dans la culture classique.
Un des légumes les plus cultivés hors-sol est la tomate, explique Satish Ramjug. Contrairement aux plantes classiques qui rapportent environ trois kilos de tomates, avec la culture hydroponique la récolte peut aller jusqu’à dix kilos par plante. «Normalement, les plantes peuvent atteindre une taille de dix mètres, d’où la nécessité de les attacher avec des ficelles pour les empêcher de traîner sur le sol et de mieux les manipuler.»
Sur une superficie de 450 m2 (30 x 15 m), la production équivaut à celle provenant d’une culture normale sur une superficie entre un et trois arpents. En d’autres mots, la culture hydroponique peut rapporter trois tonnes de tomates. Toutefois, il est aussi bon de souligner qu’après chaque récolte, il faut désinfecter le système d’irrigation et changer les substrats.
Il est aussi nécessaire de se désinfecter avant de pénétrer dans la serre, prévient Satish Ramjug. «Si gagn baktéri, dan enn semenn tou plant sek. Pa pou kapav replant tomat. Bizin atann enn an. Lerla pou bizin plant kokom avan kapav replant tomat.»
Combien ça coûte ?
Combien faut-il investir pour se lancer dans la culture hydroponique ? Pour une superficie de 450 m2, le coût peut osciller entre Rs 700 000 et Rs 750 000. «Mais si le gouvernement offre une subvention de Rs 400 000 pour une telle superficie, il faut avant tout s’enregistrer pour obtenir sa carte de planteur auprès du Food and Research Extension Institute (FAREI)», explique Lallmohamed Issmet Bhye. «Le FAREI dispense aussi des formations aux intéressés. Une trentaine de familles se sont déjà tournées vers la culture hydroponique et cela s’avère tellement profitable qu’elles n’hésitent pas à investir dans d’autres serres.»
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