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Ils sont cadres et rastas
Rasta ne rime pas toujours avec gandia. Ce ne sont pas ces trois jeunes mauriciens, qui ont choisi de porter des dreadlocks, qui diront le contraire.
Dean Runghen : «À l’aéroport, je me fais contrôler à chaque fois»
Le métier de ce jeune homme âgé de 27 ans consiste à s’occuper du développement communautaire. Il baigne dans le social depuis l’enfance et marche dans les pas de ses parents en accompagnant les oubliés de la société. Dean Runghen est travailleur social pour le Joint CSR Committee. Il s’occupe de la région de Ste-Catherine, à St Pierre. D’ailleurs, grâce au soutien du centre, un jeune, en l’occurrence Roudy Luxe, a pu obtenir son diplôme en design et graphisme de l’université de Technologie de Maurice, cette année.
Cela fait plus de quatre ans que Dean Runghen arbore des dreadlocks. «Ce style me permet d’intégrer toutes les cultures dans un seul corps. Il n’y a ni créole ni blanc ni Indien ni Chinois. Je suis Mauricien !» Et puis, dit-il, c’est aussi plus pratique dans son travail. Cela rend l’accès plus facile aux ghettos dans lesquels il exerce. «Depuis que j’ai mes dreads, les jeunes n’hésitent pas, ils s’ouvrent et se sentent en confiance. Ils s’approchent même ek zot dire seryé la rasta. Du coup, ils se livrent et se laisse guider.»
Lui, qui a fait des études en Afrique du Sud, raconte que là-bas, être rasta n’a jamais vraiment choqué qui que ce soit. En revanche, «à chaque fois que je prends l’avion, c’est à Maurice que je me fais contrôler. J’ai beau dire que je ne fume pas, que je ne bois pas mais parce que je suis rasta on me demande si j’ai des ti-papié. Et on me fouille intégralement». L’ironie, c’est qu’il ne fume même pas. Mais il préfère en rigoler.
Joanna : «Le rasta ne se limite pas qu’aux herbes !»
Superviseur dans un centre d’appels du centre, Joanna est rasta depuis un peu plus de deux ans. «J’avais besoin de changer de style et c’était soit les dreads soit les cheveux très courts.» Elle finit par opter pour les tresses en raison de la texture et afin de ne pas ressembler à tout le monde.
Mais au début, le regard des gens a pesé lourd. De raconter qu’une fois, on l’a fait patienter deux semaines avant de pouvoir prendre l’avion, les autorités ayant estimé que sa photo ne convenait pas…
Qu’importe les difficultés, Joanna a persévéré dans son choix. Un tempérament qui lui a d’ailleurs permis d’occuper ses fonctions actuelles. Comme quoi, lance-t-elle dans un éclat de rire, «le rasta ne se limite pas qu’aux cheveux et aux herbes !»
Yannick Durhone : «L’apparence ne devrait pas primer»
Pendant huit ans, il a enseigné l’art au Bocage. Et depuis un an, il exerce à Northfield. Enseignant, musicien, chanteur, Yannick Durhone est tout ça. Comment lui est venue l’envie d’avoir des dreadlocks ? À l’époque, révèle-t-il, il se trouvait en France pour ses études. En Europe, dit-il, ce n’est pas l’apparence qui prime.
À Maurice, en revanche, ce n’est pas forcément le cas. De confier qu’à plusieurs reprises, il a eu des soucis avec la justice parce qu’il est rasta. Non, il n’est pas du cannabis ambulant, dit-il avec force. Être rasta, c’est une culture, un mode de vie. Reste que, avoir des dreadlocks n’est pas une excuse pour faire n’importe quoi.
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