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La paille de canne à la rescousse
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La paille de canne à la rescousse
Le gouvernement travaille sur un plan pour encourager l’utilisation de la biomasse, à partir des résidus de canne à sucre, comme matière première énergétique, a dit Pravind Jugnauth lors du Budget. Un tel projet a déjà été initié à Terragen.
Khalil Elahee: «Il faut être beaucoup plus sérieux»
Un plan stratégique pour encourager l’utilisation de la biomasse. C’est ce que s’attelle à trouver le gouvernement. L’initiative a été annoncée par Pravind Jugnauth, lors de son discours budgétaire. Bien qu’il accueille la décision positivement, Khalil Elahee rappelle que ce n’est pas la première fois qu’une telle mesure est annoncée par un gouvernement, faisant notamment allusion au projet Maurice île Durable, enterré en 2014.
Le chargé de cours en énergie à l’université de Maurice estime qu’il faut regrouper les différentes parties prenantes avant de définir un plan. «Au-delà de l’annonce, il y a l’opportunité de faire beaucoup de choses et de relever les défis surtout en ce qui concerne les déchets de cannes coupées. Si les choses n’ont pas décollé dans le passé, ce n’est pas la faute d’un réel plan d’ensemble et d’actions concrètes. Comment les petits planteurs ont-ils bénéficié de ce plan? Est-ce que des emplois seront créés ? Il faudra, avant tout, répondre à ces questions», souligne Khalil Elahee.
Il souhaite que la mesure annoncée par Pravind Jugnauth se concrétise. «Cela va permettre de créer des emplois et de garder le secteur de la canne en vie. Celui-ci fait partie de l’histoire et, j’espère, de l’avenir du pays. Qui plus est, il est grand temps de trouver une alternative à la centrale thermique de Beau-Champ et dont la capacité s’élève à 22 MW.»
Jean-Michel Gérard: «Il faut du courage et de l’investissement»
Depuis quelques années, Terragen Ltd expérimente une meilleure utilisation de la biomasse pour la production de l’énergie, en réutilisant la paille de canne. Elle prévoit de produire 10 GW d’énergie pour 2017. «L’express» a rencontré son directeur, Jean-Michel Gérard, dans le cadre de ce projet.
Depuis quand Terragen s’est-elle lancée dans le projet de valorisation de la paille ?
Les premiers essais ont été faits fin 2014. En 2015, nous avons poursuivi les essais et nous avons acheté du matériel. En 2016, nous sommes entrés dans une phase industrielle.
Combien de tonnes avezvous produites en 2016 et quel est l’objectif pour 2017 ?
Au total 5 000 tonnes de paille, qui ont été compactées en 11 000 ballots de haute densité, ont été réalisées. Ce qui nous a permis de produire 4 GW d’énergie. En 2017, nous comptons atteindre 10 GW. Je pense que c’est réalisable mais, bien sûr, plusieurs contraintes existent. Il y a eu beaucoup de pluie cette année. Or nous avons besoin de paille sèche, dont le pouvoir calorifique est plus élevé que celui de la bagasse.
Quel est l’objectif primaire en valorisant la paille ?
Nous voulons diminuer l’impact environnemental. Nous voulons réduire notre part de charbon dans notre production. L’autre objectif est de pérenniser ce secteur et de pouvoir rémunérer les planteurs sur la paille. Il y a des prises de risques, certes, mais si d’autres pays ont réussi à le faire, pourquoi pas Maurice ? Cela demande du courage et surtout de l’investissement. À moyen terme, nous voulons valoriser 25 000 tonnes de paille, ce qui équivaut à 15 000 tonnes de charbon par an. Ce sont des enjeux assez importants.
À titre de comparaison, lequel entre la valorisation de la paille, le photovoltaïque ou l’éolienne, demande le plus d’investissements ?
De ce que vous avez mentionné, la valorisation de la paille et surtout l’exploitation de celleci sont plus coûteuses. Toutefois, la paille n’est pas intermittente, comme le soleil. Qui plus est, il nous faut de la main-d’œuvre et donc, de l’emploi est créé. Il nous faut 15 personnes pour 10 000 tonnes de paille. Si on compare à l’échelle du pays, nous créons 250 emplois, ce n’est pas rien.
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