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[Vidéo] Les tortues à la recherche d’endroits sûrs…
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[Vidéo] Les tortues à la recherche d’endroits sûrs…
Deux espèces de tortues sont communes dans les eaux mauriciennes, la tortue verte (Chelonia Mydas) et la tortue imbriquée (Eretmochelys Imbricata), aussi connue comme tortue caret à Maurice. Et comme une bonne partie de l’écosystème, ces deux espèces sont sous pression.
Les deux tortues sont des espèces migratoires remontant jusqu’au moins la péninsule indienne dans la région de l’océan Indien mais sont réparties dans pratiquement toutes les eaux tempérées du globe. Cependant, les tortues vertes trouvent sur les côtes mauriciennes un endroit pour faire leurs nids, elles sont les seules d’ailleurs à le faire.
Malheureusement, alors qu’en mer, les dangers sont légion, notamment en raison de la prédation, des maladies et des parasites, l’Homme ajoute une couche encore plus dure pour la population déjà faiblissante de ces deux espèces de tortues. À commencer par le braconnage. À Maurice, les populations côtières, certains pêcheurs inclus, voient dans les tortues un bon moyen d’arrondir leurs fins de mois avec la chair, la carapace et l’huile.
«Durant les sensibilisations réalisées par Eco-Sud/LagonBleu, j’ai été surprise par le nombre de personnes qui ont déjà mangé de la chair ou des œufs de tor tues», explique Josheena Naggea, Project Manager pour Lagon Bleu. «Surtout quand on parle avec les personnes de la côte Sud. Et on a réalisé qu’il fallait plus de sensibilisation.»
Les tortues sillonnant les eaux mauriciennes sont protégées par le Fisheries and Marine Resources Act 2007. Il est strictement interdit de pêcher des tortues dans le but de les consommer et en faire des trophées. Ou encore de les vendre mortes ou vivantes. Il est aussi interdit d’en récupérer les œufs. De plus, les tortues imbriquées se nourrissant pratiquement exclusivement de méduses, leur chair s’avère toxique.
L’impact du développement humain est non-négligeable. La pollution des eaux a des effets dévastateurs drastiques sur les populations marines et les tortues. Très souvent, les tortues confondent les sacs plastiques flottant dans l’eau. Incapable de digérer le plastique, la tortue est dans la majorité des cas condamnée. De plus, le développement au bord des plages réduit à une peau de chagrin les endroits où les tortues vertes peuvent faire leurs nids. Il faut aussi y ajouter les accidents avec les bateaux et celles qui se noient car prises dans les filets de pêche.
Obscurité totale
«Déjà, s’il y a de la lumière sur la plage, la tortue ne viendra pas», affirme Shakit Teker de la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS), qui travaille sur la Marine Turtle Conservation. «Quand une tortue verte vient à terre, c’est uniquement pour pondre. Et la plage doit avoir certaines caractéristiques, comme la présence de veloutiers (NdlR, arbustes poussant en bord de plage) par exemple et, en plus, une obscurité totale.»
Il ne reste plus beaucoup d’endroits où peuvent pondre les tortues autour de l’île. Cela réduit le nombre de nids. Si la tortue verte peut pondre entre 85 et plus de 200 œufs par ponte, et réaliser trois à cinq pontes en moyenne sur la saison de reproduction, seulement 1 % des petits atteindront l’âge adulte.
Pour aider la population de tortues à reprendre du poil de la bête, trois organisations non gouvernementales (ONG), Eco-Sud/Lagon Blue, Reef Conservation et la MMCS, ont lancé le projet collaboratif Marine Turtle Conservation depuis un peu plus de deux ans et demi avec l’aide des ministères de l’Environnement et de la Pêche par le biais du centre de recherche d’Albion.
«Il y a beaucoup de choses que l’on ne connaît pas sur le comportement des tortues à Maurice pour le moment. On n’a pas assez de données scientifiques sur elles», avance Shakit Teker. «Ce projet qui dure depuis plus deux ans et demi est passé d’un purement de sensibilisation à un où il y a des responsables. Que ce soit les ONG, les partenaires financiers et les ministres qui se réunissent pour discuter de la situation à Maurice.»
En janvier dernier, une équipe de représentants de chaque ONG et du ministère de la Pêche s’est rendue à La Réunion pour une formation en vue d’être mieux préparée pour la protection des tortues dans notre lagon. La première arme des ONG pour la protection des tortues est la sensibilisation. «Nous avons travaillé ensemble pour la création d’un livret sur les tortues qui a été distribué aux élèves de Grade 5», ajoute Josheena Naggea. «De plus, on a aussi travaillé avec les skippers et les pêcheurs pour savoir comment agir si jamais ils aperçoivent une tortue blessée ou malade.»
Les ONG ont mis en place des protocoles pour venir en aide aux tortues en difficulté, blessées ou malades. Ainsi que pour la surveillance des nids quand leur présence est signalée. «Il nous est déjà arrivé d’avoir aidé une tortue et ensuite de la retrouver une nouvelle fois blessée», confie Josheena Naggea. Il est demandé au public, dans le cas où il verrait une tortue venir pondre ses œufs, de ne pas s’approcher de la tortue, au risque de la faire partir. Mais de faire appel aux gardes-côtes, aux ONG et au centre de recherche d’Albion.
<p><strong>La tortue verte</strong></p>
<p>La Chelonia Mydas, ou tortue verte, est la seule qui vient pondre sur les plages mauriciennes et, d’après certaines études, à la maturité sexuelle, les tortues reviennent sur les plages où elles sont nées si elles existent toujours. Les tortues vertes juvéniles se nourrissent de petits crustacés, de mollusques et d’autres invertébrés. Les adultes quant à elles sont herbivores et vont préférer se nourrir d’herbiers marins que l’on retrouve encore à certains endroits. Espèce répandue dans le monde, elle a longtemps était chassée pour sa chair, sa peau et sa carapace. Cette espèce est considérée en danger sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avec une population en déclin.</p>
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<p><strong>La tortue imbriquée</strong></p>
<p>L’Eretmochelys Imbricata ou tortue imbriquée s’approche plus rarement de la plage mais n’est pas plus rare que sa cousine dans les eaux autour de Maurice. Ce sont essentiellement les juvéniles qui sont présentes dans le lagon. Les adultes préfèrent des îles plus proches de l’équateur pour se reproduire. Prédatrice, elle se nourrit de coraux mous, d’éponges, de crustacés et de certains mollusques. Comme la tortue verte, elle est très répandue et a été chassée pour son cuir et sa carapace. L’espèce est considérée comme en danger critique d’extinction par l’UICN.</p>
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<p><strong>Pourquoi les protéger ?</strong></p>
<p>Dans l’écosystème marin complexe, les tortues jouent un rôle unique. En tant qu’espèce migratoire, elles permettent d’indiquer l’état de l’océan dans sa globalité et quand elles s’approchent des côtes, elles jouent une fois de plus le rôle d’indicateur de l’état des lagons où elles vivent. Là où la mer se porte bien, les tortues sont aussi en bonne santé. Comme tous les animaux, elles occupent une place importante dans l’équilibre marin. Les tortues, par le biais de leur alimentation, régulent l’apparition des algues et des éponges toxiques, qui seraient autrement un danger pour les récifs coralliens. De ce fait, elles préservent l’équilibre de la chaîne alimentaire dans les lagons.</p>
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