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Daroomalingum Mauree: «Pas de raison d’avoir peur des requins»

4 juillet 2017, 23:28

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Daroomalingum Mauree: «Pas de raison d’avoir peur des requins»

Les conditions à Maurice et à La Réunion ne sont pas les mêmes, estime ce spécialiste en aquaculture de la Banque mondiale. Les craintes quant à l’élevage de poissons sont injustifiées.

Des requins attirés par des poissons en cage. Voir l’industrie touristique souffrir comme à La Réunion. Des déchets et des restes de nourriture affectant la faune et la flore. Les écologistes et quelques opérateurs touristiques sont montés au créneau pour contester les différents projets d’aquaculture en voie de réalisation. L’express a sollicité l’avis de Daroomalingum Mauree, ex-directeur de Pêche au ministère de la Pêche et Regional Project Coordinator en aquaculture pour la Banque mondiale dans la région est africaine. 

Aucune cage abîmée par les requins 

Cet expert est d’avis que ces craintes ne sont pas justifiées. Il n’y a aucune étude, dit-il, montrant que ces concentrations de poissons élevés en cage attirent des requins. «Aucune de ces cages n’a été endommagée par des requins. L’aquaculture est souvent faite en haute mer. S’il y a des requins, c’est normal. C’est leur habitat. D’ailleurs, ils ne resteront pas longtemps au même endroit», ajoute-t-il. De plus, soutient l’expert, il ne faudrait pas comparer l’île Maurice à La Réunion. La côte mauricienne, explique l’ancien cadre du ministère de la Pêche, est entourée par des barrières de corail. «À La Réunion, il y a un gros volume d’eau douce en provenance des montagnes qui se jette dans la mer, contenant aussi des détritus. Certaines espèces de requins sont attirées par l’eau boueuse et trouble alors que l’eau de mer est différente chez nous.» 

Sédiments et restes de  nourriture éparpillés en mer 

Un des facteurs que les experts prennent en considération avant de choisir un emplacement, c’est le courant marin. Les cages, maintient-il, sont placées dans des endroits où le courant est assez fort. «C’est un élément très important pour que les déchets rejetés par les poissons et les restes de nourriture ne s’entassent pas au fond de la mer. Le courant marin doit les éparpiller tout en les emportant ailleurs pour qu’ils ne fassent pas suffoquer toute la ferme.» C’est pour cette raison, explique-t-il, que les fermes aquacoles sur terre nécessitent un entretien quotidien. 

Les espèces exotiques ne peuvent se reproduire 

Le bar est une des espèces introduites à la ferme marine de Mahébourg. Ce poisson carnassier n’est pas une espèce endémique ni indigène, même s’il a été pêché récemment dans le Nord. Daroomalingum Mauree insiste sur le fait que les poissons introduits dans les fermes d’aquaculture ont été choisis selon les recommandations de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. «Plusieurs considérations sont à prendre avant l’introduction d’une espèce exotique. Il y a des mesures de sécurité que chaque ferme doit respecter. De plus, ces poissons ne peuvent pas se reproduire en liberté si jamais ils arrivent à s’échapper. Ils mourront quelque temps plus tard. C’est la même technique qui a été utilisée quand le ministère avait introduit le berri rouge dans les années 90.» Ces poissons, comme le cobia, par exemple, grandissent beaucoup plus vite, dit-il. Tôt ou tard, les pêcheurs qui élèvent des cordonniers et des gueules pavés devront aussi opter pour ces poissons, conseille l’expert. 

Pourquoi l’aquaculture? 

C’est la méthode qui est utilisée dans le monde pour répondre à la grosse demande en poisson. «La pêche ne rapporte plus la quantité de poisson suffisante pour satisfaire le marché. C’est pour cette raison que l’on se tourne vers l’aquaculture. Elle est plus appropriée, car la production est meilleure. Les pays développés se tournent vers cette pratique.» 

Cependant, pour éviter tout conflit avec les écologistes et les opérateurs touristiques, Daroomalingum Mauree propose un système de cogestion qui n’existe pas au sein du ministère de la Pêche. Cette plateforme, explique-t-il, permettra à toutes les parties de s’exprimer pour connaître l’intérêt de chaque personne et pour que l’une n’empiète pas sur les plates-bandes de l’autre.