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Case-Noyale: des squatteurs coincés entre la mer et la route

7 juillet 2017, 10:37

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Case-Noyale: des squatteurs coincés entre la mer et la route

Sur la route côtière, au niveau de Case-Noyale, côté mer, on trouve des murs et des cases en tôle. Ce sont les habitations de plus d’une trentaine de familles, vivant pratiquement les unes sur les autres, coincées entre la route et la mer. La surface habitée n’est pas ausssi grande que cela. Ce sont des squatteurs installés là depuis presque 20 ans pour certains. L’accès aux maisons, qui ne donnent pas sur la route, est délicat. Il faut passer par un minuscule sentier qui serpente entre les maisons. Le passage est en terre et pas nivelé. Pour accéder à certaines maisons, il faut jouer aux passepartout entre deux murs. Et elles ne sont accessibles qu’à pied.

Le président du village de Case-Noyale, Carl Laboudeuse, explique qu’aussi loin qu’il s’en souvienne, les squatteurs se sont installés à cet endroit depuis la fin des années 90. Comme ces derniers, et les voisins, Carl Laboudeuse s’inquiète de ce qui pourrait être un drame humain si rien n’est fait pour aider ces familles. Il y a à peine un mois, une des maisons du voisinage, à quelques mètres de celles des squatteurs, a été la proie d’un incendie qui a dévasté l’habitation.

«Si le feu s’était propagé, cela aurait pu être très grave», explique Carl Laboudeuse. «Il est difficile d’avoir accès aux maisons les plus proches de la mer et si jamais il faut l’aide des pompiers ou des ambulances, il y a aura des problèmes.» Le président du conseil du village est d’avis qu’il faut trouver une solution à ce problème avant que le pire n’arrive.

Chez les squatters, Vanisha Froid et ses filles vivent toutes sur le même bout de terrain. Elles font partie des familles qui sont coincées des quatre côtés. «Je suis venue ici en 1998 avec mon mari. Nous avions besoin de trouver un endroit pour vivre et élever nos enfants», raconte Vanisha. «Nous n’avions pas grand-chose mais il fallait que nous réussissions à vivre.»

Carmella Froid, la fille de Vanisha, tente de se faufiler entre les maisons
pour rejoindre la sienne.

Elle se rend compte des dangers qu’il y a de vivre dans une case en tôle et en bois. «Le feu nous a inquiétés mais rien n’est arrivé», raconte-t-elle. «Par chance, rien n’est arrivé à l’époque où nous étions obligés de nous servir de bougies.»

Case branlante

Veuve depuis quelques années maintenant, elle a élevé ses quatre filles sur ce terrain qui, à l’époque, était vague quand elle est venue à Case-Noyale. Elle se souvient qu’il y avait déjà une autre famille qui vivait un peu plus haut. C’est après que sa famille soit venue s’y installer que beaucoup d’autres dans le besoin sont elles-aussi venues planter là leurs cases en tôle et en bois.

Vanisha nous a fait visiter sa maison, qui tient ensemble avec des clous et du bois. Quand il pleut, la maison coule et quand il vente, elle vibre. À une époque, il fallait s’éclairer à la bougie. Depuis, l’eau et l’électricité ont été installées mais ce ne fut pas sans revers.

«Cela nous a facilité la vie mais ça a un coût aussi. Je suis une femme pêcheur, je fais de mon mieux pour joindre les deux bouts mais parfois les factures dépassent les Rs 1 000», avance Vanisha Froid. «Je ne comprends pas comment c’est ainsi alors que nous avons un réfrigérateur, qui ne fonctionne pas et pas de télévision, par exemple. Où vais-je trouver cet argent tous les mois ? Je fais de mon mieux mais c’est difficile.»

Ce sentier est le seul accès des squatteurs jusqu’à la route.

La mère de famille explique qu’elle a plusieurs fois reçu la visite d’officiels du ministère lui annonçant qu’elle serait relogée ailleurs mais jusqu’ici, il n’y a pas eu de suite. De plus, elle a aussi reçu des correspondances datant du précédent gouvernement lui expliquant que sa maison se trouve sur le tracé d’une future route et qu’elle devra être démolie. Si jamais elles devaient se déplacer, elle est consciente que ce serait difficile pour elle et surtout pour ses filles.

Un peu plus loin habite Catherine Lolo. Elle aussi fait partie des squatteurs. Sa famille et elle sont plus près de la route et ont réussi à ouvrir un petit commerce, qui les aide à joindre les deux bouts. «Je sais compter et les habitants m’ont dit de vendre des bougies», raconte-t-elle. «Àprès les bougies, je me suis mise à vendre du pain que j’allais chercher et, au fur et mesure, j’ai vendu d’autres choses.»

Petit commerce

Elle raconte que le comptoir de son petit commerce, c’est son neveu qui l’a construit pour qu’elle puisse avoir un endroit pour approvisionner les produits qu’elle vend. «Mon fils est pêcheur, quand il est à terre, il vient me donner un coup de main pour tenir la boutique», affirme Catherine Lolo.

Elle raconte que si les débuts étaient difficiles, toutes les familles font de leur mieux pour simplement vivre. Le danger faisant partie de la vie, la majeure partie des gens vivant là n’ont rien d’autre que ce qu’ils possèdent dans les cases en tôle.

Elle se souvient encore vivement de l’époque où il y avait des difficultés avec la fourniture d’eau. Pour la plupart de ces familles, la vie n’est pas simple, et les risques sont légion. Elles espèrent bénéficier d’une aide et de moyens pour s’en sortir car désormais, en sus de leurs difficultés, la crainte de voleurs sans scrupule pèse sur elles, sans compter les stigmates de dangereux drogués.