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Économie bleue: l’heure pour Maurice de se jeter à l’eau
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Économie bleue: l’heure pour Maurice de se jeter à l’eau
Le rapport de la BM sur l’économie océanique sera analysé aujourd’hui. Il dresse une liste de projets potentiels pour que ce secteur ait un rôle plus conséquent dans le développement de l’île. Parmi ceux-ci, la réhabilitation du lagon et le seafood hub.
The Ocean Economy in Mauritius: making it happen, making it last. Tel est le nom du dernier rapport complet de la Banque mondiale (BM) sur le potentiel de Maurice à développer l’économie bleue. Il a été soumis au ministère des Finances au début du mois par Mark Lundell, directeur régional de la BM pour le Mozambique, Madagascar, Maurice, les Comores et les Seychelles. Ce document de 50 pages sera au coeur d’une réunion de haut niveau prévue aujourd’hui, à Port-Louis, entre la World Bank Task Team et les représentants du ministère des Finances, celui de l’Économie océanique ainsi que du National Ocean Council.
Le rapport dresse un état des lieux des activités économiques existantes mais recommande également une liste de projets potentiels connus et moins connus, réalisables à court et moyen terme. Des recommandations pour que ce secteur puisse jouer un rôle plus important dans le développement du pays. En voici un condensé.
Réhabiliter le lagon
Investir dans la réhabilitation et la conservation du lagon ne pourra être que bénéfique pour la pêche durable à petite échelle et pour l’industrie touristique. «Des barrières de corail et des lagons en forme servent de défense côtière vitale contre les tempêtes et l’érosion des plages», note le rapport.
Pour cela, les auteurs du document recommandent un aménagement de l’espace maritime, une atténuation des sources terrestres de pollution, tout comme une attention particulière aux questions sociales découlant de l’effort réduit de la pêche dans le lagon. La BM cite Rodrigues comme l’exemple à suivre en matière de réhabilitation du lagon et de l’aménagement maritime. Précisant que Maurice lui a déjà emboîté le pas pour ce qui est de la gestion de la pêche à l’ourite.
Moderniser la flotte des bateaux de pêche
Le rapport relève une production en baisse de la pêche au banc – deep water banks fisheries – en partie à cause d’une flotte de bateaux vieillissante et des changements à la réglementation. La BM conseille à Maurice d’investir dans la modernisation de sa flotte pour la pêche au banc soutenu par une meilleure coopération entre les opérateurs en termes de technologie de pêche, de sécurité en mer, de logistique et de marketing pour les exportations. Une surveillance maritime accrue réduira la pêche illégale et fera asseoir la juridiction mauricienne sur ces zones de pêche éloignées.
L’aquaculture
Pour les auteurs du rapport, Maurice peut accroître son industrie aquacole considérablement avec l’élevage d’invertébrés aquatiques comme des huîtres, des crabes et des concombres de mer. L’élevage en cage de poissons est aussi recommandé.
Toutefois, les auteurs font ressortir que l’expansion de ce secteur «pourrait être le scénario de développement le plus difficile à atteindre» en raison de la superficie restreinte de nos lagons, qui signifie que l’extension devra se faire hors lagon, dans des sites plus exposés. Les risques et les coûts opérationnels deviendront alors beaucoup plus élevés et le financement sera plus difficile. La BM fait également ressortir la faible performance économique de la grande ferme d’aquaculture existante.
Seafood Hub
Moins de 10 % du thon débarqué ou transbordé à Port-Louis est pêché dans les eaux mauriciennes, indique la BM. L’important seafood hub, écrit-elle, dépend donc des importations. Les investissements en vue d’accroître la productivité du port et des infrastructures de pêche peuvent améliorer l’avantage comparatif du pays comme une plateforme régionale pour les fruits de mer.
Les flottes de pêche existantes pourraient alors augmenter leur utilisation du port et débarquer plus de cargaisons de matières premières pour la transformation de poisson. Et étendre leur approvisionnement en services et fournitures. Les flottes basées à Maurice étendent également leur développement pour prendre avantage des marchés du thon frais à travers des dessertes aériennes efficaces vers les marchés européens et asiatiques.
Projets portuaires à l’étude
- Un nouveau gate complet pour le terminal de conteneurs
- Une seconde jetée pétrolière à Fort-George
- Une digue avec un nouvel Island Container Terminal
- Un terminal pour les bateaux de croisières
- Une nouvelle jetée et un parc de réservoirs pétroliers à Albion
- Une digue au Caudan pour héberger des activités nautiques
Les réserves de la BM
- La jetée pétrolière à Albion et à Fort-George.
Le retour en investissement public sera relativement bas à cause de la politique publique de tarification. Toutefois, ces facilités devraient attirer des investissements privés significatifs qui autrement ne seraient pas venus à Maurice.
- L’Island container terminal et le terminal pétrolier d’Albion.
Ces deux projets «nécessitent des études approfondies et il faut prendre en compte l’option de les entreprendre sous un partenariat public-privé», écrit la BM.
Zone économique
spéciale de Riche-Terre Ce projet qui ne tombe pas directement sous la tutelle de la Mauritius Ports Authority peut devenir un centre névralgique des activités de distribution liées au port.
Énergie
Avec ses deux millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive, Maurice est géographiquement bien positionné pour exploiter l’énergie éolienne offshore, celle à partir des vagues (houlomotrice), ou encore l’énergie thermique des mers. Ces énergies renouvelables peuvent contribuer considérablement à réduire notre dépendance sur les importations de fioul. Selon la BM, la Mauritius Renewable Energy Agency coordonne et se charge de la promotion des investissements dans ce secteur émergeant. On apprend notamment que cette agence fraîchement créée a déjà attiré un financement de démarrage pour un mini réseau d’énergie houlomotrice. Ou encore la signature d’un accord bilatéral avec l’Australie pour le développement de cette source d’électricité.
Concernant l’énergie éolienne,un appel à manifestation d’intérêts pour une ferme offshore de 10 à 20 mégawatts est rédigé actuellement. Le Mauritius Oceanography Institute a également développé une base de données marémotrice régionale. Un projet pilote devrait voir le jour avant la fin de l’année.
Climatisation à partir de l’eau de mer
Le projet de Deep Ocean Water Applications (DOWA) annoncé depuis le précédent gouvernement consiste à refroidir des bâtiments à Port-Louis à partir de l’eau de mer. Selon la BM, un projet pilote qui pourrait réduire la demande en électricité de 2 à 4 %, est considéré.
Toujours d’après les auteurs du rapport, ce projet a le plus fort potentiel économique par rapport au projet d’une ferme éolienne offshore ou encore celui de production énergétique à partir des vagues. Ils recommandent que le DOWA démarre et que le promoteur mène en même temps un audit des coûts et bénéfices du projet.
Technologies de la communication et de l’information (TCI)
L’océan soutient le secteur des TCI de trois façons. D’abord, à travers le réseau global de câbles sous-marin qui fournit l’Internet. Après le Cable and Wireless Trans Indian Ocean de Durban (de Zanzibar pour Rodrigues), puis le SAFE (premier câble de fibre optique) en 2002 et le réseau LION-1 en 2009, Maurice prévoit d’investir dans deux câbles additionnels. Mais la BM est d’avis que Maurice doit être plus ambitieux.
En deuxième lieu, la BM estime que Maurice, avec son abondance d’eau froide profonde à proximité du rivage, est un candidat évident pour héberger, en offshore, des centres de données flottants comme les Google Barges ou sous-marins, à l’instar du Projet Natick de Microsoft. La logique de ces infrastructures est de réduire les coûts de loyer et de climatisation – deux aspects considérables du budget d’un centre de données.
Pour finir, la BM recommande que le pays étende ses services mobiles cellulaires – qui représentent la plus grosse part du secteur des TCI à travers le monde – offshore, pour des marins, des croisiéristes ou autres touristes ainsi que des pêcheurs.
Note
L’exploration d’hydrocarbures n’est pas analysée dans ce rapport car, selon ses auteurs, il y a très peu de faits disponibles sur le potentiel du secteur
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