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Rafiki, griot des temps modernes

21 juillet 2017, 01:04

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Rafiki, griot des temps modernes

À 18 ans à peine, Raphaël Audibert veut bousculer les codes établis. À travers son art, il se fait l’écho d’une autre façon de vivre qu’il fait miroiter. Quitte à déranger certains…

Rafiki. Trois syllabes. Trois mots : authenticité, simplicité, maturité. À seulement 18 ans, Raphaël Audibert étonne. Dérange. Il y a quelque chose de Rousseau chez ce jeune artiste amoureux de la nature et de randonnées. Lorsque nous sommes allés à sa rencontre, il était pieds nus, simplement vêtu.

Raphaël Audibert, plus connu sous son nom de scène Rafiki, a été découvert il y a deux ans, par Lionel Permal. C’était lors du festival Kaz’out. Que de chemin parcouru depuis. Mais ne comptez pas sur Rafiki pour prendre le melon. Ce jeune rasta, qui habite avec sa famille sur la côte ouest, au pied de la montagne, a les… pieds sur terre. Il sait que sa musique peut déranger. C’est le but. L’important, à ses yeux, c’est de «prendre aux tripes» les gens et amener une nouvelle perspective, une nouvelle influence sur la scène musicale mauricienne. «Les gens ont tendance à penser que parce qu’on est jeune, notre opinion compte moins. Mais ils oublient que ce sont les jeunes qui feront l’avenir de demain.»

Justement, comment a-t-il su qu’il voulait faire de la musique ? Le déclic, raconte Rafiki, s’est produit, il y a quatre ans, lorsqu’il éprouve un besoin de changement , parce qu’il en avait assez du système éducatif et de ce que la société imposait. En autodidacte, il essaie tant bien que mal de mettre des mots sur ses sentiments. Il croit dans le précepte Heal Thy Self. Le jeune homme a soif de découverte, veut enrichir son monde intérieur, sa musique. Découvrir qui il est. Sa devise : Learn to travel, travel to learn.

Des voyages, il en a entrepris pas mal, avec le soutien de sa famille. Deux l’ont particulièrement marqué. En 2015, Rafiki, qui étudie la production de musique au Berklee College of Music, met le cap sur Madagascar. Il vivra dans la brousse, dans un village retiré où les maisons sont en bois, sans eau courante ni électricité. Aura l’occasion de travailler bénévolement dans une école primaire.

C’était une autre façon de vivre, toute simple. Sans artifice. Une expérience, raconte Rafiki, qui l’a aidé à grandir et à se remettre en question. Cette même année, il sort un CD de cinq titres de reggae. Un an après, il propose un second CD de 16 titres aux influences de jazz et de hip-hop.

Autre voyage qui l’a marqué : celui entrepris dans les Caraïbes, l’année dernière. En Jamaïque, il a vécu comme les locaux. Une vie simple d’agriculteur, qui lui a ouvert les yeux sur une autre facette de la vie. «C’était intéressant de voir comment les gens de mêmes origines vivent à l’autre bout du monde», confie-t-il. Rafiki était loin d’imaginer qu’il était possible de travailler non pas pour recevoir un salaire, mais en échange d’un logement et de quoi manger.

Autant d’expériences qui ont nourri sa musique. Et Rafiki espère, cette année, passer à une nouvelle étape dans son évolution artistique en organisant une tournée des bars, en compagnie du groupe Fusional Mind, tous originaires de La Gaulette. Le musicien Steeve Laridain, qui est le responsable du groupe, souligne qu’il y a un vrai partage musical entre eux. «Rafiki surf bien lor lamizik ki nou donn li.»

Rafiki a plusieurs cordes à son arc. Musicien, philanthrope, surfeur, écologiste… Un griot des temps modernes.

Une publication du quotidien BonZour!