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Espèces invasives: ces intrus qui tuent notre écosystème

26 juillet 2017, 04:00

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Espèces invasives: ces intrus qui tuent notre écosystème

Si certains animaux ou plantes ont l’air de faire partie de notre écosytème, ce n’est pas forcément le cas. Ces espèces invasives sont un danger permanent pour notre faune et flore.

Si certaines espèces invasives sont présentes à Maurice depuis plusieurs décennies déjà, ells continuent à apparaître aussi bien sur l’île que dans nos lagons. Entre les rats et les pigeons, il faut maintenant aussi compter avec le gecko géant de Madagascar (Phelsuma grandis), le corbeau familier (Corvus splendens) ou encore la couronne d’épines (Acanthaster planci), entre autres. Ce ne sont que quelques exemples, qui détruisent désormais l’équilibre de notre écosystème. 

Il existe plusieurs vecteurs de transport pour ces animaux. Ils ont tous été introduits par l’Homme de façon aussi bien accidentelle que volontaire. Par exemple, certains de ces animaux sont arrivés comme animaux domestiques exotiques, se reproduisant vite en captivé en présence de conditions favorables. Les propriétaires relâchent souvent les petits dans la nature parce qu’ils n’en veulent plus. 

Un vecteur bien plus commun est les ballasts des navires de fret. Pour se stabiliser, les navires vides se remplissent d’eau contenant parfois des animaux en bas âge. Quand les ballasts sont vidés dans les eaux territoriales, les juvéniles peuvent grandir et constituer un risque majeur pour l’environnement. 

Dans plusieurs pays, il est interdit de vider l’eau des ballasts à l’intérieur des eaux territoriales, mais c’est une mesure difficile à appliquer, surtout avec le trafic maritime dans la région. 

Et actuellement, dans la région Ouest, le Kolektif Non a Elevaz Poisson dan Lamer (NEPL) s’inquiète désormais de l’impact qu’auraient les poissons des fermes aquacoles dans le lagon si jamais ils venaient à s’échapper. 

«Tout animal qui doit venir à Maurice fait l’objet d’une étude du National Parks and Conservation Services (NPCS)», explique un préposé au NPCS. «Nous ne laissons aucun animal entrer sur le territoire s’il ne remplit pas des critères spécifiques. Et s’il est considéré dangereux pour l’écosystème, nous interdisons son arrivée.» 

L’écosystème est un équilibre fragile entre la faune et la flore. Les espèces endémiques ne sont pas adaptées pour faire face à la concurrence de ces animaux. À l’exemple des espèces de gecko mauricien et de Madagascar. Importé à Maurice entre les années 80 et 90, le gecko malgache élimine drastiquement de son habitat les espèces mauriciennes. Sans aucune menace pesant sur eux, qu’elle soit prédatrice ou compétitive, les geckos géants de Madagascar réduisent les espaces de vie de nos geckos nationaux à une peau de chagrin. Actuellement, les espèces endémiques de lézards mauriciens sont véritablement en danger. 

Les activités humaines ont non seulement importé des espèces invasives, mais peuvent aussi rendre d’autres tout aussi dangereuses. La couronne d’épines est une espèce d’étoile de mer prédatrice, qui dévore la partie vivante des coraux, soit les polypes. Cette espèce est devenue invasive et peut détruire des milliers de mètres carrés de coraux en quelques mois.

Vénimeuse 

«Cette étoile de mer est extrêmement dangereuse et de plus, elle est venimeuse. Elle prolifère depuis quelque années sur les récifs de l’île, surtout sur la côte nord», explique Hugues Vitry, président de la commission technique de la Mauritius Scuba-Diving Association (MSDA). «Pendant des années, les mollusques qui étaient les prédateurs de la couronne d’épines ont été pêchés pour leurs coquilles, qui faisaient de beaux souvenirs. Ce n’est plus permis maintenant mais les dégâts ont été faits.» 

Le triton géant, l’un des prédateurs de cette étoile de mer, a été pêché en masse pour sa coquille et son esthétisme. La prolifération de la couronne d’épines est une menace très sérieuse pour la barrière de corail, mettant à risque toute activité liée et l’état de nos plages. 

Autre infestation, qui peut peser tout aussi lourd dans la balance, les insectes et les acariens à l’exemple du varroa. Avant 2014, Maurice faisait partie des seuls pays au monde à n’avoir pas été affectés par cet acarien qui décime les abeilles. 

Depuis, le ministère de l’Agro-industrie doit faire face à une infestation rapide et destructrice des ruches dans le pays. Aucun pays infecté au monde n’a réussi à s’en débarrasser. L’abeille jouant un rôle d’importance capitale en agriculture, c’est un pan de l’économie qui est en jeu. 

Les espèces non indigènes ne se limitent pas aux animaux qui deviennent rapidement indésirables. Les plantes elles aussi peuvent devenir invasives. À l’exemple des goyaves de Chine dont raffolent les Mauriciens, ou encore les framboises marrons. Les plantes indigènes n’étant pas habituées à ce genre de compétition sont rapidement, parfois au sens propre, étouffées par celles-ci. 

Le Mauritius Wildlife Fund (MWF), qui oeuvre pour la défense de l’écosystème, est aussi d’avis que la sensibilisation doit être plus importante. «Les gens doivent comprendre que cette espèce est dangereuse et qu’il faut trouver le meilleur moyen de l’éliminer», explique Vikash Tatayah. «Entre les espèces qui ont déjà été introduites et les nouvelles, la menace est importante sur l’écosystème.» 

Le meilleur moyen d’arrêter la prolifération de ces espèces envahissantes est leur élimination. À l’exemple du programme d’élimination des corbeaux lancé par le NPCS. Le préposé du gouvernement a aussi expliqué que cela fait partie des différents programmes mis en route.  Dans le Nord, Reef Conservation, avec l’aide de la Commission de l’océan Indien, a lancé un projet pilote depuis le début de l’année pour contrôler la population de couronnes d’épines. L’équilibre de notre écosystème nous permet aussi de continuer à vivre.