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Kreepalloo Sunghoon: «Personne ne pourra survivre à une telle baisse du prix du sucre»
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Kreepalloo Sunghoon: «Personne ne pourra survivre à une telle baisse du prix du sucre»
À partir du 1er octobre, la vente d’une tonne de sucre passera à Rs 13 400 pour les producteurs mauriciens, au lieu de Rs 15 500. Une baisse que Kreepalloo Sunghoon appréhende.
En quelques mots, retracez-nous l’historique du quota du sucre pour les planteurs.
Dans les années 70, Maurice produisait plus de 700 000 tonnes de sucre. Après l’Indépendance, nous avions obtenu de la Grande-Bretagne un quota de 500 000 tonnes de sucre à un prix garanti. Et nous vendions le reste du sucre sur le marché mondial. On a profité de cela jusqu’en 1998, l’année à laquelle il y a eu l’abolition du quota. Néanmoins, l’Union européenne (UE) avait permis à Maurice de bénéficier du même prix garanti pendant une dizaine d’années.
Que s’est-il passé après ces dix ans ?
L’UE a aboli cette garantie et Maurice a été obligé de vendre son sucre au prix fixé sur le marché mondial. On allait se retrouver avec une baisse des revenus. Toutefois, l’UE est venue en aide aux betteraviers européens qui allaient subir d’importants manques à gagner avec cette décision d’abolir le prix garanti. Maurice a alors fait un plaidoyer pour bénéficier de ces facilités. Et l’UE a décidé de proposer un plan d’accompagnement à Maurice.
Quel a été ce plan d’accompagnement ?
Laissez-moi vous dire avant… Une fois le prix garanti aboli, le prix du sucre a chuté de 36 % sur une période de cinq ans. Avant l’abolition du quota, les planteurs obtenaient jusqu’à Rs 18 000 pour une tonne de sucre produite. Pour revenir au plan d’accompagnement, il s’agissait d’un investissement de Rs 36 milliards réparti sur une période de cinq ans.
Comment a-t-on utilisé cet argent ?
Une partie de cet argent a été utilisée dans le cadre du Voluntary RetirementScheme, pour payer des employés de l’industrie sucrière.La Mauritius Cane Industry Authority a également mécanisé environ 12 000 hectares de terre des petits planteurs. On s’en est bien sorti, malgré tout.
Que se passera-t-il à partir du 1er octobre ?
À partir de cette date, les producteurs de sucre européens auront la liberté de produire autant de sucre que possible et de vendre à n’importe quel prix. Ces producteurs, en raison de leur proximité géographique, ont un avantage énorme sur Maurice. Du coup, la vente d’une tonne de sucre sera, à partir du 1er octobre, de Rs 13 400 pour les producteurs mauriciens, contre Rs 15 500. Personne, ni un gros planteur ni un petit planteur, ne pourra survivre avec une telle baisse.
Donc, que préconisez-vous ?
Comme solution, j’estime que le gouvernement doit puiser des fonds du Sugar Insurance Fund Board, dont le montant est estimé à environ Rs 5 milliards, pour venir en aide aux planteurs. D’ailleurs, ce sont eux qui y contribuent. Ensuite, l’État doit absolument revoir le prix de la bagasse et de la mélasse.
Combien obtiennent les planteurs sur la bagasse et la mélasse ?
Si le sucre représente 85 % de la canne, les 15 % sont constitués de bagasse et de mélasse. La bagasse est utilisée surtout dans la production de rhum. Actuellement, le planteur mauricien obtient Rs 90 pour chaque tonne de canne produite. Les Réunionnais, quant à eux, obtiennent environ Rs 500 par tonne. Il faut au moins que la somme de Rs 90 passe à Rs 200 pour les planteurs.
Et qu’en-t-il de la mélasse ?
Il y a une opacité totale autour de la vente de ce produit. En moyenne, la production est de 225 000 tonnes. Environ 60 000 tonnes sont vendues pour la production d’alcool et du parfum. Et autant de tonnes sont achetées par des éleveurs qui mélangent la mélasse avec de la nourriture pour animaux. Cependant, on ne sait pas à quel coût on achète ces produits.
Avec ces mesures, pensez-vous que l’industrie de la canne à sucre pourra avoir un deuxième souffle ?
Effectivement. Mais il ne faut pas oublier que ce sont des décisions qui soulageront la communauté des planteurs temporairement. Il faut regarder plus loin. Et je précise que je parle au nom des planteurs, puisque j’en suis moi-même un. Pourquoi ne pas utiliser la canne à sucre pour produire de l’éthanol ? Plusieurs pays, notamment le Brésil et des pays arabes, ont tenté avec succès cette expérience.
Mais de gros usiniers ont investi massivement dans la raffinerie du sucre. Quid de leurs intérêts ?
Oui, je suis d’accord. Dans ce cas, pourquoi ne pas leur permettre d’importer du sucre pour le raffiner ? Le problème serait résolu.
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