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Protection orders: la loi trop tendre ?

30 juillet 2017, 23:55

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 Protection orders: la loi trop tendre ?

Les cas rapportés dans la presse sont légion. Ils ont trait à la violence conjugale, qui finit en bain de sang, voire en crime. Parmi les plus récents, celui d’Anju Umawatee Somarah, qui aurait été assassinée par son mari devant son fils de 11 ans, le 9 juillet.Elle avait, pourtant, un «protection order» contre lui. Tout comme cette habitante de Tranquebar, qui s’est rendue à la police pour dénoncer son époux, qui continue à la violenter malgré le fait qu’elle ait renouvelé quatre fois le «protection order». Mais alors, à quoi sert ce truc ?

Les chiffres sont éloquents. Pas moins de 4 671 cas de violence domestique ont été rapportés en 2016. Et de ce nombre, 640 femmes ont obtenu un protection order. Ce qui frappe, c’est l’inefficacité de cette démarche, au vu du nombre d’histoires et de crimes sordides rapporté dans la presse.

«Le problème, c’est que, trop souvent, la justice n’est pas assez sévère envers les agresseurs », avance Ambal Jeanne, la responsable de SOS Femmes. «Quand les femmes sont agressées, elles font appel à la police. L’agresseur est présenté devant la justice et, dans bien des cas, il est libéré le jour-même après avoir payé une caution.» Il peut, de ce fait, récidiver. Pour Ambal Jeanne, il faut infliger une peine de prison aux bourreaux, surtout aux récidivistes.

Toujours est-il que le protection order délimite des règles auxquelles doivent obéir ceux qui violentent leurs conjointes. Ils ne doivent pas, par exemple, s’approcher trop près d’elles, un «périmètre de sécurité» étant délimité. Au cas contraire, le «bater fam» s’expose à des peines d’emprisonnement variant entre un et trois ans. Il risque également une amende allant jusqu’à Rs 50 000.

Ce n’est pas pour autant que ceux qui ont la main leste ne récidivent pas. Ces femmes, vulnérables, se retrouvent alors à la merci des tortionnaires. La police ne devrait-elle pas leur proposer une «garde rapprochée» ?

Elle ne peut malheureusement pas s’immiscer dans tout ce qui se passe entre quatre murs, confie l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office. «Il est impossible de suivre à la trace tous les agresseurs contre qui la justice a émis un protection order», admet-il. «Ce que l’on remarque, également, c’est que les victimes ont peur de quitter le toit conjugal pour aller trouver refuge dans un shelter, prévu pour, même de façon temporaire. Les femmes violentées sont réticentes à mettre une distance entre elles et les agresseurs.» Raison pour laquelle, ajoute-t-il, certaines histoires se terminent en fatalité.

La police ne baisse pas, pour autant, les bras, souligne l’inspecteur Coothen. «Même si notre champ d’action se limite à embarquer l’agresseur et le conduire devant la justice.»

Le problème vient, donc, du fait que la loi n’est pas assez sévère ? Non, selon Me Kishore Pertab. «La justice fait son travail, des lois plus sévères ne garantiraient pas une baisse du nombre de cas de violence conjugale », affirme l’avocat. Pour comprendre le problème et le régler, il faut étudier et régler les facteurs sociologiques.

Un avis que partage Ambal Jeanne. «Il faut éduquer les hommes dès leur plus jeune âge. Il faut leur inculquer le respect de la femme, leur dire ce qu’est l’égalité du genre pour contrecarrer la violence.»

En attendant, les victimes devront se «contenter», semble-t-il, des protection orders