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Jour du dépassement: quand l’humanité vit à crédit sur terre

9 août 2017, 00:15

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Jour du dépassement: quand l’humanité vit à crédit sur terre

Tous les ans, depuis les années 70, selon le Global Footprint Network (GFN), ce jour de dépassement arrive de plus en plus tôt. Depuis les années 2010, ce jour tombe systématiquement en août. À partir de cette date, la production et l’exploitation des ressources dépassent les capacités d’absorption et de régénération des milieux naturels.

Selon GFN cela comprend, entre autres, l’absorption du gaz carbonique produit par l’Homme, la régénération des ressources alimentaires, énergétiques, en eau propre, des espèces et des forêts. Maurice n’est pas à l’abri des répercussions du jour du dépassement.

«Pour Maurice, c’est inquiétant quand, dans la course à la seule croissance économique, les décideurs politiques et économiques ne tiennent pas compte de la nature épuisable des ressources, et de la nécessité de les gérer avec prudence», fait part Adi Teelock, membre de la Platform Moris Lanvironnman.

«Par exemple, plus un pays consomme des énergies fossiles, moins il a de forêts et de plantes, moins il peut recycler le carbone à travers la photosynthèse. L’espace terrestre mauricien n’est pas extensible. Aujourd’hui plus que jamais, il faut faire attention à ne pas détruire ce qui reste de ses capacités de régénération.»

Source: Global Footprint Network

Dépendance dangereuse

Selon Adi Teeolock, il faut voir le jour du dépassement comme un concept qui nous fait prendre conscience que les habitants de la Terre consomment continuellement des ressources limitées en quantité.

«Maurice est déjà en situation de surexploitation de ses ressources. Le pays avait déjà dépassé sa bio capacité vers 1975. En 2015, pour satisfaire la consommation de Maurice, écologiquement parlant, il faudrait 4,4 Maurice», ajoute-t-elle.

L’une des principales questions est celle des ressources énergétiques. Trop dépendre des énergies non renouvelables impacte grandement non seulement l’exploitation mais aussi l’absorption des résidus de la production humaine.

Source: Global Footprint Network

«Par rapport au secteur énergétique à Maurice, nous sommes dans une situation non-durable car notre dépendance des importations de pétrole demeure importante», avance Khalil Elahee de l’université de Maurice «Dans le contexte local, il est dommage que nos décideurs ne prennent pas en compte les limites de nos ressources, ni encore la vulnérabilité de nos écosystèmes.»

La question du dépassement est une problématique internationale, mais dont les causes sont majoritairement connues. Il est possible de trouver des solutions pour aller de l’avant.

«Il faut encourager et adopter des pratiques qui arrêtent la surexploitation des ressources d’une part, et les régénèrent d’autre part, comme la réduction et le recyclage des déchets», indique Adi Teelock. «Les organismes vivants des plages et du lagon ont des fonctions de régénération importantes, qu’il est vital de préserver. Le développement durable, concept clé pour la survie de l’humanité, doit être remis à l’agenda»

Stéphan Gua du Centre for Alternative Research and Studies (CARES) est, pour sa part, d’avis qu’il faut voir plus loin que simplement se mettre au vert. «Il faut un renouveau complet de l’économie et de la façon dont on exploite nos ressources. Passer au vert n’est pas si simple, même cela a un coût écologique», explique-t-il. «Il faut trouver le moyen d’être autosuffisant avec nos ressources. Ce n’est plus viable de produire du poisson en Alaska et ensuite de l’importer à Maurice. Pour réussir la transition sociale, économique et écologique, il nous faut plus que simplement le green washing.» 

Maurice est limitée dans son espace terrestre et viable. La surexploitation de nos ressources pourrait rapidement tourner au désastre.

Une marque qui ne fait pas l’unanimité

<p>Trouver moyen pour ne plus dépendre des énergies fossiles serait un grand pas en avant pour limiter l&rsquo;impact sur les ressources naturelles. La date mise en avant par le GFN ne fait forcément pas l&rsquo;unanimité, ni son calcul. Plusieurs fois dans le passé, des voix se sont élevées contre la date avancée et ce qu&rsquo;elle représente. Pour le moment, le calcul est fait comme suit : la biocapcité ou capacité de production biologique de la planète (B) divisée par l&rsquo;empreinte écologique de l&rsquo;humanité, soit la marque que l&rsquo;Homme laisse sur l&rsquo;environnement (E), multipliée par le nombre de jours dans une année {(B/E)*365}. Ce calcul, selon certains, ne représente pas exactement l&rsquo;exploitation des ressources. À commencer par la disparité du partage des ressources et des populations. Le nord économique consomme plus que le sud économique, par exemple. Ou encore la capacité de certaines régions à absorber le gaz carbonique plus que d&rsquo;autres. Il n&rsquo;empêche que le concept du <em>&laquo;jour de dépassement&raquo;</em> est intéressant parce qu&rsquo;il nous fait prendre conscience que les terriens consomment des ressources limitées.</p>