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Technologie et robotique: Maurice à la traîne

16 août 2017, 22:00

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Technologie et robotique: Maurice à la traîne

Non, ce n’est plus de la science-fiction. Les robots et la technologie ont bel et bien commencé à s’immiscer dans notre vie, notamment dans le monde du travail. Les implications sont telles que l’Association of Human Resource Professionals of Mauritius (MAHRP) en a fait sa thématique lors de son congrès annuel, il y a deux semaines.

Ce mercredi 16 août s’est également tenu l’IDC Chief Information Officer Summit de 2017, à l’hôtel Westin Turtle Bay. L’occasion de mieux cerner les implications de l’avancée technologique et de la robotique sur l’emploi à Maurice.

Justement, l’avancement technologique a-t-elle déjà pris de l’ampleur dans nos entreprises ? Oui, à en croire Areff Salauroo, président du MAHRP. «Nous ressentons des changements à divers niveaux dans différentes entreprises mais cela passe inaperçu», explique-t-il. Selon lui, si le secteur manufacturier fait partie de ceux à avoir le plus investi dans la mécanisation et l’automatisation de leurs opérations, le secteur des services n’est pas en reste de par la nature de ses activités.

«Prenez l’exemple des guichets automatiques dans le secteur bancaire. Les gens ne le réalisent peut-être pas, mais c’est là un bel exemple d’automatisation dans le secteur. Un guichet remplace facilement dix personnes et fonctionne sur un système 24/7.» L’avancement de la technologie et de la robotique devrait, à terme, mener à ce que les spécialistes appellent une «jobless economic growth», rappelle Areff Salauroo. D’ajouter que les chiffres du taux de chômage doivent tenir compte du nombre d’emplois qui disparaissent à cause de la technologie et de la robotisation.

Comment faire pour s’adapter à cette situation ? Areff Salauroo est d’avis qu’il faudra revoir le fonctionnement, le curriculum des établissements scolaires. «Il faudra de plus en plus mettre l’accent sur le STEM (Science, technologie, engineering et mathématiques)», avance-t-il. Or, à Maurice, les choix d’études se font trop souvent par «engouement», déplore le président du MAHRP. Il cite, à titre d’exemple, la ruée vers les études de comptabilité et de médecine.

Le problème, dit-il, c’est le manque de planification du marché de l’emploi sur le long terme, en tenant compte de l’impact de la technologie et des besoins futurs des différentes industries. Citant des études effectuées à l’étranger, Areff Salauroo souligne que 65 % des élèves qui sont actuellement en primaire vont pratiquer dans 20 ans un job qui n’existe pas encore. Raison pour laquelle il devient plus qu’urgent pour le gouvernement d’élaborer un plan d’au moins 30 ans sur le sujet, préconise le président du MAHRP.

Ses propos font écho à ceux d’Alain Dehaze, CEO du groupe de recrutement Adecco. «L’avancée fulgurante de l’automatisation et de l’intelligence artificielle est la source de changements des plus perturbateurs de notre époque, dans la façon dont nous vivons et travaillons. La transition sera difficile. Les gouvernements et les entreprises doivent donc agir. Des réformes au niveau du système éducatif sont nécessaires et urgentes pour fournir les compétences appropriées, avec des gens capables de s’adapter aux changements qui surviennent. As a multi-career reality becomes the norm, workers must boost employability by committing to lifelong learning. Entre-temps, les politiques de l’emploi doivent combiner la flexibilité que requièrent les employeurs tout en assurant la protection sociale», disait-il.

Alain Dehaze s’exprimait dans le cadre du dernier Global Talent Competitiveness (GTCI) Index paru en janvier de cette année dont la thématique était «Talent and Technology: Shaping the Future of Work».

À savoir que Maurice a été classé en 46e position au niveau mondial dans cet indice développé par l’INSEAD en partenariat avec le groupe Adecco et le Human Capital Leadership Institute de Singapour. Ce classement a pour objectif de mesurer la capacité des États à attirer, retenir et développer les talents sur le marché du travail. Maurice se classe en première position dans la région de l’Afrique sub-saharienne à cet effet. Selon ce même rapport, bien que les machines continuent de remplacer des millions d’emplois à travers le monde, les technologies offrent tout de même de nouvelles opportunités.


 En marche vers la 4e révolution industrielle

 Ils ne veulent surtout pas rater le train en marche qu’est la quatrième révolution industrielle, une révolution marquée par la technologie. En mars dernier, l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) a organisé une table ronde axée sur la transition numérique et les objets connectés ainsi que leur impact sur le secteur industriel. Un événement qui a été un véritable «eye-opener» pour les opérateurs selon le Deputy CEO de l’AMM, Bruno Dubarry.

La préparation de cette table ronde avait été organisée en collaboration avec HEC océan Indien, avec la participation du laboratoire en électronique et information-communication du CEA Tech, qui compte plus de 2 800 brevets technologiques. La suite a été très prometteuse, la table ronde ayant donné lieu «à une première série de consultations en avril à La Réunion avec l’écosystème R&D et industriels réunionnais», explique Bruno Dubarry. S’en est suivi un deuxième round en juin avec une mission des industriels de La Réunion à Maurice.

«Cette étape a permis un accord de principe favorable des acteurs réunionnais sur l’envie d’aboutir à un espace où les cadres dirigeants monteront en compétences sur l’innovation, noueront des liens et, nous l’espérons, des joint-ventures vers des marchés étrangers tout en menant des expérimentations concrètes sur les objets connectés dans leurs industries», avance Bruno Dubarry.

D’ajouter que plusieurs solutions sont à l’étude pour permettre de penser et d’implanter les technologies utiles à l’industrie mauricienne non seulement pour optimiser le fonctionnement des usines mais aussi pour proposer de nouveaux services à la clientèle.

Parmi les secteurs à avoir lourdement investi dans la mécanisation et l’automatisation de leur production, Bruno Dubarry cite le secteur agroalimentaire, de la boisson, du textile, de l’imprimerie, des matériaux de construction, entre autres. Mais il rappelle tout de même que la quatrième révolution industrielle ne comprend pas uniquement l’aspect automatisation.

«Il y a également la digitalisation, qui nécessite d’autres techniques d’intervention dans les processus de production et, pour aller plus loin, ce n’est pas uniquement la production qui est impactée mais également les fonctions de support qui sont indispensables à la gestion des activités administratives et commerciales.» C’est donc toute l’industrie qui subit une évolution.

  Nouvelles opportunités aux jeunes

Dans le concret, ce sont surtout les tâches répétitives qui sont de plus en plus effectuées par les robots. L’objectif étant d’obtenir des gains de productivité tout en réduisant l’impact sur l’environnement, souligne Bruno Dubarry. Le Deputy CEO de l’AMM précise toutefois que l’industrie aura besoin de nouvelles compétences afin que la robotisation et la digitalisation de ses opérations soient un succès.

«C’est là une opportunité nouvelle et attractive pour les jeunes dans leur choix de carrière, car l’industrie va avoir besoin d’opérateurs, de techniciens de maintenance, d’ingénieurs avec des compétences techniques, mais aussi de savoir-être pour monter en responsabilités, du fait de la progression rapide des innovations technologiques industrielles», anticipe-t-il.

Pour ce faire, l’AMM a déjà ouvert les discussions avec divers organismes de formation technique, tertiaires ainsi que des cabinets d’études et de recrutements à cet effet. Il s’agit du Mauritius Institute of Training and Development, des universités ou encore du Human Resource Development Council. L’idée est «d’aboutir à des parcours de formation adaptés aux besoins mauriciens, pour les personnes déjà en poste dont les compétences doivent évoluer et les jeunes qui intègrent les filières industrielles», affirme Bruno Dubarry.

Ramesh Caussy: «Les robots doivent être complémentaires à l’homme»

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<p><em>&laquo;L&rsquo;homme doit rester au centre des préoccupations des industriels et des scientifiques. Il faut imaginer un système complémentaire à l&rsquo;homme, où les robots effectueraient des tâches que les humains parviennent difficilement à faire&raquo;.</em> C&rsquo;est l&rsquo;avis de Ramesh Caussy, inventeur de robots et fondateur de la société Partnering Robotics. Il pense que la robotique et la technologie sont appelées à devenir des outils essentiels à l&rsquo;homme à plusieurs niveaux.</p>

<p>Commentant les craintes quant aux pertes d&rsquo;emplois massives à cause des robots, notre interlocuteur est d&rsquo;avis qu&rsquo;elles sont infondées, la technologie n&rsquo;ayant pas atteint un tel niveau. &laquo;<em>D&rsquo;ici 20 à 30 ans, l&rsquo;homme sera toujours le design le plus perfectionné du monde, mais il y aura une évolution</em>&raquo;, soutient-il. Plusieurs nouvelles opportunités d&rsquo;emploi seront créées à ce titre.</p>

<p>Citant le cas de Partnering Robotics, Ramesh Caussy explique avoir créé de nouveaux postes à l&rsquo;instar de monteur-câbleur en robotique, service après-vente en robotique ou encore des postes pour redessiner la cartographie des environnements intérieurs, entre autres. Du reste, il est d&rsquo;avis que Maurice possède tous les atouts pour développer le secteur de la robotique, notamment pour la région africaine.</p>

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<p>Les jobs qui disparaissent à cause de la technologie :</p>

<p>1. Facteur</p>

<p>2. Meter Reader</p>

<p>3. Opérateurs dans les usines</p>

<p>&nbsp;4. Flight Attendant</p>

<p>5. Bibliothécaire</p>

<p>6. Collecteur d&rsquo;impôts</p>

<p>7. Agent de voyage</p>

<p>&nbsp;8. Fermiers</p>

<p>9. Répartiteur de taxi (taxi dispatcher)</p>

<p>&nbsp;Source : Forbes</p>

<p>Les métiers qui seront les plus recherchés dans le futur :</p>

<p>1. Développeur web</p>

<p>2. Spécialiste en cyber sécurité</p>

<p>3. Consultant en développement durable</p>

<p>4. Ingénieur biomédical</p>

<p>5. Garde-malade</p>

<p>&nbsp;6. Spécialiste en maintenance robotique</p>

<p>&nbsp;7. Responsable de gestion de déchets et de recyclage</p>

<p>&nbsp;8. Instituteur en ligne et développeur de matériel scolaire en ligne.</p>

<p>&nbsp;Source : Université de Kent</p>

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