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Rasta: «Mes dreads, je les porte comme une couronne»
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Rasta: «Mes dreads, je les porte comme une couronne»
Elle s’appelle Kervina, a 22 ans et un bébé de 8 mois. Elle est rasta, se fait appeler «Hempress Jah». Comme la plupart des disciples du Almighty, la vie n’est pas simple tous les jours. La faute aux préjugés, au regard des autres, aux idées reçues.
Mais alors, pourquoi ne pas aller chez le coiffeur ? Blasphème ! «Je les porte comme une couronne. Je ne vais quand même pas changer de tête juste pour faire plaisir aux gens.» Ses cheveux définissent son appartenance à sa culture, martèle Hempress Jah.
Pourtant, nombreux sont ceux qui «dread» les dreadlocks. Les employeurs, par exemple. La jeune femme a pourtant entrepris des études dans l’hôtellerie après sa Form V. Elle a obtenu son diplôme haut la main. Mais pas de boulot en vue. «J’ai passé des dizaines d’entrevues, on m’a dit qu’on allait me rappeler, mais non… Dan kour mem banla ti dir mwa pou difisil pou mo gagn travay akoz mo sévé... Mo bien kontan zanfan, mo ti anvi travay dan enn mini-club.» En attendant, elle est maman au foyer.
Justement. Les remarques dégueulasses, elle en a entendu à l’hôpital aussi, au moment d’accoucher. «Bann infirmyé ti pé dir mwa tansion mo fer mo zanfan per kan li né.» Des «ti lespri», elle en a croisé dans le bus également. Comme cette dame qui a préféré se transformer en portemanteau plutôt que de s’asseoir à côté d’elle. «Dan mo léker, mo ti pé dir tiabon biss frenn enn kout li tonbé !»
Hormis ses «sévé zourit», comme les surnomment certains avec condescendance, Hempress Jah pourrait facilement se glisser dans la peau d’une femme d’affaires, style Oprah Winfrey, version jeune. Vêtue d’une jupe crayon, d’un chemisier à rayures, son «look» est d’un ennuyeux classicisme.
Ses dreads chéries, elle les a depuis trois ans. Comment les obtient-on ? Il suffit de ne pas se coiffer pendant plusieurs mois. Pour ceux qui auraient tendance à leur chercher des poux, il faut savoir que les rastas ne sont pas des «malang», leurs cheveux n’abritent aucune forme de vie extraterrestre. «Tu les laves normalement, une ou deux fois par semaine. Mais il ne faut pas approcher le peigne !»
Faut-il utiliser quelque produit particulier ? Qu’en est-il du mythe qui dit qu’il faut y ajouter du sucre pour qu’ils «collent» ? Des balivernes. «Disik-la monn tandé oussi. Mé manti sa. Ziss lav sévé normal, ek shampooing normal. Si ou gagn pélikil, ou servi séki anlev tampann !»*
Il est plus difficile cependant, de se débarrasser des a priori.
* (adresse utile : https:// coiffure.ooreka.fr/fiche/voir/306027/ faire-des-dreadlocks)
Un brin d’histoire
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/marcus_garvey_good_0.jpg" width="620" />
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<p>Paradoxalement, le premier <em>«rasta» </em>avait les cheveux courts. Dans les années 20, c’était un prêcheur d’origine jamaïcaine qui prônait dans le quartier noir de Harlem, à New York, le retour en Éthiopie, où régnait celui qui, pour lui, était le dieu vivant qui mènerait le dernier combat contre le mal : l’empereur Ras Tafari, plus connu sous le nom de Hailé Sélassié. Son nom : Marcus Garvey (photo). Et, son look n’avait rien avec celui des rastas d’aujourd’hui. </p>
<p>Le mouvement se développe, en fait, 20 ans plus tard, en Jamaïque, donc where else ? Des rebelles des montagnes décident que l’herbe est le seul Saint Sacrement ; ils vivent en communauté, finissent par s’inventer une vraie religion, inspirée de la Bible. Et, dans le livre des Nombres (6.5) ils dénichent une phrase qui prescrit le port du cheveu long, non peigné, en crinière de lion : <em>«Aussi longtemps que le voué à Dieu sera consacré par son vœu, le rasoir ne passera pas par sa tête ; jusqu’à ce que se soit écoulé le temps pour lequel il s’est voué à Dieu, il sera consacré et laissera croître librement sa chevelure.» </em></p>
<p><em>(Source : francetvinfo.fr)</em></p>
Kaya, Babylone, Zion : le décodeur
<p>On lui donne divers noms. I-tesvar, I-ance, I-lect, Rasta Wordology, Dread Talk, etc. Le fait est que le langage rasta, où se mélangent l’anglais et le patois jamaïcain, est truffé de jeux de mots. Ci-dessous, un petit lexique pour les non-initiés. </p>
<p><strong>• Alpha & Omega</strong> : (première et dernière lettre de l’alphabet grec), pour les rastas, Sélassié est «King Alpha», et son épouse, l’impératrice Menen, est «Queen Omega». </p>
<p><strong>• Babylone </strong>: le système («shitstem»), la police, la politique, etc. </p>
<p><strong>• Bredda</strong> : brother. Frère. On trouve également des formes contractées comme Bra ou Bro qui sont antéposées au nom d’un rasta. </p>
<p><strong>• Bredrin</strong> : pluriel de Bredda. Formes similaires : bredren ou encore brethren. </p>
<p><strong>• Chant Down Babylon </strong>: formule marquant le combat mené contre Babylone. On trouve aussi <em>«Beating down Babylon»</em> ou <em>«stepping outa Babylone». </em></p>
<p><strong>• Combsome </strong>: un rasta qui ne portait pas de locks. </p>
<p><strong>• Dreadlocks</strong> : mèche, natte non tressée suggérant la crinière du lion. Terme qui peut être associé avec <em>«natty»</em> ou <em>«knotty»</em>. La forme contractée <em>«dreads»</em> caractérise les rastas. </p>
<p><strong>• Empress</strong> : impératrice, une matriarche, s’écrit souvent avec une «H» antéposé </p>
<p><strong>• Ganja </strong>: cannabis. </p>
<p><strong>• Grounation</strong> : (ou groundation) rassemblement rasta ou réunion de percussionnistes rastas. La visite d’Hailé Sélassié Ier, le 21 avril 1966, fut déclarée «grounation day». </p>
<p><strong>• Haile !</strong> : salutation. </p>
<p><strong>• HIM</strong> : acronyme de «His Imperial Majesty». </p>
<p><strong>• Jah</strong> : Dieu. Dérivé du tétragramme YAHVE. Forme contractée de Jéhovah. </p>
<p><strong>• Kaya</strong> : cannabis.</p>
<p><strong>• Nyabinghi</strong> : À l’origine, il s’agit d’un mouvement anti-colonial du Rwanda ou de l’Ouganda. Chez les rastas, ce mot a plusieurs significations. Il caractérise, ainsi, un ordre «House of Nyahbinghi», les rassemblements rastas et la musique rituelle rastafarienne. </p>
<p><strong>• Ras</strong> : (pluriel : Rasses) terme d’origine éthiopienne (au sens littéral <em>«tête»</em>) désignant un chef. Il est antéposé au nom d’un rasta : Ras Boanerges, Ras Sam Brown… </p>
<p><strong>• Rastafari</strong> : nom de Hailé Sélassié avant son sacre impérial. En Ethiopien <em>«Ras»</em> signifie<em>«tête»</em> et<em> «Tafari» : «il sera craint». </em></p>
<p><strong>• Sista</strong> : Sœur. Femme rasta. </p>
<p><strong>• Sistren</strong> : pluriel de Sista. </p>
<p><strong>• Wolf</strong> : un faux rasta. </p>
<p><strong>• Zion</strong> : l’Ethiopie. L’Afrique. Le terme «Zion» est à la fois utilisé comme géosymbole (la terre sainte, le paradis terrestre) et comme lieu concret : le continent africain. </p>
<p><em>(Source : article de Boris Lutanie, http://rasta666s.centerblog.net/)</em></p>
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