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Rétrospective: les cinq obsessions de Serge Constantin

21 août 2017, 23:30

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Rétrospective: les cinq obsessions de Serge Constantin

«Les couleurs du monde». C’est à la fois le titre de la rétrospective Serge Constantin et de l’exposition de ses œuvres, visible au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017. C’est Philippe Piguet, commissaire de l’exposition qui nous donne des clés pour entrer dans l’univers de l’artiste-peintre, décorateur et scénographe qui a travaillé au Plaza pendant 50 ans. Né en 1917 et décédé en 1998, Serge Constantin aurait eu 100 ans cette année.

Philippe Piguet, commissaire de l’exposition «Les couleurs du monde».

Partir à zéro. Philippe Piguet, commissaire de l’exposition consacrée à Serge Constantin, visible au Plaza jusqu’au 14 octobre, confie : «Il y a trois ans, je ne connaissais pas Serge Constantin et son œuvre». Après de nombreuses heures dans son atelier à Coromandel, il a conçu une exposition articulée autour d’un noyau dur : une salle principale qui donne un aperçu général des thèmes chers à l’artiste. Ces motifs sont déclinés dans cinq petites salles du Plaza rénové. «Serge Constantin n’est d’aucune école. Il est un être libre et indépendant. Il capte la modernité, pour faire sa sauce», précise Philippe Piguet.

Port-Louis: ville natale, ville de prédilection 

Serge Constantin est connu pour son goût pour le port. Il peint la région : le Grenier, Trou Fanfaron, le Quai de la douane. Avec le groupe du samedi (Roger Charoux, Fabien Cango, Jocelyn Thomasse entre autres), il descend en ville pratiquer du pleinairisme.

Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.

«Le groupe du samedi n’a pas de fondement théorique, par rapport à des problèmes esthétiques. C’est une communauté pour travailler ensemble», précise Philippe Piguet. «Chacun traite le motif à sa manière. Il n’y a pas d’unité stylistique. Dire que Serge Constantin était le chef du groupe, cela voudrait dire qu’il y a une école. Il en est plutôt l’animateur».

Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.

Les paysages: l’homme face à la Nature 

Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.

En sus de Port-Louis, Serge Constantin a arpenté Maurice. «Il ne fait pas une illustration des lieux. Il va chercher quelque chose qui est au-delà du site lui-même, une vision personnelle de la Nature», décode le commissaire de l’exposition. Sont exposés : «le Morne», «Savinia», «Pointe aux Sables», «Petite Rivière» etc. Philippe Piguet souligne que les paysages chez Constantin sont «tous quasiment désertés. Il n’y a pas de présence humaine». Il explique que l’artiste qui était «très religieux» cherche dans la Nature la présence divine.

Nus: corps souvent anonymes

«Serge Constantin n’est pas un portraitiste», affirme Phlippe Piguet. L’exposition donne à voir une représentation de sa fille Rachel et de son fils David, tous deux plongés dans un livre. «Si la figure est absente des paysages, elle est présente dans l’œuvre de l’artiste. Parfois il traite le nu comme un paysage.» Des nus féminins anonymes. «On ne sait pas si c’est sa femme ou si c’est un modèle qui a posé pour lui en atelier.»

Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.

Les voyages: préférence pour l’Angleterre et la France

Serge Constantin a étudié à la Central School of Arts and Crafts, à Londres, dans les années 1950. Avec la France, l’Angleterre est le pays qui a le plus compté pour lui. Des travaux sur papier datant du début de sa carrière, en 1959 représentent assez distinctement les lieux visités, avant d’évoluer plus vers les impressions, les états d’âme. Serge Constantin a beaucoup voyagé, souvent pour le travail, parfois pour l’agrément.

Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.

L’homme qui aimait les animaux 

Comme Serge Constantin aimait la Nature, il aimait aussi les fleurs et les animaux. Il a réalisé des natures mortes comme une chaise rouge, qui figure dans l’exposition du Plaza, qui lui a valu les félicitations d’Hervé Masson.

Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.

 Patrimoine: combien coûte un Constantin ?

Des œuvres de Serge Constantin sont la propriété de plusieurs collectionneurs. Combien coûte un Constantin ? Son fils David dit seulement : «On peut demander à l’homme de la rue combien vaut un Constantin pour lui ? Une œuvre n’a de valeur que dans le regard de celui qui l’admire. En tant que fils, je trouve que ces œuvres ont une valeur inestimable. La preuve, mon père est mort depuis 20 ans, nous n’avons pas vendu ses œuvres. Un jour peut-être, pour financer l’association Les amis de Serge Constantin. Après, la valeur dépend de plusieurs facteurs : la taille du tableau, sa facture, le sujet, les tendances du marché etc.» 

Une des oeuvres visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.
Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.
Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.

Calendrier: à l’Institut Français

Philippe Piguet a aussi choisi les œuvres qui seront exposées à l’Institut Français à partir du 24 août. «Serge Constantin et l’art de l’estampe» sera visible jusqu’au 30 septembre. Le commissaire d’exposition, qui est historien d’art donnera une conférence à l’IFM, jeudi 24 août intitulée De l’art de l’estampe, hier et aujourd’hui.

Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.
Une des oeuvres de Serge Constantin visibles lors de l'exposition «Les couleurs du monde» au Plaza, jusqu’au 14 octobre 2017.