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Biodiversité: protéger les îlots du Sud
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Biodiversité: protéger les îlots du Sud
La Mauritian Wildlife Foundation (MWF) a lancé un projet pour sensibiliser à l’unicité et la fragilité de cinq îlots dans la région Sud-Est du pays. Les îlots visés par ce projet de l’organisation non gouvernementale (ONG), qui est soutenue par la Commission de l’océan Indien (COI) à travers son programme Biodiversité financé par l’Union européenne (UE), sont l’île de la Passe, l’île aux Fouquets (île au Phare), l’îlot Vacoas, l’île Marianne et l’île aux Aigrettes. Le gouvernement est aussi impliqué dans ce projet par le biais de la collaboration du National Parks and Conservation Service (NPCS), du Forestry Service, de la National Coast Guard et du National Heritage Fund.
Ce projet vise à sensibiliser le public mais, avant tout, les membres ayant un attrait ou des intérêts envers et sur les îles et leurs potentiels. Le programme de travail implique notamment les skippers, pêcheurs, gardes-côtes et les propriétaires du privé. Le but étant de mettre en avant la fragilité de la biodiversité de ces îles, qui hébergent une majeure partie de nos reptiles endémiques, ainsi que la mise en place d’un travail de protection de l’environnement.
«C’est un projet qui est en route depuis des années. Il a commencé depuis les études faites durant les années 90 sur l’état des îles et îlots autour de Maurice et de Rodrigues et nous avons vu qu’il y avait beaucoup d’activités historiques et contemporaines sur les îlots autour de Maurice qui ont un impact sur la faune et la flore», fait part Vikash Tatayah, le directeur de conservation à la MWF. «Ce qui nous a manqué, c’est du financement car sensibiliser toutes ces personnes demande du temps et de l’argent.»
Le projet de sensibilisation tombe sous le Mauritius Reptîle Restoration Programme qui a débuté en 2006 entre le NPCS et l’ONG anglaise Durrell Wildlife Conservation Trust ayant pour but la protection et la sauvegarde des reptiles endémiques des îlots.
«Il s’agit en fait d’un projet complémentaire du MRRP de la MWF, qui travaille sur ces îlots, afin de capitaliser et de renforcer les acquis du programme», explique Chantal Andrianarivo, experte du pro- gramme Biodiversité pour la COI. «Ce projet-ci ne se concentre pas uniquement sur les reptiles mais aussi sur la conservation de la bio- diversité des îlots en général. L’intitulé du projet étant «Sustainable use of Mahébourg Bay Islets for ecotourism and biodiversity», son objectif est la réduction des menaces sur la biodiversité de ces îlots du sud-est de Maurice, en informant les utilisateurs qui vont contribuer à la préservation de la biodiversité.»
Le projet vise donc à réduire les menaces directes pour l’environnement de ces îlots. La MWF et la COI citent, entre autres, l’impact causé par les déchets, les feux et le piétinement de certaines zones des habitats clés pour les lézards et les oiseaux marins et une niche pour la flore. L’ONG et la COI souhaitent faire un travail sur des gestes simples et pratiques pour préserver la faune et la flore endémique menacée sur ces îlots avec les parties prenantes du projet.
Incendies
«Nous cherchons à ce que le public comprenne qu’il faut garder ces îles en l’état. Il y a eu des gens qui ont pollué des îles interdites d’accès au public. Il y a même eu des incendies sur certaines îles», ajoute Vikash Tatayah. «Nous comprenons que c’est le gagne-pain de certaines personnes mais il faut les préserver et respecter les limitations.»
La COI et la MWF ont organisé une réunion à Mahébourg le 11 août. Les deux entités initiatrices du projet l’ont présenté aux parties prenantes ciblées et aux représentants du gouvernement, pour avoir une opinion sur le projet qui va bénéficier de 18 mois de financement de la part de la COI.
«La notification de MWF pour une subvention de la part de COI-Biodiversité sur financement de l’Union européenne a été faite en avril 2017 et les activités ont commencé en juin», avance Chantal Andrianarivo. «Pour le financement, il n’est pas prévu d’extension, par contre la MWF peut effectivement continuer à travailler avec les acteurs concernés pour la préservation écologique de ces îlots. On parle ici de ceux qui sont les pêcheurs, les skippers et les propriétaires de bateaux, les gardes-côtes.» Ce qu’a prévu de faire la MWF car «la sensibilisation n’arrive pas en un seul jour».
Des ateliers et des visites de terrain, ainsi que des certificats, font partie des activités prévues avec les skippers des bateaux touristiques et les pêcheurs de Blue-Bay, Cité la Chaux, Mahébourg, Vieux-GrandPort, Bambous-Virieux et Trou-d’Eau-Douce. Aussi au programme pour mettre en place la sensibilisation, des ateliers de discussion avec la NCG et les propriétaires privés de bateaux de Point-d’Esny. Ces causeries auront lieu avec le public et les idées mises en avant lors des ateliers permettront de peaufiner les actions de sensibilisation. L’ONG fait placer, entre autres, des poubelles pour inciter les pique-niqueurs à ramener leurs déchets ou encore des limitations d’espace pour réduire l’impact sur les habitats.
Les reptiles mis à mal
<p>Maurice compte plusieurs espèces endémiques de reptiles, à commencer par les geckos, mais aussi une espèce de boa et même des scinques (petit lézard ressemblant à un varan). Malheureusement, entre l’impact humain (pollution, destruction des habitats…) et les espèces invasives, leur population est menacée. Pour certaines espèces, leur population se restreint de plus en plus uniquement aux îlots autour de Maurice. Certaines espèces comme le Lowland forest day gecko ou le lézard vert à Maurice (Phelsuma guimbeaui) se trouvent sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Elle n’est pas la seule espèce à Maurice qui se trouve sur cette liste. Ces espèces uniques au monde sont mises en danger par l’insularité, ce qui les rend très vulnérables. Les espèces invasives, comme le gecko géant de Madagascar (Phelsuma grandis, ci-contre), les rats et les corbeaux, ont mis à mal ces espèces à Maurice. Le gouvernement et la MWF au cours de dix dernières années ont mis les bouchées doubles pour la conservation des reptiles et à la préservation des îlots dans leur état. Mais sans l’implication des citoyens, limiter l’apparition de la pollution et des espèces invasives sur les îlots est difficile.</p>
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