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Inde-Chine à Maurice: superpuissances, super concurrence…
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Inde-Chine à Maurice: superpuissances, super concurrence…
Une semaine après les célébrations de l’Indépendance indienne devant toute l’élite politique mauricienne, c’est la Chine cette fois qui s’y met. En effet, toujours devant les délégués politiques de tous bords, la Chine présentera son nouvel ambassadeur, Sun Gongyi, ainsi que son nouveau conseiller politique. La cérémonie se tiendra à l’ambassade chinoise, à Belle-Rose, ce jeudi 24 août.
Celle-ci a invité toutes les personnalités politiques du pays, de l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam à la présidente Ameenah Gurib-Fakim, en passant par le démissionnaire Roshi Bhadain et le chef du gouvernement Pravind Jugnauth.
À côté de ces deux événements, considérés comme un «show of power» dans les milieux concernés, les chantiers chinois et indiens à Maurice ne cessent de se multiplier, dans le public comme dans le privé. «Nous sommes stratégiquement bien placés. Ces deux pouvoirs nous courtisent», soutient Vijay Makhan, ancien secrétaire aux Affaires étrangères. Deux puissances, qui, de plus, sont en compétition et souvent en conflit l’une avec l’autre. Pourquoi, donc, s’intéressent-elles autant à Maurice ? Quels sont les gros chantiers auxquels elles participent ? Et surtout, quelles sont les implications pour le pays ?
Elite politique absorbée
«Maurice est très convoitée par les deux puissances. Notamment parce que nous sommes, d’un point géostratégique, très bien placés. De plus, nous avons une exclusivité économique sur le plateau continental», soutient Arvin Boolell, ancien ministre des Affaires étrangères. Ce sont là les raisons principales de cette convoitise. Les territoires mauriciens dans la région sont aussi d’intérêt pour les prétendants.
De plus, les relations avec le pays n’ont pas à être forgées. «Maurice a déjà des relations très amicales avec l’Inde et la Chine. Ils sont tous les deux des partenaires privilégiés», soutient Vijay Makhan. Arvin Boolell ajoute que ce sont nos pays de peuplement. Ce qui a forgé une relation d’autant plus forte.
Le port de pêche de Bain-des-Dames, financé par la Chine, ou encore l’investissement massif de l’Inde dans le projet du Metro Express, sont là seulement deux des plus gros projets d’ordre public des deux puissances à Maurice. Mais il n’y a pas que dans les gros développements que ces pays investissent. Plusieurs petits projets ont aussi reçu le financement de l’Inde ou de la Chine. Les écoles primaires de Belle-Mare ou d’Albion ont été financées par la Chine, alors que la nouvelle aile de l’hôpital Ear, Nose and Throat sera financée par l’Inde.
Ces investissements en eux-mêmes suscitent des inquiétudes. «There is no such thing as a free lunch», a soutenu Paul Bérenger plusieurs fois, lors de ses conférences de presse. Le leader du Mouvement militant mauricien a aussi, à plusieurs reprises, exprimé ses craintes par rapport à nos relations avec l’Inde. «L’Inde et la Chine sont des pays en conflit et nous donnons beaucoup à l’Inde.» On laisse, en effet, entendre, du côté de la partie chinoise, que l’on s’attendrait à plus d’opportunités à l’avenir.
Forme de colonisation
Du côté de Lalit, ce qui inquiète, ce sont les investissements fonciers. «Kan sé investisman dan prodiksion sé enn zafer, mé nou pe donn nou later, li enn problem. Nou later, sé nou kapital», soutient Lindsey Collen.
Même rengaine du côté de Rezistans ek Alternativ. «La Chine et l’Inde font la même chose maintenant que ce que les puissances coloniales faisaient avant : zot donn kass, dévlop infrastriktir apré met zot prop kontrakter etc», soutient Ashok Subron, porte-parole de Rezistans ek Alternativ.
Il ajoute que c’est une forme de colonisation. Ce qui tracasse Rezistans ek Alternativ, c’est aussi l’absorption de l’élite politique dans la compétition entre l’Inde et la Chine, comme démontré par les cérémonies ayant lieu à différentes occasions. «Ces manœuvres peuvent contribuer à la fragmentation de la société mauricienne.»
Les zones d’ombre autour des relations entre Maurice et l’Inde sont aussi sujettes à des interrogations. «Le protocole d’accord entre Maurice et l’Inde par rapport à la sécurité maritime ou à la ligne de crédit doit être rendu public, par exemple», soutient Arvin Boolell.
Si Maurice profite, d’une certaine manière, de cette bataille indo-chinoise, il ne faudrait pas qu’il en devienne le champ.
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