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[Vidéo] Ces usines textiles qui tissent leur toile grâce à la technologie
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[Vidéo] Ces usines textiles qui tissent leur toile grâce à la technologie
Il est hors de question, pour plusieurs usines textiles, de rendre le tablier. En plein boom dans les années 1980, elles ont dû gérer des crises financières, la compétition, le manque de main-d’oeuvre locale et la restriction de marché, entre autres. Certaines fabriques ont cessé leurs activités, à l’exemple de la Compagnie mauricienne de textile (CMT) de Curepipe. Mais d’autres continuent à tisser leur toile. Leur allié : la technologie.
Esquel Group, spécialisé en chemises et sportswear depuis pratiquement 40 ans, bouillonne telle une fourmilière. À la production, un majestueux appareil découpe avec précision tous les composantes d’une chemise. «Grâce à cet écran, nous programmons l’opération et découpons 44 400 pièces par jour», explique Yashvan Radha, Assistant Manager au Cutting.
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Ces pièces atterrissent sur des étagères et sont envoyées à la couture. C’est sur fond de séga et de bruissement mécanique que des opérateurs s’activent à les transformer. Sur de grandes tables, un amoncellement de tenues, de bobines de fil, des règles de mesure, entre autres matériels de confection. De petites mains mesurent frénétiquement, assemblent et cousent les pièces de tissus. Au plafond, des vêtements pivotent de section en section à travers des rails automatisés.
«Nous faisons du deskilling, ce qui contribue à la réalisation de multiples opérations à la fois avec l’aide de la technologie», indique Hemant Kumar Jugnarain, General Manager. Par exemple, en quelques secondes, les trois étiquettes d’une chemise sont cousues simultanément à la machine. Auparavant, chacune d’entre elles nécessitait une opération différente, rallongeant la durée de traitement.
Affilié au groupe international du même nom en Asie, Esquel Group emploie 5 700 personnes. La production est d’un million de pièces mensuellement. Plusieurs étapes de la fabrication sont automatisées et adoptent des techniques efficientes comme le lavage écologique. Les tenues sont conçues pour les gammes internationales telles que Tommy, Timberland, Nautica. Selon le General Manager, la clientèle est à 75 % américaine et à 25 % européenne.
Des défis à relever
Tout comme cette enseigne, le groupe Star Knitwear maintient sa trajectoire sur les rails du textile. Selon Ahmed Parkar, Chief Executive Officer du groupe, la fabrique a démarré ses activités vers 1986. «C’était une petite compagnie avec 150 employés située à Rivière-du-Rempart. Nous avons alors eu une commande d’une cliente française et d’un autre d’origine allemande. Graduellement, nous avons augmenté nos activités et sommes passés à un millier d’employés», se remémore-t-il.
Ces derniers ont conçu des vêtements pour les marques Kappa et Intersport, entre autres, pour la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Angleterre notamment. Face à ce succès, une seconde antenne à Flacq et une teinturerie à Coromandel sont inaugurées dans les années 1990. D’ailleurs, Star Knitwear produit son propre tissu, qui est vendu surtout en Afrique du Sud.
Toutefois, en 2008, les retombées de la crise mondiale se font sentir, la livre sterling dégringole de Rs 69 à Rs 46 d’un coup. «Cela nous a bien affectés. Il nous fallait revoir notre processus et rendre l’usine plus lean», précise-t-il. Résultat : les activités de l’usine sont centralisées à Coromandel. Aujourd’hui Star Knitwear emploie 1 400 personnes, dont 500 étrangers environ.
L’objectif est de produire 800 000 pièces vestimentaires de qualité mensuellement. Pour ce faire, les responsables se sont dotés des dernières facilités technologiques pour la production automatisée, les commandes et l’accélération des délais de livraison. «Nous produisons un catalogue où les clients peuvent visionner nos créations en ligne. Cela facilite bien des étapes pour l’échantillonnage et les commandes de l’étranger», indique Salima Robens, Head of Design and Production Development.
Si ces stratégies permettent aux usines de maintenir le cap, il reste aux opérateurs de textile divers défis à relever. Premièrement, il y a le manque de matières premières qui viennent principalement d’Asie, indique Hemant Kumar Jugnarain. Deuxièmement, il y a l’éloignement des marchés européen et américain.
«On commence maintenant à avoir le marché régional comme l’Afrique du Sud», dit-il. D’ajouter que l’Afrique est un choix stratégique en termes de capacités et que Maurice peut répondre à la demande. Le développement des marchés niches avec un produit moyen et haut de gamme, l’accent sur le deskilling et la technologie sont nécessaires pour y parvenir, estime-t-il.
«On n’a pas peur de la concurrence»
«La confection va toujours rester labour-intensive. Les jeunes vont plus vers l’ICT et d’autres secteurs compétitifs. Il faut pouvoir les attirer vers ce marché.» De meilleures opportunités de formation et d’engagement des employés seraient aussi nécessaires.
Pour sa part, Ahmed Parkar évoque la globalisation du marché avec des compétiteurs dont la Chine, la Turquie, le Bangladesh, le Pakistan et le Sri Lanka. «On n’a pas peur de la concurrence. Notre vision est différente. Ce n’est pas de vendre un T-shirt à un ou deux dollars. Ce n’est pas le business qu’on fait. Nous misons sur la qualité, la fiabilité et la création du right product.»
Un autre facteur est la connectivité pour desservir les marchés existants. Par exemple, Ahmed Parkar fait ressortir que Star Knitwear exportait auparavant des jeans vers le Maghreb. «On a perdu ce marché-là car la fréquence des bateaux qui partaient vers l’Afrique du Nord a diminué. Le temps de transit était plus long.»
Cela dit, Ahmed Parkar espère conquérir le marché africain à long terme. Soit un marché de plus de 100 millions de personnes ayant de plus en plus de pouvoir d’achat et qui utilisent le commerce en ligne. Bien sûr, les risques associés aux transactions en ligne sont réels. «Cela reste rentable mais c’est une question de logistique», confie-t-il.
Enfin, en sus de l’apport technologique, le créneau porteur pour Star Knitwear demeure celui du tissu. Représentant 30 % des ventes, cette spécialisation mobilise une plus faible concentration de la main-d’oeuvre. Un facteur qui contribue à développer davantage la diversification du textile à l’avenir.
En chiffre
<p>À mars dernier, 130 usines de textile étaient en opération à Maurice, révèlent les statistiques du ministère du Commerce, de l’industrie et la protection des consommateurs.</p>
<p>Elles sont 24 dans la catégorie Textile Yarn and Fabrics et 106 dans celle du Wearing Apparel. Quant au nombre d’employés, il y en a 3 581 pour la première catégorie et 35 239 pour la seconde.</p>
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Un choix de carrière
<h4>Lucile Moignon, formatrice chez Esquel</h4>
<p><em>«J’avais 13 ans quand j’ai commencé. J’étais là pour le recrutement et j’écoutais ce que les gens disaient. Certains disaient avoir 18 ans, c’est ce que j’ai dit aussi. Je portais des chaussures à talons pour paraître plus grande. J’avais dit que mon acte de naissance avait été abîmé»</em>, confie Lucile Moignon, 59 ans. Son père venait de mourir et elle était à la recherche d’un emploi. Elle est embauchée comme machiniste à l’usine. Au fil du temps, elle gravit les échelons et devient assistante à la supervision, puis responsable. <em>«J’ai commencé avec un salaire de 90 sous par journée. Graduellement, il est passé à Rs 2,50. Je n’ai jamais quitté le textile même si c’est un métier difficile»</em>, indique-t-elle. Aujourd’hui formatrice au sein du groupe Esquel, elle transmet désormais les ficelles du métier aux débutants.</p>
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<h4>Sailend Ootim, Finishing Manager chez Star Knitwear</h4>
<p><em>«Aussitôt que j’ai terminé le collège en 1985, je me suis joint à Star Knitwear comme simple ouvrier. Ce n’était pas un travail difficile mais c’était une première étape dans le textile. Je n’y connaissais rien. J’avais soif d’apprendre»</em>, raconte Sailend Ootim, 54 ans. Il précise qu’à l’époque, il y avait dans sa région, des entreprises qui venaient d’être lancées. Il a donc voulu y tenter sa chance.</p>
<p>Au bout de 33 ans de carrière, Sailend Ootim est passé de superviseur à <em>Senior Supervisor </em>et a acquis plus de responsabilités. Il est maintenant <em>Finishing Manager. </em>Ces promotions, Sailend Ootim soutient qu’il les a obtenues avec le temps. Ce qui l’a encouragé à continuer dans ce domaine.</p>
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