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Dr Dilshad Paurobally: une des rares spécialistes mondiales des pathologies de l’ongle
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Dr Dilshad Paurobally: une des rares spécialistes mondiales des pathologies de l’ongle
La Mauricienne Dilshad Paurobally, qui a étudié la médecine et la dermatologie en Belgique, fait partie du groupe très restreint de dermatologues pratiquant l’onychologie, c’est-à-dire le traitement et la chirurgie de l’ongle. Alors qu’elle aurait pu faire carrière dans le Plat Pays de Brel, c’est à Maurice qu’elle s’est installée.
«Je n’ai pas choisi la dermatologie, c’est elle qui m’a choisie», confie cette jeune femme de 33 ans. Elle exerce depuis mai dans le cabinet médical de son père, Reshade, chirurgien-dentiste à Curepipe. Cette affirmation est vraie car lorsque cette cadette de quatre enfants termine ses études secondaires, filière scientifique, au collège Dr Maurice Curé, elle décide d’aller étudier la médecine. Elle a 19 ans à peine lorsqu’elle quitte Maurice pour l’université de Liège en Belgique où vivent des connaissances de sa famille.
Au départ, ils sont 500 étudiants en faculté de médecine générale. Au bout de la septième année, ils ne sont plus que 90, dont deux seulement acceptés en dermatologie. Alors qu’elle effectue un stage en dermatologie, elle a «le coup de foudre. Nous avons commencé à 8 h 30 et la formation a pris fin à 17 heures. À aucun moment je ne me suis ennuyée».
Si elle choisit de se spécialiser en dermatologie-vénérologie auprès du Centre hospitalier universitaire (CHU) du Sart Tilman, c’est parce que cette discipline en combine deux autres, la médecine interne et la chirurgie. Le chapitre des ongles n’est pas trop développé dans le cours de dermatologie. Or, c’est l’appareil unguéal justement qui intéresse Dilshad Paurobally. Elle écrit donc à une sommité en la matière, le professeur Bertrand Richert, chef de clinique au CHU de Brugmann à Bruxelles. Son département de dermatologie est le centre de référence pour les pathologies unguéales, soit des ongles, et attire des patients de plusieurs pays européens. Vu l’intérêt que la jeune femme manifeste pour l’onychologie, il l’accepte dans son équipe. Elle s’installe à Bruxelles.
Ainsi, les lundis et mardis, elle affine ses connaissances en traitement et chirurgie des ongles et le reste de la semaine, elle travaille sur d’autres problèmes dermatologiques en consultation privée. Elle est co-auteur, avec le professeur Richert, d’articles très pointus sur les pathologies unguéales et l’onychologie, publiés dans des revues scientifiques réputées comme Skin Appendages (Dermatology Journal).
«Les gens coupent mal leurs ongles d’orteils.»
Comme Dilshad Paurobally veut tout maîtriser pour répondre aux besoins de ses patients, elle suit en simultané un cours pour obtenir un diplôme interuniversitaire en laser et cosmétologie auprès de l’université de Lille en France. Et après 13 ans en Belgique, elle décide de rentrer. Le retour au pays figurait depuis toujours dans ses plans. En matière d’onychologie, les problèmes récurrents à Bruxelles comme à Maurice, déclare-t-elle, sont les mycoses des ongles qui prolifèrent dans les piscines et les milieux humides et chauds, ainsi que les ongles incarnés. Ne comptez pas sur Dilshad Paurobally pour prescrire des médicaments sans savoir de quel type de champignon il s’agit. Elle va d’abord effectuer un prélèvement à des fins d’analyse pour confirmer quelle mycose est en jeu. Car une étude européenne a indiqué qu’un patient sur deux, traités pour mycoses, n’en souffrait pas en réalité.
«Il y a plusieurs raisons pouvant épaissir et jaunir l’ongle. Et il y a différents types de champignons. Savoir lequel est concerné permet de mieux traiter.» Par rapport aux ongles incarnés, elle estime que les gens coupent mal leurs ongles d’orteils. «Il faut couper les ongles droits et pour les contours, il vaut mieux les limer.» Aujourd’hui, on n’arrache plus un ongle incarné. «De nos jours, les traitements sont plus conservateurs. On peut traiter la partie incarnée avec du phénol ou de l’acide trichloracétique. Cela se fait sous anesthésie locale et au bout de deux jours, la personne reprend ses activités.»
Le cas le plus compliqué et aussi le plus touchant qu’elle ait traité à Bruxelles est celui d’un enfant de quatre ans présentant un pemphigus foliacé, soit de grosses cloques sur le corps. «À l’époque, je travaillais à l’hôpital pédiatrique de Liège et il fallait faire face à l’enfant, à l’angoisse de ses parents et tout faire pour le soigner.» Elle a privilégié la corticothérapie pendant plus de six mois. Comme l’enfant vivait à Paris, Dilshad Paurobally était en contact régulier avec un dermatologue à Paris. Aujourd’hui, l’enfant n’a plus d’épisodes de pemphigus foliacé et ses parents donnent régulièrement de bonnes nouvelles à la jeune femme.
La frontière entre le médical et la cosmétologie est fine. Dilshad Paurobally le concède. Mais elle précise ne pas faire de chirurgie esthétique ou plastique. «Vieillir fait partie de la vie et l’idée est d’accompagner le vieillissement de peau pour que la personne se sente bien. Mais ma philosophie est de rester dans quelque chose de discret.» Elle explique qu’il y a deux écoles, l’école européenne où les interventions du dermatologue doivent paraître naturelles et l’école américaine où l’intervention doit se voir. «Moi je suis de l’école européenne et je n’ai pas peur de dire non à une patiente.» Elle raconte avoir refusé d’injecter de l’acide hyaluronique à une jeune Libanaise qui voulait rendre sa bouche encore plus volumineuse car c’est un phénomène de mode dans son pays. «J’ai refusé car je ne voulais pas poser un acte qui irait à l’encontre de mes principes.»
Dilshad Paurobally fait partie des 20 dermatologues dans le monde à pratiquer l’onychologie. Aucun dermatologue ne la pratique dans l’océan Indien ou en Afrique du Sud. Moins encore en Australie. «Cette spécialisation dans le traitement des pathologies unguéales est relativement récente, soit depuis les 20 dernières années. Elle permet de mieux cibler les soins. Par exemple, un dermatologue qui n’a pas étudié l’onychologie ne pensera pas à faire un prélèvement de l’ongle à des fins d’analyse. Il prescrira directement un traitement médicamenteux. Les spécialistes en onychologie le feront pour être sûrs des gestes qu’ils poseront par la suite.»
Depuis qu’elle a ouvert son cabinet à la route Royale de Curepipe, elle n’a pas chômé. Outre ses consultations en clinique pour le groupe Fortis Darné, elle consulte également à la clinique Bon Pasteur à Rose-Hill. Cette dermatologue, membre de la Société royale de dermatologie de Belgique, de la Société française de dermatologie, de l’European Academy of Dermatology and Venerology, reçoit des patients qui lui sont référés par des collègues, des médecins généralistes et des podologues. N’allez pas croire qu’elle pratique des prix mirobolants. «Je m’aligne sur ce que pratiquent mes collègues.» C’est dit…
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