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Christopher Hart de Keating: «On ne peut adopter une approche globale pour notre développement en Afrique»
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Christopher Hart de Keating: «On ne peut adopter une approche globale pour notre développement en Afrique»
L’AMM lancera demain l’IndustryConnect. Quelle est la cohérence entre la table ronde sur l’IoT et la conférence sur la mondialisation ?
L’initiative Industry Connect vise à réunir la presse pour partager notre vision de l’AMM. Nous avons le souhait de montrer tout le travail qui a été fait et tout le travail qu’il reste à faire. On pense que comme les industries se sont réinventées, nous devons également le faire en tant qu’association.
Nous avons 22 ans d’existence à ce jour et on doit se développer davantage. Nous avons défini, avec nos membres les grands axes de transformation de demain. La vocation de l’AMM reste de faire évoluer l’industrie. On veut aller vers plus de collaboratif pour véritablement avancer au lieu d’être en isolement.
Les défis, on est fort pour les identifier, il reste à les relever. Le lien entre l’assemblée générale où on a parlé d’Internet of Things (IoT) et le séminaire avec l’économiste Thomas Guénolé, c’est que le monde est plus ouvert que jamais et qu’il faut aller vers la collaboratif. Nous souhaitons donc aller davantage vers nos 70 membres. On souhaite que chaque membre participe pleinement aux efforts de l’industrie et qu’il soit partie prenante.
Qu’en est-il des mesures budgétaires 2017-18 ? Sont-elles suffisantes pour booster l’industrie ?
Les mesures annoncées, nous les prenons de manière positive notamment celles sur l’exportation, celles pour encourager l’innovation et les mesures qui touchent le Public Procurement ou encore celles concernant le Made in Moris. Ce sont des mesures positives mais elles ne font pas tout.
Nous avons la conviction que l’industrie ne doit pas attendre des mesures budgétaires pour avancer. Nous pensons également que la collaboration doit aussi s’améliorer entre le secteur privé et l’État. Il faut s’assurer que les mesures soient mises en place et faire de sorte que nos membres utilisent au maximum les mesures qui sont inscrites dans le Budget.
Selon les derniers chiffres du commerce extérieur, les exportations continuent de baisser, passant de Rs 5 milliards au mois de juin 2016 à Rs 4,7 milliards à la même période cette année alors que les importations ne cessent croître ( Rs 13,9 milliards à Rs 14,8 milliards). Serait-ce juste de dire que les choses se détériorent ?
Ce qui est certain c’est que les choses ne sont pas en train de s’améliorer. Tout le monde est conscient que la situation est difficile. On fait face à des défis. L’industrie, si on la prend dans sa globalité, a perdu sa place sur l’échiquier économique. L’export est plus difficile et l’importation augmente. Je pense que les temps sont durs. Et c’est un peu la responsabilité de tous. L’industriel à son rôle à jouer et l’État également. On a tout à gagner à travailler ensemble.
Quid des importations qui augmentent sans cesse ?
Nous pensons que Maurice doit rester ouvert mais avec une finesse sur l’ouverture. À l’échelle mondiale, toutes nos entreprises sont des PME. Nous pensons qu’il faudrait une certaine finesse au niveau de notre ouverture dans certains secteurs d’activités afin de reconstituer un level playing field. Pour nous, le Public Procurement local est un acte de foi, qui vaut la peine qu’on y croit car acheter local c’est acheter sûr, notamment en termes de traçabilité et de sécurité d’approvisionnement, entre autres. Il s’agit également d’encourager l’emploi dans l’industrie.
Nous avons eu de bonnes discussions avec le Procurement body (NdlR, département des achats) à ce propos, notamment pour examiner la loi qui a été promulguée et veiller à ce qu’elle soit appliquée. Celle-ci stipule que l’on peut acheter local jusqu’à un certain prix. Nous sommes aussi d’avis que cet acte de foi d’acheter local peut aussi s’appliquer aux grands groupes. Ce serait dommage que dans 10 ans, un étranger vienne à Maurice et que tout ce qu’il achète ne soit pas fabriqué à Maurice.
Dans une précédente interview, la CEO de l’AMM parlait de 5 000 emplois perdus et 130 entreprises fermées en 10 ans. Comment se présente les choses à ce jour ?
Ce qui est triste c’est que l’on n’a pas de réel outil de mesure. Nous nous contentons de compter le nombre d’entreprises qui existent et qui ferment. Au niveau de l’AMM, on a pour objectif de mettre en place un outil d’informations sur le paysage industriel pour qu’on sache mesurer l’impact des mesures prises sur l’industrie. On est très demandeur également si cet outil est mis sur pied par le gouvernement. Je pense qu’il y a toujours une érosion.
Est-ce inexorable ?
Ce qui est triste c’est que l’on n’a pas de réel outil de mesure. Nous nous contentons de compter le nombre d’entreprises qui existent et qui ferment. Au niveau de l’AMM, on a pour objectif de mettre en place un outil d’informations sur le paysage industriel pour qu’on sache mesurer l’impact des mesures prises sur l’industrie. On est très demandeur également si cet outil est mis sur pied par le gouvernement. Je pense qu’il y a toujours une érosion.
Les premières Zones économiques spéciales (ZES) ont été officiellement inaugurées il y a deux semaines au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Des industriels locaux souhaitent-ils prendre avantage de cette initiative ?
À l’AMM, nous avons un projet d’exportation ambitieux. On a une équipe qui y travaille. Mais on souhaite être fort sur le plan local d’abord. Il ne faut pas penser que l’on pourra faire ailleurs ce qu’on n’arrive pas à faire chez nous… Au sein de l’AMM, on est encore au stade de réflexion et de travail. Je ne peux actuellement vous dire si oui ou non nous irons vers les ZES. En tout cas, nous percevons cette démarche avec intérêt. L’Afrique offre certainement des opportunités. Mais ce n’est qu’ensemble qu’on sera plus fort. Si au niveau de nos membres nous sentons qu’il y a une possibilité d’y aller, on sera certainement partants.
Pensez-vous que le développement de ZES sur le continent soit la bonne approche ?
Je pense que l’idée est intéressante mais on devrait pouvoir s’améliorer à divers niveaux, notamment en ce qui concerne l’implication des uns et des autres dans ce genre de projet. Je ne suis pas certain que bon nombre de nos membres et même certains industriels mauriciens qui ne font pas partie de notre association soient vraiment au courant de la façon dont les choses fonctionneront dans ces zones. C’est une bonne initiative, mais est-ce que la méthode est la bonne ? Je ne suis pas certain. Le meilleur projet du monde ne va pas marcher si les gens concernés ne sont pas impliqués dès le départ.
Dans une interview à l’express le 23 août, le directeur du Mauritius Africa Fund dit ceci : «Malheureusement, de façon générale, on note une certaine faiblesse de la part des entreprises mauriciennes, qui peinent à emboîter le pas… Nous pouvons dénicher des opportunités mais c’est au secteur privé d’en tirer avantage». Qu’en pensez-vous ?
Je pense que l’idée est intéressante mais on devrait pouvoir s’améliorer à divers niveaux, notamment en ce qui concerne l’implication des uns et des autres dans ce genre de projet. Je ne suis pas certain que bon nombre de nos membres et même certains industriels mauriciens qui ne font pas partie de notre association soient vraiment au courant de la façon dont les choses fonctionneront dans ces zones. C’est une bonne initiative, mais est-ce que la méthode est la bonne ? Je ne suis pas certain. Le meilleur projet du monde ne va pas marcher si les gens concernés ne sont pas impliqués dès le départ.
Donc je pense que si l’on veut vraiment réussir le développement sur le continent, il faut cibler des projets précis et s’y atteler. On ne peut pas avoir une approche globale. Je ne crois pas que pour réussir en Afrique il suffit d’acheter des terres et d’avoir des droits. Il faut faire coïncider les projets. Il ne faut pas croire que des PME qui peinent à survivre sur le territoire mauricien pourront exporter en Afrique.
Plus tôt on parlait de balance déficitaire. La solution pour les PME, c’est leur permettre de bien faire sur le territoire d’abord. Ensuite nous avons bien sûr des entreprises capables d’exporter leurs produits mais il nous faudrait une approche ciblée pour permettre à ces entreprises de se développer. Concernant l’exportation, nous nous penchons également sur l’internationalisation au lieu de simplement exporter. Il s’agit de faire des partenariats dans des domaines spécifiques en Afrique, où l’on mélangerait notre expérience à celle de partenaires complémentaires et, éventuellement, puiser de nos expertises africaines pour développer autre chose sur le marché local.
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