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Bénarès : «Il faut courir tous les jours pour sortir du village»
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Bénarès : «Il faut courir tous les jours pour sortir du village»
Petit village sucrier dans le Sud, Bénarès est une agglomération qui semble tomber dans l’oubli. Certains habitants déplorent le manque de développement et d’infrastructures dans ce patelin paisible et sans histoires.
«Notre village est paisible parce qu’il n’y pas d’activité. C’est la routine, et le temps est figé ici. Le tout récent développement a été la construction d’un kovil. Les infrastructures sont délaissées. Même le jardin d’enfants fait peine à voir», relate Vishwanaden Mousdeen. Il n’y a pas que ça, le village souffre d’un énorme problème de transport, poursuit-il. «Les autobus ne passent pas par le village pendant la journée même si c’est prévu !»
Effectivement, lorsqu’on l’a abordé, il accompagnait son épouse à l’arrêt d’autobus qui se trouve hors de la zone résidentielle du village. «Pendant la journée, on n’a pas d’autobus. Il nous faut parcourir une longue distance pour aller à l’arrêt d’autobus. Les bus ne passent que le matin à l’intérieur du village.»
Son épouse, Malini, ajoute que «les autobus passent pour récupérer les élèves. Sinon, il faut se préparer à faire une longue marche. Des fois, il arrive qu’on aperçoive l’autobus à mi-chemin. Il faut alors courir pour ne pas le rater. S’il arrive que certains chauffeurs patientent, d’autres ne s’en émeuvent guère et continuent leur route. »
«Il faut courir pour sortir du village. Cela devient de plus en plus pénible parce qu’on n’a pas la même énergie tous les jours. Si on rate un bus, on doit attendre trente minutes, des fois même pendant une heure dans un endroit isolé pour attraper le suivant.»
Plus loin, à l’arrêt d’autobus, ce sont des passagers affichant l’exaspération qui attendent. Venouga Ramalingoodayen et sa fille y sont depuis une heure déjà. Mère et fille espèrent avoir un transport d’une minute à l’autre.
La crainte de l’insécurité
La fille, Yoshini, explique d’un air désabusé que c’est la routine. «Tous les jours on doit faire environ 400 mètres pour venir jusque-là et si on n’a pas de chance on doit attendre.» L’étudiante ajoute que même si les autobus ont des consignes pour rentrer dans le village, les chauffeurs n’en ont cure.
Ce n’est que le matin que les villageois peuvent vraiment profiter du transport en commun sans avoir à se déplacer. Contrairement aux autobus qui desservent la ligne de Mahébourg, ceux qui font le trajet jusqu’à Port-Louis et Curepipe bénéficient du service jusqu’à 8 h 30. Ensuite, c’est le marathon qui les attend.
«Heureusement que ma mère m’accompagne souvent. Des fois elle vient m’attendre. C’est dangereux ici. Des personnes mal intentionnées qui connaissent l’endroit guettent souvent les passagers. Il y a eu des cas de vol à l’arraché», poursuit Yoshini.
«Tous les jours je l’attends à son retour, intervient Venouga Ramalingoodayen. Surtout après le coucher du soleil. Il faut à tout prix que je sois là. C’est effrayant de faire seule ce petit bout de chemin, surtout avec le manque d’éclairage. Les lampadaires ne fonctionnant parfois pas», lance-t-elle.
Olivier Mathieu aussi pointe du doigt l’insécurité autour du lieu. «Souvent on est seul à attendre le bus. Des malfrats rôdent dans le coin. C’est facile pour eux de se cacher dans les champs de canne. En ce moment, après la coupe, tout a l’air normal. Sinon, on prend des risques lorsqu’on attend là. Les chauffeurs d’autobus doivent faire preuve de compassion et faciliter la vie des habitants.»
Richard L’Olive également attire l’attention sur le risque d’attaque et d’agression. «J’ai un atelier d’aluminium. Je suis rarement sur place. Mais les jours où je travaille ici, je prends mes précautions pour me protéger contre des malfrats. Les panneaux d’éclairage ne sont pas d’une grande utilité. Certains ont même été découpés et enlevés par des voleurs.»
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