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Thierry Sauzier: «Notre smart city Uniciti s’articule autour de l’économie du savoir»

8 septembre 2017, 23:30

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Thierry Sauzier: «Notre smart city Uniciti s’articule autour de l’économie du savoir»

Inaugurée hier, Uniciti, la ville intelligente du groupe Medine Property, se veut une référence de la région en matière de l’économie du savoir. Elle ambitionne aussi de se positionner en tant qu’offre unique à Maurice et en Afrique.

Medine a inauguré, hier soir, sa «smart city». Qu’est-ce qui différencie son projet des «smart cities» du groupe ENL et d’Omnicane, qui ont déjà affiché leurs couleurs ?
Pour la diversification de ses activités dans les années 2000, Medine a travaillé sur un plan directeur afin de développer les 10 000 hectares de terres de la compagnie, situées sur la côte ouest de l’île. Un premier plan a été publié en 2005 et a été affiné durant les dix dernières années pour aboutir à Uniciti. Ce projet de smart city s’étend sur un terrain de 800 arpents entre Bambous, Cascavelle et Flic-en-Flac où, nous l’espérons, vivront à terme 12 000 habitants.

Si nous avons pu être tentés dans notre réflexion sur cette smart city de cut and paste ce qui existait ailleurs, à savoir le Live, Work, Play, nous avons préféré concentrer notre énergie sur ce qui allait nous différencier des autres et nous positionner comme une offre unique à Maurice et en Afrique. C’est ainsi que l’essence de notre projet s’est dégagée autour du cercle vertueux de l’économie du savoir. D’où le nom de notre ville «Uniciti», dont le coeur du développement sera l’enseignement supérieur autour duquel graviteront toutes les autres composantes qui feront de cet ensemble une smart city.

Quel est l’intérêt d’avoir opté pour une formule de développement immobilier inspirée des vertus propres à celles des villes intelligentes ?
Le développement de notre ville s’inscrit dans un contexte de concentration urbaine à l’échelle mondiale. Actuellement, 50 % de la population mondiale vit dans des villes et cette proportion devrait passer à 70 % d’ici 2050 pour seulement 2 % de la surface terrestre occupée par les villes.

L’objectif était donc de travailler en amont sur la création d’une ville avec pour enjeu l’optimisation de l’espace, des coûts de développement et la planification urbaine, afin de s’assurer du bien-être des habitants d’Uniciti. Cela, de la façon la plus intelligente possible, d’où la formule de ville intelligente.

Résidences universitaires, «smart cities», centres commerciaux… Autant de projets qui ont un effet sur la valeur des terres dans la région. Expliquez-nous quel a été l’effet de l’implantation de ces projets sur la valeur des terres.
Un développeur responsable voit les choses à long terme. Réaliser des projets immobiliers sur une grande échelle sans une réflexion approfondie et une planification minutieuse peut impliquer des dommages irréversibles ! Comme disait Renzo Piano (NdlR, Pritcker Architecture Prize – l’équivalent du prix Nobel d’architecture), «en architecture, une erreur ça peut durer longtemps».

Les Mauriciens et les étrangers démontrent de plus en plus un intérêt à vivre sur la côte ouest, dans un environnement agréable avec toutes les facilités (écoles, shopping, sports, loisirs, culture, réseaux routiers adéquats…), à une faible distance de leur domicile. Notre réflexion pour créer une ville en harmonie avec cette partie de l’Ouest et y réaliser différents projets a fait évoluer positivement la valeur des terres à Cascavelle, à Flic-en-Flac.

Les facilités et infrastructures que comptera à terme Uniciti, à savoir un amphithéâtre, des parcs, un centre d’art, un centre sportif, des pistes vertes et un réseau routier amélioré, donneront d’autant plus de valeur ajoutée à ces terres. À long terme, nous sommes confiants que cette approche valorisera les terres du groupe Medine de façon soutenue.

De plus, un promoteur sud-africain m’a un jour appris qu’en immobilier, «you must always leave something for the buyer in terms of value ». C’est ce que nous nous efforçons de faire dans tous nos projets et la satisfaction du client est notre priorité. Dans l’immobilier, la satisfaction se mesure par la qualité du produit et le potentiel que le produit peut offrir. Il est toujours satisfaisant de savoir que le bien qu’on possède vaut potentiellement plus que ce qu’on a payé.

Quels sont les projets qui ont contribué à changer le visage de la région ouest ?
En général, ce sont ceux qui permettent de changer la vie des habitants de la région et des nouveaux venus. L’accès routier est certainement le premier facteur qui attire les gens et le Beaux-Songes-Phoenix by-pass a contribué à rapprocher l’Ouest du reste du pays. Les infrastructures de services constituent aussi un attrait important. Le Cascavelle Shopping Centre, la West Coast Primary School, les bureaux et bientôt le centre sportif vont changer la vie des habitants.

Lequel de ces projets a eu ou aura, sur les court, moyen et long termes, le plus d’impact sur la région au niveau de l’emploi, la création de richesse et la croissance économique ?
L’impact des projets de Medine sur la région ouest, depuis le lancement des projets de Tamarina en 2005, a été considérable en matière d’investissements et de création d’emplois. De 2005 à 2015, nous avons investi plus de Rs 8 milliards et développé plus de 5 000 lots de morcellement et 100 000 m2 de projets. Notre groupe emploie 1 500 personnes et les emplois directs générés par les projets réalisés sur nos terres sur la dernière décennie se chiffrent à plus de 500 personnes.

Les termes «smart city» signifient que les infrastructures (le «hardware») sont «smart» et répondent aux exigences d’une ville intelligente. Que faut-il faire pour que le «software», à savoir les Mauriciens dans leur ensemble, adopte des comportements propres aux valeurs associées au mode de vie intelligent ?
Un comportement smart devrait contribuer à son bien-être personnel mais aussi au bien-être de la communauté dans laquelle on vit. Trop souvent, un comportement individualiste peut nous faire penser que notre bien-être est satisfaisant. Mais si notre comportement s’attaque à la liberté des autres, il n’est pas intelligent car l’autre va réagir en conséquence au détriment de tous.

Dans une ville intelligente, il faut des citoyens intelligents. Notre ambition : des actions citoyennes de concert avec les autorités, les étudiants, les résidents, etc. Nous souhaitons organiser régulièrement des campagnes de sensibilisation et surtout des actions pour la propreté, l’économie d’énergie et le partage avec la communauté, notamment les plus démunis. Cela se traduira, par exemple, par des jours de nettoyage mensuels que nous allons mettre en place avec nos équipes chez Medine et les étudiants sur nos campus. Nous allons aussi organiser des jours de jardinage mensuels ou encore réserver des créneaux dans notre centre sportif pour initier les plus défavorisés aux sports, dont la natation, le tennis et le football.

Avec la valorisation de la terre, jusqu’ici sous culture de canne, et la baisse de la valeur du sucre sur le marché mondial, s’achemine-ton vers une élimination lente mais certaine de la culture de la canne et de la production du sucre dans sa formule actuelle ?
La canne fait partie de notre patrimoine historique, voire de notre ADN. Son élimination, à ce jour, est totalement impensable et la culture de la canne est et restera une activité très importante chez Medine. Le challenge sur le prix du sucre est bien présent et nous avons pris et continuons à prendre des mesures pour que nos opérations soient les plus efficaces possibles pour préserver cette activité.

Compte tenu des espaces réclamés pour réaliser des projets immobiliers, pouvez-vous faire un état des lieux donnant des détails sur la superficie de terres marginales ou celles qui étaient plantées en canne et qui ont finalement été utilisées pour d’autres projets ?
Nous avons eu une politique au cours des dix dernières années chez Medine de replanter systématiquement de la canne et de garder un équilibre entre les terres allouées à l’immobilier et la replantation de la canne. À titre d’exemple, de 2011 à 2017, nous avons replanté 471 hectares pour seulement 212 hectares développés sur des terres de canne. Nous avons donc replanté un surplus de 259 hectares en canne durant cette période. À terme, avec le développement d’Uniciti, le solde entre la canne et les développements fonciers va être neutre.