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Surinam: naviguer, le rêve de Marie Rose femme pêcheur
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Surinam: naviguer, le rêve de Marie Rose femme pêcheur
Elle, c’est le portrait de la débrouillardise. Cette habitante de Surinam ne baisse jamais les bras et veut inspirer les femmes. Vice-présidente de l’Association des pêcheurs de Riambel, elle est la seule femme qui soit partie pêcher en haute mer.
Ex-conseillère et présidente du conseil de son village, mère de famille, travailleuse sociale et aussi maraîchère, Marie Rose Randany, 56 ans, nous raconte son parcours. «J’ai tout le temps aimé la mer.» Mais avant de se mettre à la pêche, elle a fait un peu de tout. Sa première partie de pêche remonte à plus de 40 ans ; en fait, elle n’avait alors que huit ans. «Mo ti pé ed mo mama dan kann. Ti levé katrer dimatin, ti pé al travay dan kann pou gagn enn sou pou asté gram kan al lekol. Mo pa ti kontan. Lerla enn zour mo ti sové, mo ti al lapes avek mo tonton. Kan mo mama ti konn sa, boku baté mo ti gagné. Sa zour la mo ti koné mo anvi vinn peser, mé mo pa ti anvi dépler mo mama», raconte-t-elle avec nostalgie.
Ce rêve d’aller en mer refoulé, elle mène une vie comme les autres filles de son âge. Elle finit par se marier à un jeune âge. Mais la vie conjugale n’est pas facile. «Kan monn maryé, mo ti koné tou létan mo pou bizin travay.»
Pour aider à faire bouillir la marmite, elle cherche un boulot dans les champs de canne et les plantations agricoles. Mais les déboires conjugaux sont un lot quotidien qu’elle subira jusqu’à ce que le couple se sépare. Du jour au lendemain elle se retrouve avec des enfants qu’il lui faut nourrir seule.
Si aujourd’hui elle a refait sa vie, elle s’occupe désormais de ses cinq petits-enfants dont la dernière de la famille qui est toujours à l’école. «Je préfère travailler dur et m’occuper de mes petits-enfants que de les laisser traîner les rues», souligne-t-elle.
Pour y arriver, elle se tourne vers la côte. Au début, elle commence par «pik ourit». Ensuite, elle apprend à se débrouiller en compagnie d’un vieux pêcheur qu’elle considère comme son mentor. Ce dernier lui apprend à construire des casiers. Mais la seule chose qu’elle souhaite c’est de pouvoir naviguer indépendamment, sans que des pêcheurs l’accompagnent.
Encadrement
«Je vais en haute mer, oui. Mais il faut qu’un homme m’accompagne. Des fois, si ce n’est pas mon fils, je dois payer quelqu’un pour venir avec moi.» Elle dit que cela lui coûte beaucoup de dépendre des autres. «Parfwa, bannla atann zot fini bwar. Li riské pou mwa. E mo fini perdi kazyé koumsa. Mo kapav perdi Rs 10 000. Li boku sa. Mé mo pa pran risk kan létan pa bon.»
Elle est d’avis que le gouvernement devrait encadrer les femmes et les nouveaux pêcheurs. «Si selman gouvernman ti ankouraz nou. Si mo ti gagn enn formasion pou navigé, mo ti pou fer li momem. Parey pou bann nouvo peser, zot bizin aprann lamer e bizin montré zot.»
La pension que reçoivent ses petits-enfants étant insuffisante, elle a recours à tout pour pouvoir y ajouter un petit plus. Elle ne peut dépendre que de la pêche, elle «travay later» aussi. Elle fait de l’élevage : chèvres, canards et volailles.
De plus, comme elle a la main verte, elle n’a pas hésité à transformer un terrain en friche devant chez elle en un petit potager. Cette idée lui est venue après un malheureux incident. «Ce potager en face de ma cour était un terrain en friche. Un jour un malfrat (qui est aussi un proche) s’en est pris à ma fille alors que j’étais ailleurs. Il s’est caché là. La rage m’a poussée à tout nettoyer moi-même. Après j’ai commencé à planter des légumes. C’est très utile pour moi et les habitants du coin.»
Dans son potager on peut trouver un peu de tout : laitues, brèdes, betteraves, bringelles, herbes fines, haricots mangetout. Pour ne pas attendre que les habitants viennent acheter ses légumes, elle n’hésite pas à faire du porte-à-porte, à bicyclette, les matins.
La clef, c’est la volonté dit-elle pour conclure. «J’encourage les femmes à faire de même. Il faut arrêter d’attendre que les autres fassent quelque chose pour nous. Il faut se débrouiller.»
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