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Conditions de travail: les Bangladais pas les seuls à plaindre
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Conditions de travail: les Bangladais pas les seuls à plaindre
Conditions de travail déplorables, exploitation, agression... Maurice est loin d’être l’eldorado promis pour nombre de travailleurs étrangers. Les anciens employés de l’usine Avant en ont fait la difficile expérience. Ils ne sont pas les seuls à avoir subi ces problèmes.
La main-d’œuvre étrangère provient principalement d’Inde, de Chine, de Madagascar, du Népal, du Sri Lanka et du Bangladesh. Cependant on entend surtout parler des Bangladais dans les médias. Doit-on déduire que ceux issus d’autres pays sont mieux lotis ? Non, affirment Faisal Ally Beegun et Atma Shanto, qui défendent la cause de cette catégorie d’ouvriers. Selon les deux syndicalistes, peu importe leurs origines ou encore les secteurs dans lesquels ils sont employés, ils sont tous sujets à ces problèmes.
Les Bangladais sont plus nombreux parmi la masse de travailleurs étrangers. Ce qui explique qu’on entend surtout parler de leurs problèmes, conviennent les deux hommes. Faizal Ally Beegun précise qu’il se pourrait que certaines entreprises soient à l’écoute des doléances de leurs employés et s'empressent d'y remédier. Ainsi ces cas ne font pas grand bruit.
Pour sa part, Atma Shanto affirme que les ouvriers d’autres nationalités font preuve de plus de discrétion, par peur d’être déportés sans la possibilité de revenir. «Du coup, certains acceptent leur sort. Par contre, les ouvriers bangladais sont plus combatifs», ajoute-t-il. Comment expliquer cela ? «La majorité d’entre eux sont issus de Dhaka, un endroit très pauvre. Maurice leur a été présenté ecomme un eldorado. Ils ont contracté des emprunts pour venir travailler chez nous», affirme le syndicaliste.
Mais, beaucoup de Bangladais se font exploiter. Leur salaire étant insuffisant pour rembourser leurs emprunts et envoyer de l’argent à leurs proches, les ouvriers étrangers se retrouvent dans l’obligation d’effectuer de petits boulots à temps partiel, allant du ménage, à la maçonnerie. Certains travaillent dans des champs de légumes, d’autres auprès de prestataires de mariages ou de marchands de kebab ou encore font de la couture à raison de Rs 50 de l'heure. «C’est de l’exploitation, mais ils ne le savent pas», raconte Faisal Ally Beegun.
L’exploitation se fait même sur leurs lieux de travail officiels. Nombre d’ouvriers opéreraient dans des conditions déplorables alors que les salaires, les heures supplémentaires, ainsi que la contribution pour le National Pension Fund de certains restent impayés. A l’expiration de leurs contrats ou lorsqu’ils veulent rentrer chez eux, la direction dit ne pas avoir les moyens de payer leurs billets, affirment les syndicalistes. Ils peuvent aussi être victimes d’agression verbale et physique.
Atma Shanto indique que certaines compagnies demandent aux employés de contribuer pour les envoyer chez eux. «Ce qui est illégal», dit-il. Ce problème n’aurait pas lieu si un système de garantie bancaire était mis en place, renchérit Faizal Ally Beegun.
Ces ouvriers étrangers ne resteront pas dans leurs dortoirs à se tourner le pouce. Certains choisissent de «disparaitre». «Au fur et à mesure, ils ont appris à connaître Maurice et à identifier des endroits où ils peuvent se cacher. Bien sûr, ils essaient de décrocher un meilleur travail avant de disparaître», affirme-t-il.
A juillet 2017, Maurice comptait 38 385 travailleurs étrangers. Les Bangladais y sont en majorité.
<p><strong>Bangladais 21 431</strong></p>
<p><strong>Indiens 8 147</strong></p>
<p><strong>Malgaches 3 910</strong></p>
<p><strong>Chinois 2 310</strong></p>
<p><strong>Sri-Lankais 1 436</strong></p>
<p><strong>Népalais 316</strong></p>
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