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Rajesh Callicharan: «Sinema se pa zis blockbuster, ramas kas»

3 octobre 2017, 00:56

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Rajesh Callicharan: «Sinema se pa zis blockbuster, ramas kas»

Quel impact la Mauritius Cinema Week aura-t-elle sur le sec- teur à Maurice ?

C’est une bonne initiative. À l’étranger, on dépense beaucoup d’argent pour des festivals de ce genre. Cela donne de la visibilité.

Les séances proposées sont gratuites. Qu’est-ce que cela vous rapporte ?

Quand le Board of Investment (NdlR : organisateur de la Mauritius Cinema Week) a fait appel aux propriétaires de salles, je suis le seul à avoir répondu présent. Cela les a étonnés. Comme c’est une première, j’ai seulement demandé que l’on couvre certaines de nos dépenses.

Donnez-nous un ordre d’idée.

Rs 10 000 par séance, c’est tout.

En temps normal, une séance de cinéma coûte deux à trois fois plus ?

Quatre fois plus, quand vous comptez l’électricité, les salaires etc. Nous acceptons ce manque à gagner, ce sera un plus à l’avenir.

Deux films mauriciens sont à l’affiche de la Mauritius Cinema Week : «Les enfants de Trou- maron» de Harrikrisna Anenden et «Lonbraz kann» de David Constantin. Est-ce suffisant ?

La situation est très difficile pour les films locaux. La population est de 1.2 million et le budget d’un film mauricien tourne autour de Rs 5 millions à Rs 6 millions. Pou tir sa kass la bien difisil.

Mais si on donne au public le goût des films locaux, alors ce sera moins dur de les rentabiliser. Nous essayons de créer un élan pour que les Mauriciens attendent la sortie de films locaux. On y arrivera avec le temps et en misant sur la qualité. Il faut aussi être patriotique et soutenir les films mauriciens.

Avant, pour qu’une salle diffuse un film mauricien, elle réclamait Rs 15 000 à Rs 20 000 au producteur, qui lui-même cherche à rentabiliser son produit. Nous, nous allons garder un créneau pour diffuser les films mauriciens sans rien demander à l’avance au producteur. Ensuite nous partagerons la recette à 50 %. C’est notre manière d’encourager les Mauriciens à produire des films.

En sus d’être diffuseur, vous vous êtes lancé dans la production de films.

Nous attendions le bon moment pour financer un film. L’occasion s’est présentée avec Panik, le film des Komiko (NdlR : Panik sort le 1er novembre). Ils ont presque 25 ans d’expérience, nous avons 30 ans d’expérience. Ensemble, nous proposerons un bon produit.

Dans le passé, j’ai vu des producteurs qui ont disparu après avoir fait de grosses pertes. Kass ki ti ena dan pos sa ousi finn ale. Si on ne donne pas des encouragements, le secteur ne décollera jamais.

En 2016, vous avez reçu le titre de meilleur acheteur de films pour Maurice, au festival Indywood. Vous êtes en situation de monopole?

Je fournis 90 % des films en salles à Maurice.

Vous fournissez aussi d’autres pays ?

Nous envoyons surtout les blockbusters bollywoodiens aux Seychelles et à La Réunion.

Que vous apporte cette situation de quasi-monopole ?

Cela crée de la confiance auprès des distributeurs. La crédibilité est importante. Zot pa donn film tou dimoun. C’est déjà arrivé que quelqu’un fasse une promesse d’achat et puis se rétracte. C’est difficile pour le distributeur de vendre son film par la suite.

Aujourd’hui, on nous connaît sur le marché indien. Par exemple, récemment, l’équipe de tournage de Judwaa 2 souhaitait voir le film Mubarakan. J’ai reçu David Dhawan –– que j’ai rencontré plusieurs fois – et Jacqueline Fernadez à MCiné. C’est par des contacts avec Sony Entertainment Television que cela s’est fait.

Après une dizaine d’années en situation de quasi-monopole, quel regard jetez-vous sur l’évolution du cinéma à Maurice ?

Aujourd’hui les cinémas sont équipés des dernières technologies et du meilleur confort. Ce sont les mêmes facilités que l’on peut avoir en Europe. Dimoun la pa kapav plaigne.

Une progression de 30 % dans la fréquentation, comparée à l’année dernière, est visible dans les salles les mieux équipées. La quatrième salle de MCiné Trianon ouvrira fin février 2018. Et puis, les films indiens sortent en même temps qu’à Bollywood, parfois même avec quelques jours d’avance.

Un exemple ?

Jagal Jasoos. Kapav dir dan lemond nou finn sorti premie.

Comment parvenez-vous à faire cela ?

Quelqu’un qui était en voyage a ramené le film. Même Rishi et Ranbir Kapoor ne l’avaient pas encore vu. Les distributeurs ont donné la primeur à l’étranger. Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, en six heures, vous pouvez obtenir un film.

Ce sont les films de Bollywood qui marchent le mieux à Maurice ?

Oui. Des blockbusters américains comme Fast and Furious 8 qui attirent la population en général, peuvent faire aussi bien que les films indiens. Mais tous les films de Hollywood ne marchent pas ici.

Est-ce que vous hésitez à programmer des films potentiellement moins populaires ?

Pas du tout. Tout film a son public. Nous devons satisfaire tous les publics. Sinema se pa zis blockbuster ramas kas.