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Devesh Dukhira: «L’industrie du sucre a toujours un avenir à Maurice»

3 octobre 2017, 10:50

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Devesh Dukhira: «L’industrie du sucre a toujours un avenir à Maurice»

Le quota de sucre produit à partir de la betterave sur le marché européen a été aboli le 1er octobre. Un coup de massue pour Maurice. Le Mauritius Sugar Syndicate a recruté un expert dans la vente du sucre. Son CEO reste cependant optimiste.

Le Mauritius Sugar Syndicate (MSS) a retenu les services d’un expert, Laurent Courteille, pour commercialiser le sucre. Qui est-il ?
Nous devions réagir face à l’abolition du quota du sucre sur le marché européen le 1er octobre. Donc, nous avons choisi Laurent Courteille pour nous aider à commercialiser notre sucre en Europe et même en dehors de ce continent. C’est un expert dans la vente de sucre. Il compte une trentaine d’années d’expérience et a travaillé avec des producteurs de sucre de renom, dont Saint Louis Sucre, Suedzucker, Tereos et Cargill. C’est quelqu’un qui connaît aussi le secteur cannier à Maurice puisqu’il y est déjà venu. 

Ne pensez-vous pas qu’un Mauricien aurait pu faire ce travail ?
On a affaire à quelqu’un qui connaît bien le marché européen et celui hors de l’Europe. Il nous faut une personne basée en Europe et qui maîtrise bien les marchés du continent car nous nous sommes situés à 10 000 kilomètres de celui-ci. L’expertfera le va-et-vient entre Maurice et Paris, où il sera basé. Comme je vous l’ai dit, il connaît le secteur de la canne à Maurice et j’estime qu’il a toutes les compétences requises pour mener à bien ce rôle.

Contrairement aux services d’un Mauricien, les services de l’expert coûteront sans doute cher, n’est-ce pas ?
Ne comptez pas sur moi pour vous dire combien coûteront ses services. Mais je suis convaincu qu’il pourra nous faire gagner davantage. Car avec cette rude concurrence, il faut quelqu’un avec de l’expérience pour vendre notre sucre à de meilleurs prix. Il nous rapportera plus que ce que nous allons dépenser avec lui.

Donc, vous êtes convaincu qu’avec Laurent Courteille, le pays obtiendra de meilleurs prix pour son sucre ?
Absolument. C’est sûr que nous ne pouvons compter sur des contrats à long terme, car le prix sera incertain sur le marché. Il y aura de nouveaux prix d’un mois à l’autre. De ce fait, aucune compagnie ne voudra signer de contrat à long terme, préférant étudier le marché.

Est-ce difficile de donner une indication du prix du sucre sur le marché à partir du 1er octobre ?
Je peux vous dire que, dans un premier temps, le prix tournera autour de Rs 13 500 la tonne de sucre. Mais, dans quelques semaines, il pourrait chuter, tout comme il pourrait augmenter. Mais on prévoit une baisse, car aussitôt le quota libéralisé, il y aura un surplus de sucre produit à partir de la betterave sur le marché européen. Les betteraviers ont un avantage sur nous. Leur coût de production est inférieur au nôtre et ils miseront sur la proximité du marché pour vendre moins cher.

Ne pensez-vous pas que Maurice a aussi intérêt à se tourner vers le marché africain ?
Si vous avez écouté ou lu mon discours prononcé lors de l’assemblée générale du Syndicat des sucres, vous aurez noté que j’ai indiqué qu’avec un déficit de 3 millions de tonnes de sucre dans le continent subsaharien d’Afrique, celui-ci est une aubaine pour Maurice.

Mais certains pays n’ont pas ratifié l’accord de libreéchange commercial. À l’instar du Kenya, de la Tanzanie et de l’Afrique du Sud, qui ont limité l’accès aux marchés régionaux. Donc, nous ne sommes pas certains d’obtenir des avantages en nous tournant vers l’Afrique. Néanmoins, le MSS a pu vendre 100 000 tonnes de sucre dans cette région durant les trois dernières années.

N’empêche qu’avec l’incertitude qui plane sur le marché, les planteurs veulent être compensés sur la mélasse et la bagasse. Ne pensezvous pas qu’il faille revoir le prix de ces deux sous-produits du sucre ?
Je sais que depuis quelques années, les planteurs militent pour un meilleur prix de ces produits. Mais je suis mal placé pour vous donner mon opinion, car c’est une décision politique.

Lors de l’assemblée générale du MSS, le ministre de l’Agro-industrie a parlé de la nécessité d’une production minimum de 400 000 tonnes de sucre pour les quatre usines. Est-ce réalisable ?
La dernière prévision faisait état d’une production de 350 000 tonnes de sucre. Soit une baisse de quelque 10 000 tonnes par rapport à l’année dernière. Il faut absolument qu’on produise ces 400 000 tonnes pour que les usines opèrent d’une façon optimale.

Justement, a-t-on les moyens d’atteindre cette production ? Car nous notons de plus en plus d’abandons de terres sous culture de la canne.
Non seulement je souhaite qu’on atteigne cet objectif, mais je pense qu’on peut le faire. Certaines mesures ont été prises et annoncées par le ministre l’autre jour, comme le projet de regroupement des planteurs. On a appris que ce projet a pu couvrir une superficie de 950 hectares et, cette année, l’objectif est d’atteindre 400 hectares.

De plus, n’oublions que le comité mis sur pied pour étudier l’impact de l’abolition du quota a pris une série de mesures, dont l’abolition du paiement du CESS (NdlR, contribution des planteurs pour les institutions tombant sous la responsabilité de la Mauritius Cane Industry Authority).

Mais ce sont des mesures temporaires prises pour un certain temps seulement, non ?
Ce sont des mesures prises pour apporter un soulagement immédiat aux planteurs. Mais il faut qu’il y ait un exercice structurel, avec le soutien de tout un chacun. Il faut des mesures sur le long terme.

Contrairement à la communauté des planteurs, vous êtes quand même assez optimiste pour le secteur cannier. Absolument. On peut donner un nouveau dynamisme à ce secteur. Il nous faut explorer d’autres marchés, comme la Chine, par exemple.