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Poste-de-Flacq: Jean Marie Lapureté le «raphia man»
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Poste-de-Flacq: Jean Marie Lapureté le «raphia man»
Si vous passez par Poste de- Flacq, il est difficile de ne pas voir les couleurs flamboyantes des paniers en raphia et en vacoas exposés près d’un feu de signalisation. Caché parmi les paniers, un homme. Jean Marie Lapureté transforme les fibres de raphia en panier à l’aide de son aiguille. Il est sur place six jours sur sept, depuis dix ans.
L’habitant de ce village de l’Est, pas très bavard, raconte que tisser des paniers n’était pas son premier choix de travail, même s’il a grandi en observant sa mère confectionner les «tentes raphia». «Lépok lékol, mo mama ti pé fer sak rafia ek vacoas. Mo ti pé ed li parfwa mé mo pa ti éna lintansion fer sa.»
Mais après des années passées sans emploi fixe, il a finalement cédé à l’appel au bon sens de sa mère. «J’étais sans emploi. Je n’arrivais pas à trouver du boulot. Souvent ma mère me priait de l’aider dans la confection de sacs en raphia. J’ai sauté le pas en 2006, quand j’ai décidé de travailler avec elle. Depuis, nous sommes venus ici, à cet emplacement, pour pouvoir être plus visibles pour nos clients.»
Il avoue que même si la décision venait de lui, il aurait préféré faire autre chose dans un premier temps. Mais petit à petit, il est devenu un visage connu et ses rencontres avec les clients lui plaisaient. De plus, la satisfaction de pouvoir rapporter de l’argent grâce à ses propres efforts était sans prix. «Plito ou fer enn ti travay ki ou res atann mem. Mo pa gagn bokou cash mé mo pa bizin depann lor personn.»
Pour lui, sans l’encouragement de sa mère, il serait surement toujours au chômage. Il a tout appris d’elle : comment manier une aiguille et tresser un panier, où acheter les fils de fibre de raphia, comment nettoyer le vacoas et le faire sécher avant de pouvoir natter les feuilles, entre autres. Les années d’expérience lui ont appris la rapidité et la dextérité. Il peut tresser un panier en moins de deux heures.
Si des fois les clients ne manquent pas, Jean Marie peut aussi passer une journée, voire même des jours, sans rien vendre. «Il y a des jours sans. Je retourne bredouille chez moi. Une chance pour nous que nous ayons de petites commandes régulières venant des hôtels ou de gens qui se marient.» Pour ne pas laisser son commerce tomber, il vend aussi des objets artisanaux, pour satisfaire sa clientèle. «Ou bizin trouv enn mwayin pou atir kliyan.»
Mais ce n’est pas pour autant qu’il songe à faire autre chose. Pour lui, même si la vente diminue, les Mauriciens préféreront toujours «leur sac raphia et leur sac vacoas»…
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