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Aquaculture: les hôteliers font barrage au projet de Growfish

5 octobre 2017, 17:47

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Aquaculture: les hôteliers font barrage au projet de Growfish

Growfish International (Mauritius) Ltd devrait obtenir incessamment un permis d’Environmental Impact Assessment (EIA) pour son projet de ferme aquacole à Bambous. L’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), elle, monte au créneau. Elle s’oppose catégoriquement à ce projet.

C’est ce que fait ressortir son Chief Executive Officer, Jocelyn Kwok, dans une lettre adressée au secrétaire permanent du ministère de la Sécurité sociale, de la solidarité nationale, de l’environnement et du développement durable, le 21 septembre. La lettre est copiée au ministère de la Pêche et à celui du Tourisme, au directeur général du Board of Investment (BoI), ainsi qu’au comité EIA.

Dans la correspondance, l’AHRIM soutient se baser sur les trois conclusions d’un rapport qu’elle a commandité auprès d’un panel de quatre experts indépendants. Panel dirigé par le Belge Michel De San, chef de mission et biologiste spécialisé dans la gestion de projets de développement des pêches et de l’aquaculture. L’AHRIM a souhaité obtenir l’avis d’experts reconnus dans divers domaines liés à l’aquaculture sur la faisabilité de ce projet suivant la demande de permis EIA par Growfish International (Mauritius) Ltd.

Le rapport, en date du 19 septembre, a conclu premièrement que les garanties données par la société Growfish sont insuffisantes. «D’un point de vue purement technique, le projet tel qu’il a été proposé ne répond pas à la définition d’une activité responsable. Il ne s’inscrit pas, à notre sens, dans les grandes tendances internationales et ne reflète pas les ambitions du gouvernement mauricien telles que formulées dans les divers rapports stratégiques.»

Deuxièmement, que la viabilité et l’intérêt économique du projet n’ont pas été démontrés. «Le survol des expériences passées en matière d’aquaculture nous renseigne amplement sur la difficulté de rentabiliser une exploitation de taille industrielle à Maurice. Les ambitions du promoteur – un volume de production 30 à 100 fois plus important que celui de la Ferme marine de Mahébourg (FMM) – ne semblent pas tenir compte de l’analyse faite dans le rapport du BoI (2015) sur les problèmes qui affectent l’industrie et les difficultés de la FMM.»

Et pour finir, qu’il existe un réel «risque de requins». «À la lecture des rapports d’étude de comportement des requins, le risque que l’élevage en cage engendre un ‘effet DCP’ (NdlR: Dispositif de concentration de poissons) du fait des interactions avec le milieu et attire ainsi les petits poissons pélagiques mais aussi les prédateurs opportunistes dont les requins, semble logique. Si aucun lien de cause à effet n’a pu être démontré (…), l’ampleur de notre ignorance sur le comportement des requins d’une part, et l’absence d’étude scientifique démontrant un ‘risque zéro’ d’autre part, appellent la plus grande prudence.»

Intérêts du pays

Ce qui fait dire à l’AHRIM que le permis EIA ne doit pas être accordé à Growfish, au détriment d’une industrie touristique employant plus de 100 000 personnes directement ou indirectement. «Le secteur de l’aquaculture industrielle proposé ne pourra jamais surpasser celui du tourisme, qui est l’une des clefs de voute du développement de Maurice, que ce soit sur le plan économique ou social», a écrit l’AHRIM dans la lettre aux autorités concernées.

«L’État projette d’attirer, dans un futur proche, plus de 1,5 million de touristes par an, sans parler du développement des IRS et de l’accueil des retraités. Une aquaculture responsable ne doit pas contrecarrer ce plan. Il est clair, au vu de l’importance économique du tourisme pour Maurice, que les choix du gouvernement dans le développement de l’aquaculture doivent appliquer le principe de précaution pour ne pas nuire aux intérêts du pays.»

L’association regroupant les hôteliers et les restaurateurs recommande à ces derniers de revoir la stratégie d’aquaculture du pays. Interrogé hier, Jocelyn Kwok affirme que la réunion entre l’AHRIM et les promoteurs en juillet (réunion organisée sous l’égide du ministère de la Pêche et du BoI, entre autres) s’était conclue sur la décision d’un partage d’informations entre les différentes parties prenantes.

«De notre côté, nous avons sollicité un panel d’experts qui nous a remis leur rapport deux semaines de cela. C’est sur la base des conclusions du rapport que nous disons non au projet d’aquaculture de Growfish. Depuis que nous avons formulé nos commentaires aux autorités compétentes, nous attendons toujours une réaction du comité EIA», a fait valoir le CEO de l’AHRIM.

Nous avons également sollicité Growfish. Leur réponse est toujours attendue.


48 Cages

<p>La société <em>Growfish International</em> propose de développer l&rsquo;aquaculture industrielle sur quatre sites, hors lagon, à Bambous. La demande d&rsquo;EIA s&rsquo;applique auxdeux premiers sites qui comprendront chacun 48 cages pour une production annuelle estimée, à terme, de 30 000 à 40 000 tonnes de Cobia (un poisson d&rsquo;élevage). Si, dans un premier temps, il était prévu que Growfish développe deux autres sites au Morne, ses représentants ont affirmé, dans un entretien à <em>&laquo;l&rsquo;express&raquo; </em>le 24 juillet, que ceuxci seront transposés à Bambous.</p>