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Colmar : un berceau serein
Blotti entre les champs de cannes, Colmar se trouve sur la route permettant de relier Britannia à Camp-Diable. Hameau de quelques âmes seulement, Colmar est pourtant un lieu où pas une mouche ne vole. Il y règne la tranquillité, pour le plus grand bonheur des habitants qui chantent les louanges de cette vie-là.
C’est en suivant le panneau indiquant la route pour aller vers le kovil Amma Tookay, à Camp-Diable, que nous tombons sur cette minuscule localité. Celle-ci est composée de trois rues aux noms d’oiseaux, longues de quelques mètres seulement. Les maisons, une poignée, s’étendent autour du sub hall de ce quartier. Arborant en grandes lettres «Colmar Sub Hall», ce bâtiment en pierres et en béton n’est pas sans rappeler ceux construits pendant la période des camps sucriers.
Non loin de Britannia, il est rattaché à ce conseil de village. Sur place, la plupart des maisons arborent le même style que celui du Sub Hall. Et autre touche d’antan, celles-ci ont conservé les haies vertes de bambous ou composées d’arbustes.
Beaucoup plus insolite, vous pourrez même voir quelques linges en train de sécher en bordure de route. Scène, avouons-le, qui se fait rare.
Josiane, une habitante, ne tarit pas d’éloges sur son village. «Nou viv kouma fami isi. Nou an armoni, nou tou an akor», nous confie la femme de 63 ans. D’ailleurs, chez cette habitante, il n’y a aucune clôture et ses animaux – des canards, des poules et des chiens – se promènent en toute liberté. «Les animaux, c’est ma passion», avoue-t-elle tout en nourrissant ses canards.
Le silence
Notre interlocutrice vit ici depuis qu’elle s’est mariée, il y a plus de 40 ans. Elle explique dans ce hameau où vivent des personnes de différentes communautés, tout le monde se fréquente et est présent pour l’autre en cas de pépin.
Franchette Fanny, 57 ans, la rejoint sur ce point. «Tout le monde se comprend ici. Et écoutez cette tranquillité», lâche-t-elle. De confier qu’elle ne se sent pas très à l’aise là où cela grouille de monde et de bruits. «Ici, il y a le silence. Puis, on entend le vent, les oiseaux… Quelques fois les aboiements des chiens et des véhicules qui passent au loin», dit-elle avec son franc sourire. «Là c’est la période de coupe et on arrive à voir au loin, jusqu’au temple mais quand les cannes poussent c’est encore plus tranquille et on ne voit que la route principale», ajoute Josiane.
C’est pourtant dans ces champs de canne que la plupart des gens gagnent encore leur vie comme laboureurs. Toutefois, il y a aussi ceux qui, comme Franchette, continuent à travailler dans les habitations. «Je suis femme de ménage maintenant, mais j’ai travaillé sur les plantations avant», raconte-t-elle. «Nous vivons à Petit-Colmar, mais il y a le Grand-Colmar qui se trouve à une vingtaine de minutes de marche de là. C’est là-bas que je travaille. J’aime bien m’y rendre à pied, car cela me fait un peu de sport», confie la dame. En effet, elle jure que sa bonne santé, elle la doit à la marche quotidienne dans les champs de canne.
Seul point noir au tableau, c’est que le village est plutôt isolé et pour la plupart des activités, les habitants doivent se déplacer à Britannia ou encore Rivière-des-Anguilles. Pensent-elles pour autant quitter Colmar ? «Jamais ! Nous y avons presque toujours vécu. D’ailleurs, il y a quelques années, nous avons pu devenir propriétaire de nos maisons et ce n’est à présent plus un camp, mais un morcellement», dit fièrement Josiane.
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