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Ritesh Kumar: «Les risques de blanchiment d’argent via le secteur bancaire sont réels»
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Ritesh Kumar: «Les risques de blanchiment d’argent via le secteur bancaire sont réels»
En poste depuis mai, le vice-président de la Baroda Bank à Maurice affirme son ambition d’amener la banque indienne à une nouvelle étape. Il mise sur la modernité. L’un des projets de la banque : le «mobile banking», qui sera prêt en novembre.
Vous êtes à la tête de la branche mauricienne de la Baroda Bank. Quel est votre sentiment ?
J’ai un sentiment de satisfaction car cela fait 55 ans depuis que la banque Baroda s’est installée à Maurice. D’ailleurs, à l’époque, elle était le premier bâtiment à étage inauguré à Port-Louis, en 1970.
Au fil des années, la Baroda Bank, opérant comme une banque d’État, appartenant entièrement au gouvernement indien, s’est consolidée pour assurer une présence à travers le pays. Elle opère à ce jour huit succursales, dont deux à son siège social à Port-Louis et les autres à Curepipe, Rose-Hill, Quatre-Bornes, Vacoas, Flacq et Rose-Belle. Nous prévoyons d’ouvrir sous peu deux autres succursales, dont l’une pourrait se trouver dans la région d’Ébène.
L’une des spécificités de cette banque est son département de «mobile bank». Comment se présente celle-ci ?
La mobile bank a gagné en taille et touche aujourd’hui 1 700 clients provenant principalement de villages, allant du Nord au Sud, en passant par les régions Ouest et Est. Les employés de la banque sillonnent une palette de villages chaque semaine pour répondre aux demandes bancaires de ces habitants. Ils ont les mêmes facilités qu’un client normal de la banque. Notre tâche est de les accompagner pour qu’ils puissent rejoindre éventuellement la clientèle mainstream de l’établissement.
La Baroda Bank a fait profil bas ces dernières années, avec peu de visibilité sur le plan médiatique. À quoi attribuezvous cette situation ?
Il est vrai que la banque n’a pas été suffisamment agressive ces derniers mois. Il faut dire que beaucoup de choses sont faites en interne mais qui ne méritent pas d’être communiquées. Cela fait partie du travail de tous les jours. Par exemple, beaucoup de gens ne savent pas qu’une demande de prêt est ratifiée dans les 36 heures qui suivent, si tous les documents y relatifs sont déposés.
Comment se présente la Baroda Bank aujourd’hui au sein d’un secteur très compétitif ?
Pour survivre, il faut nécessairement s’appuyer sur certains atouts, dont la qualité de ses services et la capacité de répondre rapidement aux attentes de sa clientèle. Or, aujourd’hui, les clients sont exigeants. Et face à la présence de nombreux opérateurs, il faut constamment innover etproposer le «petit plus» pour faire la différence et maintenir notre portefeuille de clients.
Par exemple ?
Notre taux d’intérêt est à 5,4 % annuellement. Je ne dis pas qu’il est le plus bas sur le marché, mais la Baroda Bank est l’une des rares banques du pays à offrir ce taux à sa clientèle tout le long de la période du remboursement d’un prêt. Ce taux ne changera pas après une période de lancement, sauf si le taux repo est révisé à la baisse ou à la hausse.
Or, comme nous avons pu le constater ces derniers mois, voire ces dernières années, le taux directeur de la Banque de Maurice est sur une tendance baissière. Je pense que c’est une tendance qui va se poursuivre.
Il y a aussi le mobile banking, un projet sur lequel la Baroda s’est penchée ces dernières semaines et qui deviendra réalité fin novembre. C’est un service additionnel que nous proposons à nos clients, qui pourront très prochainement vérifier leurs comptes en ligne, effectuer des transactions et sans aucun frais supplémentaires. Nous faisons des tests actuellement pour fine-tune le système afin que tout soit prêt pour le lancement.
«Pour survivre, il faut s’appuyer sur ses atouts, dont la qualité des services.»
Quid de son poids sur le marché bancaire ?
Je reconnais que face à de grosses pointures présentes à Maurice depuis un siècle, une banque opérant pendant 55 ans avec une enseigne étrangère ne pèse pas forcément lourd dans le paysage bancaire. Nous avons néanmoins assuré une constante progression avec un portefeuille de 28 000 clients à ce jour, des dépôts totalisant Rs 13 milliards au 31 mars 2017 et des avances de Rs 8,4 milliards pour la même période.
Sans compter notre pôle offshore lancé en 1990 et qui continue à se développer, ciblant essentiellement les marchés indien et africain. D’ailleurs, 70 % de nos revenus proviennent de nos opérations offshore.
Aujourd’hui, notre marché domestique est composé essentiellement du segment retail et commercial avec des clients venant de trois secteurs économiques, nommément des petites et moyennes entreprises, des opérateurs manufacturiers et des taxis.
Et vos parts de marché ?
La Baroda Bank détient 1,4 % des parts de marché. Ce qui est, reconnaissons-le, négligeable par rapport à d’autres grosses banques commerciales. Évidemment, nous comptons mieux faire en nous appuyant sur notre nouvelle stratégie de positionnement axée sur nos nouveaux services. Notre objectif est de porter nos parts de marché de 3 % à 4 % d’ici cinq ans.
Quels sont les défis auxquels est confronté le secteur bancaire ?
L’avènement de nouvelles technologies dans ce secteur entraîne également des risques. Aujourd’hui, les risques de blanchiment d’argent en se servant du circuit bancaire sont malheureusement réels. Certaines personnes profitent de certaines failles dans le système pour se livrer à cette pratique illégale. D’où la nécessité de rehausser notre vigilance pour traquer ces personnes. Heureusement, jusqu’à présent, la banque n’a pas eu à faire face à de tels cas. Évidemment, nous suivons de près toutes les directives liées à l’Anti-Money Laundering pour éviter tout risque de blanchiment d’argent.
La branche mauricienne fait partie du réseau africain du groupe Baroda. Quel est son apport financier au groupe ?
Effectivement, Maurice fait partie du réseau africain du groupe, comprenant également les Seychelles, le Kenya, le Botswana, l’Afrique du Sud, l’Ouganda et la Tanzanie. Outre l’Inde, la Baroda Bank est présente dans 24 pays, contribuant à 30 % du chiffre d’affaires du groupe, estimé plus de USD 6,6 milliards en 2017.
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