Il le dit d’emblée. «J’étais prédestiné à devenir avocat.» C’était, en fait, la carrière que s’était choisi son père, feu Oumashunkar Hawoldar, avant de se tourner vers l’économie. Mais pour comprendre ce qui lie Siddhartha Hawoldar au droit, un petit retour en arrière s’impose.

Nous sommes à Bombay, en Inde. Oumashunkar Hawoldar, un homme féru de politique – il sera d’ailleurs un die hard du Parti travailliste jusqu’à sa mort – vient rejoindre son frère dans la Grande péninsule pour y entamer des études. Il a alors 22 ans.

Peu de temps après, son regard croise celui d’une jeune fille de 16 ans. Il s’agit de Shakuntala Hawoldar, ancienne institutrice au collège Lorette de Port-Louis et poétesse de talent. Elle est issue d’une famille aisée indienne, dont le père était un médecin renommé.

Ils s’éprennent l’un de l’autre. Et devant leur amour grandissant, Oumashunkar Hawoldar prendra son courage à deux mains pour demander la main de sa dulcinée. Les parents de Shakuntala acceptent devant la sincérité de leur amour. Le jeune couple se marie et s’envole pour la capitale britannique pour y faire des études.

Leurs plans changeront quelque peu lorsque Siddhartha Hawoldar pointera le bout de son nez. Le couple décide alors de rebrousser chemin.

«Mon père me disait toujours que sa reconversion en économie était due à ma naissance», dit Siddhartha Hawoldar. L’homme de loi s’explique : «Il s’était rendu en Angleterre à l’époque pour faire des études de droit. Mais à la suite de la grossesse de ma maman, ils sont retournés en Inde. Les études de droit n’y figurant pas, c’est vers l’économie qu’il s’est tourné.»

Siddhartha Hawoldar voit le jour en 1963, à Bombay. C’est à l’âge de cinq ans qu’il foule pour la première fois le sol mauricien. C’était lors du vol inaugural Inde-Maurice, en 1968. Le petit garçon qu’il était à l’époque débarque au pays en compagnie de ses parents, de sa sœur âgée alors de deux mois et d’un ami de son grand-père qui avait tenu à faire le voyage avec eux, vouant une affection particulière à Siddhartha. Il s’agit du politicien Krishna Menon. Siddhartha Hawoldar se souvient que l’homme qui figure aujourd’hui dans le livre Guinness des records – il a fait un discours long de huit heures à la tribune du Conseil de sécurité des Nations unies, en 1957 – lui avait fait faire un costume pour l’occasion.

L’homme de loi confie une anecdote. Une fois sur le tarmac, raconte-t-il, il a lâché la main de sa mère et s’est mis à courir. Affolée, Shakuntala Hawoldar confie son bébé de deux mois à la première personne qu’elle voit et se précipite pour le rattraper. Eh bien, cette personne, c’était le Premier ministre, sir Seewoosagur Ramgoolam ! Ce dernier avait fait le déplacement pour accueillir Krishna Menon.

Avant d’emménager à Beau-Bois, la famille a habité à Quatre-Bornes. Siddhartha Hawoldar entame ses études primaires à l’école Notre Dame Des Victoires et complétera son cursus secondaire au collège du Saint Esprit. Il obtient une bourse d’étude et met le cap sur l’Angleterre où il entamera une licence de droit avant de revenir au pays. Après une pause de sept ans, il reprendra ses études. À 29 ans, il revient au pays et prête serment.

Les débuts sont difficiles. Mais «quand la force supérieure qui se trouve au-dessus de nous nous ferme une porte, elle laisse toujours une petite fenêtre ouverte», lance Siddhartha Hawoldar sur une note d’humour. Et d’ajouter : «Le droit est tellement aride que la muse littéraire qui nous habite nous quitte sans que l’on s’en aperçoive.»

Il se souvient de sa première grosse affaire, grâce à laquelle il s’est fait connaître. Il avait accepté de représenter un ressortissant français menacé d’extradition, sans la moindre contrepartie. Ses adversaires étaient la République française et le Directeur des poursuites publiques de l’époque.

Aujourd’hui qu’il est un homme riche en expérience, Siddhartha Hawoldar affirme qu’il faut garder les pieds sur terre. Lui, prône l’humilité et le respect. Chaque être humain, dit-il, est important et a de la valeur. D’autant plus, fait ressortir l’homme de loi, que nous ne sommes que de passage sur cette terre.