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Monde financier mauricien: la monnaie virtuelle remporte sa première bataille

24 octobre 2017, 17:51

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Monde financier mauricien: la monnaie virtuelle remporte sa première bataille

La Banque de Maurice (BoM) était l’un des plus farouches opposants à des transactions ayant pour monnaie d’échange, le bitcoin, une des crypto-monnaies les plus populaires dans le monde. Mais il semblerait que ce soit chose du passé désormais.

Le ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur, a annoncé la mise en place d’un comité composé des techniciens de la Financial Services Commission (FSC) et de la BoM, lors d’un point de presse, hier, afin de faire un état des lieux du développement du secteur de la crypto-monnaie, d’évaluer ce marché et présenter une feuille de route en la matière.

«Maurice ne peut rester insensible à ce qui se passe dans le monde dans ce domaine. La population doit être mise au courant de l’existence même des crypto-monnaies.»

C’est ce que soutient Sudhir Sesungkur après avoir assisté à une table ronde sur les crypto-monnaies, organisée par la Banque mondiale à Washington. Le ministre s'était rendu à Washington dans le cadre de la rencontre annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. «Beaucoup d’entreprises, a soutenu le ministre, ont adopté les crypto-monnaies comme monnaies d’échange.»

C’est en décembre 2013 que la BoM avait pris position contre les crypto-monnaies, dont le bitcoin. Et pas pour des raisons inutiles. Le bitcoin n’a pas de valeur légale, c’est-à-dire qu’il n’est pas accepté comme une monnaie d’échange au même titre que les autres monnaies dont la roupie mauricienne, le dollar américain ou l’euro.

Puisque cette monnaie n’est pas légale, son utilisation ne se fait pas sous la supervision d’un organisme régulateur. Et les victimes de malversation n’ont pas de recours en cas de fraude.

Mais après la popularité qu’il a enregistrée depuis son introduction en 2009, par son inventeur qui se présente sous le nom de Satoshi Nakamoto, le bitcoin a fait tomber bien des réticences, même celle affichée ces dernières années par Wall Street, le cœur même de la finance new-yorkaise.

«Dans une année où le prix du bitcoin a quintuplé pour dé- passer la barre des $ 5 500, il y a des signes avant-coureurs que les principaux secteurs financiers s’y intéressent», explique Miles Johnson dans un article du Financial Times en date du 17 octobre intitulé Wall Street finds it harder to dis- miss bitcoin.

Hier après-midi, le bitcoin s’échangeait à 4 977 euros et 5 846 dollars américains respectivement . Le cours évolue en fonction de l’offre et de la demande.

Le Japon, la troisième puissance économique mondiale, s’est laissé tenter par l’aventure des crypto-monnaies. Dans un article intitulé Bitcoin gets official blessing as fintech struggles to take off, Emiko Terrazono, également du Financial Times, en fait état.

«Notre marché doit exploiter son potentiel à devenir un centre financier international»

D’ailleurs, face au déferlement des solutions innovantes qui devancent la capacité des juridictions à instituer des mesures réglementaires appropriées, des gouvernements ont adopté une posture d’assouplissement. Au lieu de s’opposer systématiquement à leur introduction, ils encouragent les promoteurs de solutions innovantes à évoluer dans un encadrement temporaire, qui va en tester l’impact et la pertinence à travers une formule communément appelée la réglementation bac à sable (sandbox regulation) avant de réguler.

À Maurice, cette posture a débouché sur l’établissement d’un encadrement appelé la Regulatory Sandbox Licence. L’octroi de ce permis à des promoteurs de solutions innovatrices est assuré par le Board of Investment (BOI), organisme chargé d’attirer les investissements étrangers à Maurice.

Washington a été une source d’inspiration pour Sudhir Sesungkur quant à des innovations dans un autre secteur d’activité. Il souhaite que le pays ait une part active du marché mondial de dépôt, de règlement et de livraison pour des instruments financiers que sont les obligations, les actions et les fonds d’investissement.

«Notre marché doit exploiter son potentiel à devenir un centre financier international. À terme, les opérateurs du monde entier devraient pouvoir trouver en Maurice un centre financier capable de leur fournir les services qu’ils souhaitent.»

L’identité de la société susceptible d’aider le secteur boursier à amorcer cette nouvelle étape de sa stratégie de développement est connue. Il s’agit d’Euroclear, une société internationale spécialisée dans des services de dépôt, de règlement, de livraison pour les obligations, actions et les fonds d’investissement.

Sudhir Sesungkur a annoncé l’institution d’un comité technique pour se pencher sur l’impact de cette nouvelle ligne d’activités. Ce comité sera composé de techniciens de la FSC, de la Banque mondiale, de la Stock Exchange of Mauritius et des ministères des Finances et des Services financiers.