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Agro-industrie: nécessaire diversification
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Agro-industrie: nécessaire diversification
La fin des quotas ayant pris effet le 1er octobre annonce une période difficile pour le secteur sucrier mauricien et les compagnies concernées veulent à tout prix en amortir l’impact. C’est pour cela qu’elles ont amorcé depuis un certain temps la diversification dans le secteur agricole. Disposant de terres, elles sont plusieurs à se lancer dans des projets fonciers d’envergure.
Ancien pilier de l’économie, l’agriculture s’est graduellement restructurée. Aujourd’hui, elle est plus connue comme le secteur de l’agro-industrie et englobe plusieurs segments dont le secteur sucrier, l’industrie théière, l’élevage d’animaux, la culture de légumes et la fabrication de rhum, entre autres. Selon les derniers chiffres qui datent de 2016, le secteur de l’agro-industrie contribuait 3,6 % au PIB et employait 41 300 personnes.
De 6 000 à 1 680 arpents sous culture de thé
2017 se révèle une année des plus dynamiques pour les deux plus gros segments de l’agro-industrie, à savoir les secteurs théier et sucrier. Concernant le secteur théier, il fait face depuis des années à de grosses difficultés. Les plantes sont vieillissantes avec pour conséquence un plus faible tonnage sur le marché alors que la consommation de thé à Maurice est en hausse. Ces 25 dernières années, la superficie sous culture de thé est passée de 6 000 arpents dans les années ’90 à 1 680 arpents actuellement.
Pourtant, pour pallier ce problème, le ministère de l’Agro-industrie avait annoncé, en 2015, la relance du secteur théier. D’ailleurs, lors d’un entretien accordé à Business Magazine la même année, le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, confiant de son projet de relancer ce secteur, avait soutenu que l’industrie du thé allait redevenir un des piliers de l’économie mauricienne.
Mais dans le discours du Budget 2017-18, les producteurs locaux ont entendu un tout autre discours. Il semblerait que la relance du secteur théier ait été mise de côté, pour ne pas dire jetée aux oubliettes. En effet, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, annonce comme mesure phare pour le secteur de l’agro-industrie que la relance du secteur théier passera par l’exploitation de la filière exportatrice.
Mauristea relance l’usine de Dubreuil
Cette décision semble avoir été prise afin de faciliter les projets de Mauristea Investment Co Ltd, plus connue comme Kuanfu Tea. C’est justement suivant l’arrivée de ce nouvel opérateur provenant de Chine que les trois producteurs de thé – Corson, Bois Chéri et La Chartreuse – ont commencé à faire face à une pénurie de thé.
Certaines marques de thé mauriciennes ont commencé à disparaître des rayons des hypermarchés et supermarchés de l’île. Les trois producteurs de thé produisaient 1 500 tonnes de thé noir avant l’installation de Kuanfu Tea. Mais avec la mise en opération de ce dernier, les parts ont été divisées. Étant donné que le nouvel opérateur s’approvisionne auprès des producteurs locaux, soit quelque 1 300 planteurs, la pénurie de feuilles de thé a poussé les producteurs à en importer.
L’ancienne usine de thé de Dubreuil a rouvert ses portes à la fin de septembre. Après des travaux de rénovation qui ont duré près de deux ans et quelque US$ 10 millions investis, Kuanfu Tea ou Mauristea Investment Co. Ltd – le repreneur de l’usine – l’a rebaptisée Dubreuil National Ripe Black Tea Factory.
La société bénéficie d’un bail de 25 ans accordé par l’État pour la location des terres autour de l’ex-usine de Dubreuil. Opérationnelle depuis seulement quelques semaines, avec la Dubreuil National Ripe Black Factory, Kuanfu Tea compte produire plusieurs variétés de thé pour le marché local mais aussi pour l’exportation.
Il est à noter que le ministère de l’Agro-Industrie compte sur l’arrivée de cet opérateur chinois et la réouverture de l’ex-usine de Dubreuil pour redynamiser le secteur théier.
Plus de filet de protection dans l’industrie sucrière
Depuis le début de ce mois d’octobre, l’industrie sucrière mauricienne ne dispose plus de protection sur le marché européen. Et cela, suivant l’abolition des quotas. En effet, ce système mis en place en 1968 visait à encadrer le marché sucrier où la production du sucre de betterave était limitée, laissant la voie libre aux pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), dont Maurice.
Alors que la consommation de sucre sur le Vieux Continent est de 16,5 millions de tonnes, les producteurs européens étaient restreints à un quota et ne pouvaient livrer que 13,5 millions de tonnes de sucre en Europe. Quant au déficit de 3 millions de tonnes de sucre, il était comblé par les producteurs des pays ACP. Avec la fin des quotas, il n’y aura plus de restriction sur les 13,5 millions de tonnes de sucre sur le marché européen.
Dans un récent article de Business Magazine, Devesh Dukhira, CEO du Syndicat des sucres, rappelait qu’avec la fin des quotas, un producteur européen est en mesure de proposer au marché européen la quantité de sucre qu’il désire et exporter la quantité qu’il souhaite. Quant à ce déficit de 3,5 millions de tonnes de sucre approvisionnées par les pays ACP, il disparaîtra progressivement.
La reprise de la demande du poulet
En septembre 2016, après la fièvre aphteuse, les acteurs du secteur de l’agro-industrie se trouvaient devant un autre défi : la salmonellose avait fait son apparition chez les petits éleveurs de poulet. Le ministère de l’Agro-industrie faisait état de 65 000 poussins de l’Animal Production Division et repris par 14 fermes affectés par la salmonellose.
À la suite de l’éclatement de l’affaire, les consommateurs ont préféré jouer la carte de la prudence et ont boudé pendant quelques mois le poulet, qui est d’ailleurs la chair la plus consommée à Maurice, soit autour de 46 000 tonnes par an. Et ce, bien que le ministère ait précisé que la salmonellose n’a touché que les petits éleveurs, qui représentent 1 % de la production du pays.
Les gros producteurs de poulet, bien que pas touchés par la salmonellose, ont subi les répercussions de cette affaire. Pour ses résultats financiers 2016-17, Innodis affiche des profits opérationnels en baisse, de Rs 223,6 millions à Rs 200,1 millions.
Le groupe attribue cette baisse de performance «à la psychose en septembre 2016 suite à l’annonce de la salmonelle dans un lot de poussins qui était destiné à un petit groupe de petits éleveurs.» Le groupe Innodis ajoute que cette psychose a causé une chute générale de la demande de poulet depuis septembre 2016, faisant ainsi dégringoler les ventes et la profitabilité.
Néanmoins, le groupe Innodis indique que la situation est revenue à la normale en 2017. La direction estime que cet épisode a quand même permis une prise de conscience par les consommateurs de l’importance des normes de contrôle et de qualité, tels que l’HACCP ou encore l’ISO 22000, qui ont été mis en place chez Innodis, et qui a permis au groupe de bien maîtriser les risques liés à la production.
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