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Congé de paternité: ces papas qui veulent être logés à la même enseigne que les mamans

12 novembre 2017, 18:00

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Congé de paternité: ces papas qui veulent être logés à la même enseigne que les mamans

Cinq jours. C’est la durée actuelle du congé de paternité à Maurice. Pourtant, arguent les papounets, leur présence est tout aussi importante que celle de leurs conjointes pour le bébé. Durant la semaine écoulée, plusieurs personnalités françaises, dont le chanteur Julien Clair, ont signé une pétition pour demander la prolongation du congé de paternité de 11 jours à six semaines. À Maurice, l’idée est portée par l’association SOS Papa.

Ayo papa, pourquoi les pères réclament-ils un congé paternité plus long ?

«Si vous êtes en couple, en général, vous souhaitez fonder une famille. Et les papas aussi ont envie de passer du temps avec leurs enfants»,

lâche d’emblée Darmen Appadoo, président de SOS Papa. 

Bon, il concède que le lien entre le bébé et la maman est plus fort, surtout lors des premiers instants de vie. Mais ce n’est pas parce qu’il n’a pas de cordon ombilical qu’il faut mettre le papa de côté. «Sinon, est-on papa ou seulement géniteur ?» 

Malgré tous les arguments, Darmen Appadoo et sa bande de papas savent que la route est encore longue avant qu’ils n’obtiennent plus que les cinq jours de congé de paternité auxquels les hommes ont droit actuellement. Contre quatre mois pour les mamans. «Nous comprenons bien que si les papas aussi arrêtent de travailler, ne serait-ce que pendant quelques mois, l’économie va pleurer.» 

Mais le syndicaliste Jack Bizlall a déjà une solution à ce problème. Il en remet une couche. «Il faut que l’État délie les cordons de la bourse.» Dans d’autres pays, les papas sont mieux lotis. En Suède, par exemple, ils ont droit à 56 semaines de congé pour changer les couches et préparer des biberons, entre autres, tout en touchant 80 % de leur salaire. L’économie du pays ne souffre pas de coliques pour autant.  

Ainsi, poursuit Jack Bizall, «la responsabilité de s’occuper d’un enfant n’incombe pas uniquement à la maman. Pour bien prendre soin de lui, il faudrait au moins un an. Donc, nos enfants partent déjà avec un handicap. Et ensuite,
 

la loi du travail vient dire à nos papas qu’ils n’ont pas de responsabilités». 

Quid du rôle du père dans le développement de l’enfant ? La psychologue clinicienne Emilie Duval conçoit dès le départ que le premier lien avec un l’enfant est maternel. «Mais il faut que la maman soit aidée», soutient-elle. 

Pour la psychologue, il y a plusieurs raisons pour lesquelles les pères devraient aussi avoir droit à un congé de paternité plus long. Pour le soutien psychologique et physique de la mère soit, mais aussi pour être avec l’enfant. Mais aussi et surtout, un congé digne de ce nom permettrait aux deux parents de s’adapter à la parentalité, ensemble. «Le temps de réaménagement dans une relation est important. Surtout quand un couple conjugal devient un couple parental, il y a un changement de dynamique énorme. Et ce n’est pas cinq jours de congé de paternité qui va faire que le papa trouve sa place», fait valoir Emilie Duval. 

Pour Kelvin, papa qui a élevé sa fille depuis l’âge de deux ans, le congé de paternité est indispensable. «Même si les juges ne donnent pas souvent la garde des enfants en si bas âge aux papas…» Pour ce père qui a une fille qui est aujourd’hui âgée de 17 ans, il est surtout question de montrer que le lien ne se crée pas seulement avec la maman. 

Kursley Aliphon, qui élève ses deux filles, seul, depuis qu’elles ont 10 ans, abonde dans le même sens. «Avant, la réalité était différente. Les mamans restaient à la maison, elles ne travaillaient pas, comme la mienne. Mais maintenant, dans la plupart des cas, les deux parents travaillent. Il est d’autant plus important, donc, que les deux puissent mettre la main à la pâte.» 

Ce ne sont certainement pas les mamans, débordées, qui diront le contraire.