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Croissance de plus de 4 % en 2018: pourquoi des économistes y croient

7 décembre 2017, 00:30

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Croissance de plus de 4 % en 2018: pourquoi des économistes y croient

De l’optimisme à en revendre. C’est la posture de deux institutions phares du pays, la Banque centrale et la Mauritius Chamber of Commerce & Industry, qui sont montées au créneau la semaine dernière pour projeter une croissance économique supérieure à 4 % l’année prochaine. Depuis, économistes et spécialistes financiers se demandent si cette estimation est réalisable dans un contexte marqué par l’incertitude économique.

De 4 % (MCB Focus) à 4,4 % (MCCI) en passant par 4,2 % (BOM), une réalité s’impose : la croissance franchira la barre de 4 % et pourrait même toucher 5 % au terme de l’année calendaire 2018 si la situation s’améliore. Renganaden Padayachy, économiste à la MCCI, justifie une croissance de 4,4 % en 2018 sur la base d’une reprise de l’investissement global et privé en 2016 après une contraction entre 2012 et 2015.

«Nous privilégions un scénario macroéconomique où le taux de croissance du PIB serait de 4 % en 2017, en hausse de 0,2 % par rapport à 2016.» Et d’ajouter que pour 2018, l’économie devrait connaître une progression de son PIB réel de 4,4 %.

Dynamisme retrouvé

Partant du postulat que l’analyse macroéconomique se réfère souvent à la notion de croissance potentielle, qui se définit comme étant «la production maximum atteignable en utilisant pleinement ses capacités, mais sans générer des déséquilibres sur les marchés des biens et du travail», l’économiste note à cet effet que «pour 2018 le pays aura un écart de production positif et un taux de croissance potentielle de 4,1 %». Ce qui lui fait dire que «notre économie est en train de retrouver son dynamisme».

Une analyse que l’économiste Éric Ng ne partage pas. Il ne croit pas aux hypothèses de croissance de ces deux institutions. Raisons avancées : l’année 2018 sera une année préélectorale où la politique va prendre forcément les devants, laissant le «back seat» à l’économie. «Le focus sera sur la politique et je doute fort que les conditions seront réunies pour viser de tels taux de croissance.»

L’économiste pousse sa réflexion plus loin pour soutenir que la conjoncture économique locale et internationale imposera des pressions sur l’économie du pays en 2018. Outre le Brexit, dont l’incertitude liée aux exportations mauriciennes sur le marché britannique doit demeurer une source d’inquiétude pour les autorités, alors même que le pays n’a pas encore mesuré tous les effets, il y aura également l’échéance de la période de transition suivant l’amendement apporté au traité fiscal sur le Global Business en 2016. 

Il appréhende également une remontée inflationniste avec le cours du Brent (62,34 le baril) qui prend actuellement l’ascenseur sur les marchés internationaux. Aussi avec une masse monétaire qui sera injectée dans le circuit avec le boni de fin d’année, l’introduction d’un minimum salarial national dans les entreprises privées et publiques du pays et le paiement de la compensation salariale en janvier 2018. «Il n’est pas exclu que le taux d’inflation atteindrait 4 % contre 3,6 % en 2017, ce qui devrait inquiéter les autorités.»

Climat d’affaires

Jameel Khadaroo, Senior Adviser chez Deloitte, estime que les projections de la BOM et de la MCCI quant à la réalisation d’un taux de croissance de plus de 4 % en 2018 sont réalisables. Il se réfère notamment à une reprise de l’investissement public et privé au niveau local, de même que l’entrée en vigueur d’un climat d’affaires plus propice. Maurice a progressé considérablement au dernier classement du «Ease of Doing Business» de la Banque mondiale, plaçant le pays au 25e rang au niveau mondial (1er en Afrique).

L’expert en économétrie plaide en faveur de l’investissement dans des secteurs productifs, permettant ainsi la création de nouveaux emplois durables dans une économie Hi-Tech respectueuse des normes environnementales. Il espère qu’un taux de croissance élevé, tiré par l’investissement productif, mènera à terme à un rééquilibrage du déficit commercial de Maurice.

Quant à Anil Gujadhur, ex-Deputy Governor de la Banque de Maurice aujourd’hui consultant financier, il partage une tout autre opinion. Pour lui, cela ne fait aucune différence si la croissance gagne un point ou deux en plus. Ce qui importe, c’est la qualité de cette croissance nécessaire pour créer des emplois à forte valeur ajoutée qui est primordiale pour soutenir le développement économique du pays.

Décidément, la croissance demeure toujours une source de polémique.