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Salaire minimum : Son impact sur l’économie

21 décembre 2017, 00:45

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Salaire minimum : Son impact sur l’économie

Quelles seront les conséquences du salaire minimum sur notre économie ? L’étude du marché de l’emploi et de ses indicateurs offre déjà quelques pistes.

NOUVEAU tournant pour l’économie locale avec l’introduction d’un salaire mi- nimum de Rs 8 140 en 2018. Cette mesure, entérinée par le Conseil des ministres le 8 décembre, concerne plus de 20 % de la population active, soit environ 120 000 employés. Selon le dernier rapport de Key Indicators of the Labour Market (KILM) de Statistics Mauritius, entre 2011 et 2016, le coût de la main-d’œuvre a augmenté par 14 %. 
Avec le surcoût prévisible à partir de l’année prochaine, cet indice devrait grimper en flèche. De nombreuses questions se posent alors pour le futur de l’emploi à Maurice et l’attrait du pays pour les investisseurs. Quelles orienta- tions choisiront les industries publiques et privées ? Pour en avoir une idée, analysons quelques indicateurs clés du marché de l’emploi parus sur le site de Statistics Mauritius.

 Redistribution des revenus 

Le taux de la population active vivant sous le seuil de la pauvreté, malgré une activité, se situait à 6 % en 2016 ; alors qu’en 2012, la base salariale qui faisait office de seuil de pauvreté était fixée à Rs 5 652. Avec la revalorisation salariale vers une base minimum de Rs 8 140 et les compensations, la base salariale devrait s’élever à Rs 9 000. Conséquemment, à la prochaine édition des KILM, le seuil de pauvreté de- vrait diminuer de manière très sensible. Dès lors, quel impact pour le marché intérieur mauricien ? Plusieurs scénarios sont envisageables. 

Plus de 100 000 consommateurs auront accès à un pouvoir d’achat supplémen- taire. Mais cela ne pourra, en conséquence logique, qu’augmenter la demande de produits et services. Dès lors, les entreprises pourraient soit être encouragées à embau- cher plus d’employés afin de pouvoir répondre à cette demande croissante, soit le pa- tronat décidera de pratiquer la hausse de prix des pro- duits et services afin de compenser le manque à gagner. Or, dans ce dernier cas de figure, l’effet positif attendu par les ménages ne sera pas au rendez-vous. 

Nombre d’heures travaillées 

Autre effet possible : la ré- duction des dépenses, tant en termes d’investissements que de ressources humaines. Les entreprises seront-elles poussées à embaucher moins ? Malgré les réglementations en vigueur, les statistiques révèlent déjà une situation qui pose question en termes d’heures de travail par employé.
 En 2016, 40 % des salariés travaillaient pendant 24 à 40 heures par semaine et 27 % entre 41 et 50 heures. Environ 91 200 employés, soit 15 %, abattaient, eux, plus de 51 heures de travail par se- maine, ce qui équivaut à plus de 10 heures au quotidien pour cinq jours ouvrés. Le rallongement des heures de travail est aussi envisageable, avec le bouleversement salarial en cours. Néanmoins, l’application du salaire minimum a aussi des conséquences bénéfiques pour les employés. Dans certains pays, il s’est traduit par une revalorisation des postes par le biais de la formation. Ainsi, à salaire supérieur, des entreprises pourraient aussi choisir de faire monter en compétences leurs employés.

 Le chômage et les jeunes 

Les personnes à la recherche d’un emploi représentaient 7,3 % de la population active en 2016, soit 42 400 personnes, dont 25 500 femmes. Ce pourcentage est le plus bas depuis 2012-2013 où il stagnait à 8 %. 
Parmi les chômeurs, il y avait 18 900 qui étaient âgés entre 16 et 24 ans. L’on comptait 8 200 hommes et 10 700 femmes. Au total, 23,3 % de ces jeunes sans emploi étaient détenteurs d’un diplôme d’enseigne- ment supérieur et 74 % d’un diplôme d’éducation secondaire. Trois pour cent avaient étudié jusqu’au primaire.
 Quel sera l’impact sur cette tranche d’âge en sachant que dans des pays ayant introduit le salaire minimum, l’attrait de la vie active a augmenté, poussant au décrochage scolaire plus tôt ? Le taux de chô- mage des jeunes à Maurice est notoirement dû à la persistance d’une inadéquation des quali- fications académiques aux offres d’emploi sur le marché. Des mesures sont attendues afin que cet écart soit réduit au plus vite. 
Les jeunes représentent les futurs ménages. Et le retard qu’ils prennent pour faire partie de la vie active a un impact sur les prévisions de croissance économique. La population comptait 172 500 jeunes de 16 à 24 ans en 2016 et 54 % d’entre eux n’étaient pas encore en situation de recherche d’emploi. C’étaient majoritairement des collé- giens et des étudiants. Quant à 79 016 autres, ils étaient actifs ou à la recherche d’un travail. 

 Les secteurs et domaines d’emplois 

Les secteurs et domaines de travail sont d’autres indicateurs clés. La majorité de la main-d’œuvre féminine (77 %) et masculine (60 %) se consacre à un métier dans le domaine des services. Les secteurs primaires et secondaires de l’économie restent stables à 7 % et 26 % respectivement. De 2011 à 2016, l’emploi dans les secteurs primaires et secondaires était en déclin constant. À titre d’exemple, l’industrie sucrière a enregistré un taux de -17 % contre -8 % pour le textile.
 Inversement, le secteur des services a progressé de 6 %. Les secteurs où l’emploi avait le plus augmenté étaient premièrement le commerce, notamment dans la mécanique et l’aménagement d’intérieur. Il était suivi par l’hébergement et la restauration ainsi que l’éducation et les services de soins. Dans certaines économies étrangères, l’application d’un salaire de base a contribué au déclin de certains secteurs, la logique économique primant sur le domaine. 

Productivité par catégorie d’industrie

 De 2011 à 2016, la productivité des groupes industriels a considérablement évolué. Le secteur de l’alimentation et de l’hébergement a connu la plus forte croissance, s’élevant à 6,8 %. Les métiers administratifs et technologiques, ceux de l’immobilier, de l’assurance ainsi que des services financiers ont connu une ten- dance semblable. 

Le secteur des entreprises tournées vers l’export a, lui, le plus lourdement chuté en termes de productivité, se situant à -5,1%, l’année dernière. 2017 a d’ailleurs été source d’inquiétude en termes de volumes d’export.
 En 2016, les arts et les activités récréatives connaissaient leur 5e année consécutive de baisse. Cet indicateur fait sourciller quant à l’investissement du pays qui est à forte destination touristique et qui devrait plutôt s’orienter vers l’augmentation d’activités artistiques et culturelles. 

La constitution de la main-d’œuvre active en 2016  

Ils étaient 581 000 Mauriciens et 30 000 travailleurs étrangers à constituer la force motrice active du pays en 2016. La population active s’élevait conséquemment à environ 609 600 travailleurs. Soit 61 % d’hommes et 39 % de femmes. Les -25 ans ne constituaient que 14 % de cette population active, la majorité se situant entre la tranche des 25-39 ans (37 %) et 40-59 ans (43 %).