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Mauriciens de l’année: 12 visages qui nous éclairent

29 décembre 2017, 19:47

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Mauriciens de l’année: 12 visages qui nous éclairent

La notoriété, être sous les feux des projecteurs... Ces Mauriciens n’en n'ont que faire. Pourtant, ils sont des héros. La force de leurs convictions inspire, leur compassion touche et leur passion impressionne. Cette année, nous honorons 12 hommes et femmes de tous les jours qui sont hors du commun. Ces femmes et ces hommes que nous croiserons dans la rue et dont nous ne connaîtrons pas les noms. Mais qui rendent le quotidien des autres un tantinet plus agréable…

Nirmala Maruthamuthu: Madame «no-nonsense»

Elle a eu le cran de recadrer Showkutally Soodhun. C’était le 13 septembre dernier, lors d’un séminaire de la National Housing Development Corporation (NHDC) à Quatre-Bornes. Nirmala Maruthamuthu, responsable de la médiathèque de l’Alliance Française, à BellVillage, 55 ans, a alors été expulsée.

Ce jour-là, Nirmala Maruthamuthu avait pris un congé pour assister à cet atelier de travail. Donc, pas question de perdre ce temps précieux à écouter la diatribe du ministre des Terres et du logement d’alors sur l’ex-Premier ministre, Navin Ramgoolam. Elle a alors fait remarquer à Showkutally Soodhun qu’il était hors sujet. «Ferm ou labous do Madam (…) Si ou enn partizan Navin Ramgoolam ou rann mwa enn servis ou al déor (…)», a alors rétorqué le ministre.

Nirmala Maruthamuthu affirme qu’elle a une grande franchise et non une grande gueule. «Il faut me comprendre : je n’avais pas posé un jour de congé pour entendre des conneries. J’étais là pour travailler, pour que l’on améliore la qualité de vie dans la résidence que je représente», explique-t-elle lorsque nous l’avons rencontrée dans son appartement de la NHDC, à St-Pierre. Qui plus est, l’ancien Premier ministre, Nirmala Maruthamuthu ne le connaît pas. Elle est politiquement neutre mais «n’aime pas l’injustice».

Toutefois, après l’incident, la secrétaire de Showkutally Soodhun l’a contactée, lui demandant de venir la rencontrer à son bureau, à Ébène. Mais Nirmala Maruthamuthu ne s’y est pas rendue. Il n’avait qu’à présenter ses excuses publiquement. Ce qu’il n’a pas fait d’ailleurs. «Je n’ai rien fait d’extraordinaire (…). Cela montre le climat de crainte qui règne dans le pays : les Mauriciens n’osent pas dire en face des politiciens ce qu’ils pensent d’eux. Ils finissent par tout accepter, c’est malheureux.» En attendant, Soodhun n’est plus ministre… Moralité : il ne faut pas avoir peur.

Yashwan Seewoolall: héros des temps modernes

Avec sa torche, son marteau brise-vitre, ses lames spéciales pour couper les ceintures et sa bouteille d’eau oxygénée, l’on pourrait penser que Yashwan Seewoolall est urgentiste. Mais il n’en est rien. Ce qui est sûr, c’est que le jeune homme de 25 ans s’y connaît en premier secours et est paré en cas d’accident de la route. Il est d’ailleurs venu en aide à plusieurs victimes. Mais comment a-t-il appris les gestes de «first aid ?» En regardant des documentaires, dit-il.

La dernière fois qu’il a porté secours à une personne, c’était le 1er septembre. Il pleuvait et la route était glissante. Alors qu’il rentrait chez lui, Yashwan Seewoolall remarque qu’un van s’est renversé. Le jeune homme s’est alors garé et s’est approché du lieu de l’accident pour voir si tout allait bien. Il voit un blessé, allongé sur le bas-côté de la route, sous une pluie battante. Yashwan Seewoolall a vite appelé une ambulance et les pompiers. En attendant, il a recouvert le blessé avec sa veste pour le garder au chaud et a tout fait pour qu’il reste éveillé.

La famille de la victime a ensuite lancé un appel sur les réseaux sociaux pour retrouver le sauveur de leur proche. Yashwan Seewoolall a pu être retracé grâce à sa veste, qu’il avait laissée à la victime. Ce qui est certain, c’est que, sans ce héros des temps modernes, la route aurait sans doute fait une victime de plus…

Sakoon Veerannah: Super Nani fait fi du pm

Elle a reçu l’estime des internautes avec une simple esquive… d’un garde du corps du Premier ministre. Loin de ceux qui lèchent les bottes des puissants, Super Nani, comme elle a été surnommée, n’a même pas prêté attention à Pravind Jugnauth et à son épouse, qui faisaient leurs prières à Grand-Bassin.

Sakoon Veerannah, une femme laboureur de 76 ans, a tenu tête à un officier de la Very Important Person Security Unit (VIPSU), le jeudi 23 février. Sur une vidéo tournée par «l’express», on voit le gorille tenter de lui barrer la route. La septuagénaire ne demande qu’à récupérer un peu d’eau du lac sacré. Elle l’esquive et passe devant le chef du pays, sans même un regard.

C’est qu’elle avait d’autres priorités : un bus à prendre. «Mo ti bizin gagn mo bis si-z-er pou mo al lakaz. Mo ti pé sey pasé, lerla enn misié dir mwa pa kapav, bizin al lot koté. Mo pa mem koné kotsa mo ti kapav pasé. Mo ti pou rat mo bis mwa, mo ti al Grand-Bassin mo tousel, kouma mo ti pou fer ? Lerla mo'nn pas lamem mo'nn al ranpli mo boutey délo», raconte Super Nani. Tout en précisant qu’elle n’avait pas remarqué Pravind Jugnauth et son épouse.

Super Nani a ses préoccupations. Comme son travail, qui lui tient à cœur, et qu’elle refuse d’abandonner malgré son âge. Elle passe ses journées dans la plantation de légumes de son voisin, sac de jute en équilibre sur sa tête et bottes aux pieds. Elle n’est pas de ceux qui attendent qu’on leur offre tout sur un plateau. Le repos ? Connaît pas. D’ailleurs, après son pèlerinage à Grand-Bassin, elle s’est rendue au travail tôt, vendredi matin.

Sakoon Veerannah partage sa maison avec ses deux fils, à Mahébourg. Quand elle n’est pas en train de se frayer un chemin entre ses légumes ou des officiers de la VIPSU, Super Nani passe son temps avec ses cinq enfants et ses 12 petits-enfants.

Iline Talate: le combat chagossien en héritage

Les Chagos ont été au cœur de l’actualité cette année, aux Nations unies. Le 3 novembre, une ruelle a hérité du nom de Lisette Talate au Caudan Waterfront. Sa fille, Iline Talate, a repris le flambeau de cette figure de proue du combat pour le retour aux îles.

1972. Elle a dix ans. Accompagnée de sa mère et de ses cinq frères et sœurs, Iline Talate débarque à Maurice. Elle est née à Diego Garcia. «L’année de mon arrivée à Maurice fut très dure. J’ai perdu deux frères.» Sa famille, fragilisée, se déchire. Lisette Talate subviendra seule aux besoins de ses enfants.

Iline Talate grandit avec l’image d’une mère courage. Toute jeune, elle est un soutien pour sa mère, mais ne s’affirme pas plus que cela. La quinquagénaire se concentre sur ses six enfants et travaille à l’usine. Mais elle sait qu’un jour, elle devra reprendre le flambeau allumé par sa mère.

«Sa moman-la ki mo’nn rant dan lalit-la. Ti mo mama so rev sa !» Elle repense à ce 4 janvier 2012. Le jour où sa mère a poussé son dernier soupir. «Elle voulait mener ce combat jusqu’au bout pour finir ses jours à Diego Garcia. Et j’ai le même rêve. Mo pa anvi fini kouma mo mama !» Iline Talate ne s’est pas vraiment adaptée au rythme mauricien, à la vie loin de son île natale. Son bonheur, ainsi que celui de ses semblables, ne se trouve pas ici. «Nou boner dan Diego laba !»

Depuis cinq ans, elle fait tout pour réaliser ce rêve qui s’assombrit souvent par des pertes ou des échecs. «Beaucoup de Chagossiens impliqués dans ce combat sont morts parce que l’attente est beaucoup trop longue. Et avec l’attente vient la souffrance.»

Par ailleurs, Iline Talate n’oubliera pas ce qu’elle a ressenti le 22 juin 2017 lorsque, aux Nations unies, la résolution présentée par Maurice sur le dossier Chagos a été adoptée. L’avis de la Cour internationale de justice pourra être sollicité sur la souveraineté de Maurice. «Mé éna boukou plis pou fer.»

Femmes cleaners: Sangeeta, Mireille, Claudette et les autres

Claudette Gaffoor, Dharmantee Boodram, Mireille Sandarum, Aartee Nawoor et Sangeeta Devi Samonokho. Et toutes les femmes cleaners qui touchaient une paye de misère mais n’ont pas fait la grève de la faim dix jours durant, du 15 au 25 octobre. Juste pour avoir un salaire décent.

Elles n’ont pour elles que leur vie. Unique. Mais tellement semblable dans le parcours et le quotidien. Leur combat : toucher enfin les Rs 9 000 promises par le gouvernement, alors qu’elles percevaient Rs 1 500.

Claudette Gaffoor est veuve. Elle a deux enfants. «J’ai perdu mon mari. Les choses ne sont pas faciles.» Elle raconte son quotidien comme cleaner dans les écoles primaires. «Nous vidons les poubelles, nous faisons notre travail avec amour parce que nous aimons ces enfants comme les nôtres. Il faut de la patience pour travailler avec les enfants et nous en avons.»

Mireille Sandarum, 54 ans, est également veuve. «Mo pa’nn al lékol é mo pa konn lir. (…) Dépi mo zanfan mo’nn pas mizer, mé zamé nou fami inn les nou san manzé. Get zordi nou la, nou pé viv zis ar délo. Ki nou’nn fer koumsa ? Dé mo bann zanfan inn maryé, enn ankor avek mwa, li éna trez-an, li pé fer ‘Form II’. Bizin fer enn ti travay pou gagn kas pou améné. Parfwa, mo bann fami ed mwa (…) Mé ki kantité ? Kan sa pou arété ? Mo pa démann okenn kado, mo pé zis démann enn vré saler pou mo kapav nouri mo zanfan. Pou mo kapav pey enn lakaz mo resté.»

Sangeeta Devi Samonokho a fêté ses 55 ans durant la grève. C’était le plus triste anniversaire qu’elle a eu de toute sa vie. Hors de sa maison, loin de ses proches, épuisée… Elle est mère d’une fille de 24 ans et d’un fils de 17 ans. «Rs 1 500 pa asé pou ki mo nouri mo bann zanfan.» Son mari, qui travaille comme gardien, ne gagne, lui aussi, pas assez d’argent pour faire bouillir la marmite. En fin de compte, le rapport Manraj a recommandé, le mercredi 15 novembre, qu’elles soient employées par Landscope Mauritius.

Michael Angelo: le surdoué

Son QI s’élève à environ 150. Michael Angelo, 10 ans, est un enfant pas comme les autres. Il est intelligent, très intelligent même. Et en est parfaitement conscient. «Je suis un enfant normal qui connaît plus», nous avait dit le petit surdoué.

L’île Maurice a découvert Michael Angelo Mootoo en direct au journal télévisé de la Mauritius Broadcasting Corporation, le 25 octobre 2017. La vidéo est visionnée des milliers de fois sur les réseaux sociaux et le pays s’éprend de ce jeune garçon.

Surdoué, Michael Angelo l’est depuis sa naissance. À deux mois, il commençait à s’asseoir. Il a marché à sept mois. À huit mois, il parlait déjà clairement, pas le gazouillement habituel des nourrissons. Et à 18 mois, il commençait à écrire.

Si les garçons de son âge se passionnent pour les jeux vidéo, les tablettes ou encore les voitures, Michael Angelo, lui, voue une fascination pour les livres médicaux. Il maîtrise le cerveau humain comme sa poche. La lecture, c’est son passe-temps.

Cependant, la vie de Michael Angelo est loin d’être un long fleuve tranquille. Il a été abandonné à sa naissance par son père biologique. Une situation qu’il prend avec une maturité déconcertante. «Il m’a conçu, c’est tout. La conception peut se faire n’importe quand. Le plus important, c’est la personne qui élève l’enfant…»

Qui plus est, à l’école, il n’a pas d’amis. On le trouve bizarre. Les enfants de son âge le fuient car il parle de géographie, de science ou encore d’histoire. Un quotidien pas facile à vivre…

Mais cela n’empêche pas Michael Angelo d’avoir des rêves plein la tête. Il souhaite trouver un remède au cancer. Rien que ça ! Et il entretient l’espoir de devenir astrophysicien.

Shakti Pyndeegagoo: le millionnaire au cœur d’or

Il fait partie de ceux qui ont touché le minimum du Loto à deux. À 22 ans, Shakti Pyndeegagoo a remporté Rs 2,9 millions. Le jeune homme aurait pu s’acheter une voiture, un portable dernier cri ou même financer ses études. Mais au lieu de penser à lui, il utilisera l’argent pour aider sa famille. Ses projets ? Acheter le terrain où il habite, y construire une maison en dur, aider ses sœurs et offrir une meilleure vie à ses parents.

Si d’autres personnes auraient rouspété à l'idée de partager Rs 5 millions avec un autre gagnant, l’habitant de Surinam est, lui, ravi. Il pourra aspirer à une vie meilleure.

La vie n’a pas toujours été tendre envers ce bagagiste qui travaille dans un hôtel. La maison où il habite témoigne de son quotidien difficile : une petite maison en tôle où il habite avec ses parents et sa petite sœur. L’aînée de la fratrie habite à Vacoas et a perdu l’usage de ses jambes après un accident, alors que sa deuxième sœur a perdu sa bataille contre une tumeur.

Quels sont les autres projets du jeune millionnaire ? Les folies et dépenses inutiles ? Très peu pour lui. De plus, malgré cette soudaine richesse, Shakti Pyndeegadoo a souhaité conserver son travail.

Rodney Mootoosamy: la star du maiden

Ce sans domicile fixe (SDF) est devenu la star de la 69e journée du Maiden, le 3 septembre 2017. Rodney Mootoosamy a «photobombé» le cliché du jockey Steven Arnold recevant son trophée. Une photo qui a fait le tour du Net.

Pourtant, lui-même ne sait pas comment il a atterri sur cette photo. «Mo ti anvi fer enn foto avek zoké é sa bann lézot dimounn-la. Pa koné kan ti pou régagn lokazion ankor», nous avait-il lancé lorsque nous l’avons rencontré quelques jours plus tard. Il s’est donc faufilé dans la foule, a enjambé par-ci, couru par là et est arrivé à destination. Il s’est mis dans le champ du photographe et s’en est allé une fois le cliché pris.

Rodney Mootoosamy est un homme aux multiples identités. Il s’appelle aussi Hritik Roshan, Oliver, Azeer ou encore Lolidée. De plus, selon ses dires, il est âgé de 59 ans, vient du Brésil et est à Maurice pour se faire un peu d’argent. Quid de sa famille ? «Partou partou», dit-il. Et son métier ? Agent du Federal Bureau Investigation.

En réalité, selon les proches de Rodney Mootoosamy, ce dernier est âgé de 32 ans. Studieux, le jeune homme avait un bel avenir devant lui. Mais une séparation a chamboulé toute son existence à jamais, alors qu’il n’avait que 17 ans.

Depuis la parution des articles de presse, cependant, Rodney Mootoosamy s'est repris en main avec l'aide de sa sœur. Il est allé habiter chez cette dernière, après trois mois passés à l'hôpital psychiatrique.

Rony Busviah: le lauréat de roche-bois

Il fait la joie de sa famille et la fierté de sa cité. Rony Busviah, 19 ans, un «zanfan Roche-Bois», est un des lauréats du Higher School Certificate dans la filière économie pour la cuvée 2016. Le jeune homme a raflé la 29e bourse de la Mauritius Commercial Bank Foundation. Il s’est envolé pour le Canada, où il effectuera un Bachelor of Arts in Business Administration à l’université de Thomson Rivers pendant quatre ans.

Rony Busviah vient d’un milieu modeste et vit dans un lieu en proie aux préjugés. Le toit de sa maison est en tôle. Son père est chauffeur et sa mère, femme au foyer. Sa vie et sa scolarité n’ont pas été faciles. Mais Rony Busviah ne s’en est jamais plaint, aux dires de sa mère. D’ailleurs, cette dernière se remémore la phrase que son fils lui avait dite : «Mo pou lav nou loner.»

Élève au collège Royal de Port-Louis, il a fait preuve d’une volonté de fer pour surmonter les difficultés que la vie a mises devant lui. Mieux encore : il a prouvé qu’on peut réussir bien que l'on vienne d’une cité. Cela, à condition de s’en donner les moyens. «Je n’ai jamais dit que je voulais être lauréat, mais j’ai beaucoup travaillé», avait-il soutenu après la proclamation des résultats.

Des rêves, Rony Busviah en a plein la tête. Il veut conquérir le monde de la finance. En tout cas, ce succès, le jeune homme l’a bien mérité.

Paul Lam Shang Leen: il terrifie les trafiquants

Des fois il est méchant, des fois drôle, mais toujours pertinent. Paul Lam Shang Leen préside la commission d’enquête sur la drogue depuis que celle-ci a été mise sur pied en mai 2015. L’ancien juge est une des personnes qui ont marqué l'actualité cette année en convoquant et en auditionnant plusieurs personnalités sans broncher.

Paul Lam Shang Leen a une façon particulière de poser des questions à tous ceux qui se présentent devant lui. Qu’ils soient «Deputy Speaker», «Parliamentary Private Secretary», «Chairman» de la «Gambling Regulatory Authority», parrains de la drogue ou proches de ces derniers, gardiens de prison, officiers de la force policière, avocats et proches des milieux hippiques, son ton ne change pas. Il ne fait l’impasse sur aucun détail, n’hésite pas à élever la voix, les questionnent sans relâche. L’homme démontre même son impatience si le témoin qui se trouve devant lui tergiverse.

Par ailleurs, lors des auditions, Paul Lam Shang Leen est préparé. Il ne vient pas sans avoir analysé les comptes bancaires ou les relevés téléphoniques de ceux qui sont auditionnés. Ce qui a permis de mettre en évidence ceux impliqués dans le trafic de drogue à Maurice et de démanteler des réseaux.

Arvesh Sharma Dabedeen: au service des pauvres

Il n’est pas ministre, ni millionnaire. Mais, en un an, Arvesh Sharma Dabedeen a déjà changé la vie de deux familles, les Sobhee et les Chamroo. En effet, il a construit des maisons pour ces personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté, sans demander d'aide à l’État.

L’habitant de Cassis ne pense pas qu’il est un super-héros ou le sauveur de l’humanité. Mais il explique que la misère le touche. À chaque fois qu’il en voit, il passe à l’action, sans tenir de grands discours sur l’éradication de la pauvreté. Pour lui, il n’y a que des actions concrètes qui comptent.

L’habitant de Cassis ne pense pas qu’il est un super-héros ou le sauveur de l’humanité. Mais il explique que la misère le touche. À chaque fois qu’il en voit, il passe à l’action, sans tenir de grands discours sur l’éradication de la pauvreté. Pour lui, il n’y a que des actions concrètes qui comptent.

Après avoir aidé les Chamroo à construire leur chez-eux à Rose-Belle en 2016, Arvesh Sharma Dabedeen a réitéré l’expérience en novembre dernier. Comme tous les jeunes de son âge, il passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. C’est de cette manière qu’il a vu la vidéo sur les conditions de vie déplorables de Poosmawatee et Surenduth Sobhee, âgés de 66 et 73 ans respectivement, parents d’un enfant handicapé.

Sans perdre un instant, Arvesh Sharma Dabedeen a fait appel à ses amis et connaissances pour leur venir en aide. Ils ont alors commencé les travaux. Un architecte a dessiné le plan. D’autres personnes ont fait des dons en matériaux, en argent ou se sont rendus sur le chantier pour mettre la main à la pâte. À la fin des travaux, le couple Sobhee est devenu l’heureux propriétaire d’une maison adaptée aux besoins de leur fils handicapé.

Tout le projet a été conçu et réalisé sans l’aide d’institutions parapubliques qui œuvrent contre la pauvreté. D’ailleurs, Poosmawatee Sobhee confie avoir entamé des démarches pour avoir une maison à plusieurs reprises, en vain. Raison pour laquelle sa famille et elle étaient obligées de vivre dans des conditions insalubres. Mais c’est maintenant chose du passé.

Ismaël: le courage à 14 ans

«Madam, kapav gagn enn ti sarité. Misié, silvouplé, napa les mwa ek mo mama al dormi san manzé.» Cette phrase, Ismaël, 14 ans, l’a scandée tous les soirs en espérant que son appel à l’aide soit entendu. Sa vie a toujours été semée d’embûches. À un âge où les enfants ne devraient que se soucier de leurs études, il doit se battre tous les jours contre la misère pour vivre.

Expulsé du collège pour absences non justifiées alors qu’il était en «Form I», l’adolescent passe ses nuits dans les rues de Goodlands afin d’avoir de quoi manger avant d’aller se coucher. Si, parfois, certains passants font montre de générosité, il arrive que l’adolescent et sa mère passent la nuit sans rien manger. Une vie qui pousse ce jeune garçon à regretter son quotidien dans le «shelter» où il vivait avant. «Laba, ti gagn manzé fini kwi ek kapav dormi bien é prop.»

En effet, Ismaël a vécu dans un «shelter» pendant quatre ans. Sa mère, ayant un penchant pour la bouteille, ne pouvait s’occuper de ses frères, sœurs et de lui-même. Il a ensuite été pris en charge par sa sœur. Toutefois, comme cette dernière ne pouvait plus subvenir à ses besoins, il est retourné auprès de sa mère.

Bien qu’il cumule de petits boulots, Ismaël passe ses nuits à mendier. En espérant des lendemains meilleurs et de pouvoir réaliser son rêve : celui de retourner à l’école afin d’avoir une vie décente...