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DCP Choolun Bhojoo: «Le rapport Lam Shang Leen transformera la lutte antidrogue»
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DCP Choolun Bhojoo: «Le rapport Lam Shang Leen transformera la lutte antidrogue»
Les saisies de drogue cette année ont dépassé la barre des Rs 3 milliards. La situation est-elle alarmante?
2017 a été une année record en termes de saisies et d’arrestations. Il y a surtout ce cas de 135 kg d’héroïne, valant Rs 2 milliards, dans le port, en mars dernier. Nous avons également eu d’autres grosses saisies, à l’aéroport et à travers l’île. À Maurice, il y a principalement quatre types de drogue qui nous concernent : le cannabis, l’héroïne, les psychotropes et les drogues synthétiques.
La drogue synthétique concerne surtout les jeunes. Je n’utiliserai pas le terme «situation alarmante» mais l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) est en train de faire beaucoup d’efforts pour éradiquer ce fléau. C’est un travail de longue haleine et, au vu de la situation, l’ADSU prend des mesures qui s’imposent.
Qu’est ce qui explique ce triste record ?
Il y en a plusieurs facteurs. Il y a tous ces hommes et femmes de l’ADSU qui sont sur le terrain. D’ailleurs, je dois saluer le travail formidable accompli. Tout cela a été possible grâce à l’aide de différentes unités, comme la douane et la poste. Sur le plan régional, nous travaillons énormément avec les pays riverains de l’océan Indien. Il y a aussi eu la volonté politique du gouvernement, avec la mise sur pied de la commission d’enquête. Tout cela a certainement fait un déclic.
Justement, où en est l’enquête sur Navind Kistnah, soupçonné d’être l’importateur de 135 kg d’héroïne?
L’enquête avance. Nous avons beaucoup progressé dans cette affaire.
Quelle est l’approche de l’ADSU lorsque la brigade antidrogue a affaire à des personnalités ?
Nous agissons en toute indépendance. Tout le monde est égal devant la loi. Nous procédons de la même façon.
Des policiers qui sont arrêtés pour des délits de drogue et des officiers de l’ADSU qui font l’objet de graves allégations devant la commission d’enquête. Qu’est ce qui explique cela ?
L’ADSU pratique une politique de zéro tolérance. Ces arrestations montrent que tout le monde est égal devant la loi, comme je l’ai dit. D’ailleurs, l’arrestation de certains membres de la force policière le prouve. C’est bon de souligner que le Commissaire de police a, à maintes reprises, déclaré qu’il n’y a pas de place pour les brebis galeuses. La création d’une Police Integrity Cell aide à identifier les membres de la force qui vont à l’encontre des lois et du code de discipline.
Pourquoi la brigade doit-elle faire face à des difficultés lors de ses opérations dans certaines régions de l’île ?
Oui, parfois les officiers de l’ADSU doivent faire face à des foules hostiles. Des membres de la brigade antidrogue ne peuvent faire leur travail et se font agresser. C’est regrettable et c’est un geste antipatriotique. Ce n’est pas dans l’intérêt public. Certaines personnes sont de mèche avec les trafiquants et sont payées pour nous barrer la route.
Nous ne reculons pas devant ces obstacles. Mais je souligne que nous avons aussi beaucoup d’aide du public. Dans beaucoup de cas, nous avons reçu des appels anonymes qui nous ont bien aidés. D’ailleurs, je lance un appel à ceux qui ont des soupçons sur quelqu’un, au sujet de la drogue, d’appeler le 148 pour le dénoncer. Il y a aussi le numéro de la police, le 208 1212. Que le public se rassure : tout sera traité en toute confidentialité.
Quel est l’objectif de l’ADSU pour 2018 ?
Le combat contre la drogue va continuer. Nous avons deux gros défis à relever. Il y a le National Drug Control Master Plan, préparé avec l’expertise de l’United Nations Office on Drugs and Crime, qui sera bientôt lancé par le bureau du Premier ministre. C’est un plan d’envergure, adressé à toute la nation.
Nous avons aussi le rapport de la commission Lam Shang Leen sur la drogue. Avec ce rapport, on s’attend qu’il y ait des recommandations significatives dans le combat contre la drogue. Combat qui sera appelé à se transformer.
Certains officiers de prison sont soupçonnés d’être des complices de trafiquants de drogue. Que faire pour contrecarrer ce problème ?
Nous avons établi une ligne de communication avec l’administration pénitentiaire. Il y a une collaboration entre la prison et l’ADSU, et un partage de renseignement. Oui, dans certains cas, il y a une connexion entre la prison et le trafic de drogue.
Le Forensic Science Laboratory (FSL) peut-il répondre à la demande de l’ADSU ?
Les rapports du FSL sont cruciaux pour les enquêtes de l’ADSU. Vu le nombre de cas, nous sommes en contact permanent avec cette institution, qui est un organisme indépendant.
Qu’en est-il des campagnes de sensibilisation avec le public? Portent-elles leurs fruits ?
Le combat contre la drogue, c’est le combat de tout le monde. Sans la collaboration du public, nous ne pourrons pas progresser. Mais un autre aspect de notre travail reste la prévention, surtout dans les collèges. Nous organisons aussi des rencontres sociales. Et nous recevons l’aide des organisations non gouvernementales et des médias.
Comment évaluez-vous ces campagnes ?
Les campagnes ont un réel impact sur les gens. Nous leur faisons prendre conscience des dangers de la drogue. C’est une sensibilisation en profondeur, ciblée. Nous avons aussi des rencontres régulières impliquant la police et le ministère de l’Éducation, pour assurer le suivi.
La collaboration entre l’ADSU et la Mauritius Revenue Authority fonctionne-t-elle ?
Il y a une très bonne entente. D’ailleurs, dans le cas de la saisie des 135 kg d’héroïne, la douane a joué un rôle important. C’est un exemple vivant de l’étroite collaboration qui existe entre nous. Nous sommes deux équipes où il y a une compétition saine.
L’ADSU et La Réunion ont-elles mené une enquête commune dans la saisie de Rs 600 millions d’héroïne sur le bateau «Sweet Love Mama», où trois Mauriciens sont impliqués ?
Nous avons fait une demande aux autorités réunionnaises, mais la réponse se fait toujours attendre. Cependant, il y a eu un échange entre l’ADSU et La Réunion, pour une collaboration étroite.
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