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Derrière les mutations des enseignants…
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Derrière les mutations des enseignants…
Lobbies, favoritisme… La venue du Nine-Year Schooling n’a pas changé la tendance. Cette année encore, la rentrée scolaire a été marquée par des manifestations de parents mécontents. À l’école primaire de Mesnil puis à Baichoo Madhoo, à Quatre-Bornes, jeudi 11 et vendredi 12 janvier, plusieurs se sont regroupés pour faire état de leur frustration au sujet du «transfert» ou du «posting » des enseignants. Qui tire les ficelles lors de ces exercices ? Nous avons tenté de comprendre.
Selon nos informations, les mutations sont effectuées par un comité sur lequel siègent des représentants syndicaux. Une liste d’enseignants qui doivent changer d’école est compilée pendant l’année. À titre d’exemple, l’instituteur peut avoir fait son temps dans un établissement et doit prendre poste dans une autre école.
Le comité prend en considération les demandes et paramètres pour effectuer l’exercice. Des solutions sont trouvées pour des cas dits «difficiles» et pour s’assurer qu’il y ait un nombre d’enseignants suffisant dans les zones éducationnelles. Mais on assiste à des cafouillages à chaque rentrée scolaire.
Pourquoi ? Vinod Seegum, président de la Government Teachers Union (GTU), qui s’occupe des transferts, indique qu’il y a chaque année des changements de dernière minute. Le comité compile une liste de transferts «qui met tout le monde d’accord» mais, au ministère, des changements sont apportés à la rentrée. «Il faut que cette liste devienne officielle et soit ratifiée. Tant que cela ne sera pas fait, il y aura toujours des changements», dit-il.
Les parents font la loi
D’avancer que certains maîtres d’école donnent des chiffres erronés quant au manque d’enseignants dans leurs écoles. Ainsi certains demanderaient cinq enseignants au lieu de trois. «Cela complique les choses.»
Vinod Seegum soutient aussi que les «parents font la loi» dans plusieurs cas. «Ils exigent des enseignants et en font transférer d’autres. Ils ont été tolérés depuis belle lurette.» Comme les autorités cèdent, cela contribuerait à l’instabilité à la rentrée.
Le président de la GTU concède que dans de tels cas, les enseignants y sont aussi pour quelque chose. Il parle même de «connivence», certains instituteurs feraient des lobbies auprès des parents pour obtenir de bonnes écoles mais surtout des classes de Grade 5 et de pouvoir donner des leçons particulières. De cette façon, un instituteur «bien vu» peut facilement se faire Rs 48 000 par mois. Nos recoupements indiquent que certains instituteurs ont même fait du porte-à-porte, en s’appuyant sur les résultats du Certificate of Primary Education pour se vanter d’avoir envoyé plusieurs élèves dans des Star Colleges.
Ces lobbies, Shareef Chady, président de la Mauritius Head Teachers Association (MHTA), les connaît. «C’est malhonnête», affirme-t-il au sujet de ceux qui tentent par tous les moyens d’obtenir des Star Schools et une clientèle pour les leçons particulières. «Pour pouvoir caser une personne, il faut bouger dix autres enseignants. Ce n’est pas évident.»
Raisons médicales
Selon Shareef Chady, les maîtres d’école sont très stressés. Mais ces responsables doivent savoir gagner la confiance des parents pour ce qui est de l’allocation des classes, déclare-t-il.
Le président de la MHTA fait aussi ressortir que les syndicats ne devraient pas chercher à caser «zot dimounn» dans les écoles. Ils ne devraient pas non plus avoir recours au favoritisme.
Y a-t-il vraiment des cas de favoritisme lors de l’allocation des écoles ? Vinod Seegum répond qu’il y a des critères à respecter. Il y a notamment des raisons médicales qui font que des enseignants demandent à être mutés dans d’autres écoles. «Les syndicats connaissent les enseignants, leurs forces et leurs faiblesses. Nous savons lesquels pourront bien faire dans certaines de ces écoles.»
Quant à Kemraz Khedoo, président de l’Association des inspecteurs du primaire, il laisse entendre que les enseignants choisissent désormais de travailler dans des établissements qui sont à proximité de leurs maisons. «Nous comprenons les demandes de chacun et les raisons derrière. Il nous faut manœuvrer pour qu’à la fin du jour, l’enfant mauricien en sorte gagnant.» Il soutient lui aussi que le facteur humain fait peser la balance et fait qu’il y a des ajustements.
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