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«Lépok lontan vwazin ti pé viv kouma fami»

14 janvier 2018, 00:00

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«Lépok lontan vwazin ti pé viv kouma fami»

Auparavant, les voisins étaient les premières personnes vers lesquelles on se tournait en cas de souci. Ils étaient «kouma fami». Mais ce temps-là est révolu. D’ailleurs, rien qu’en ce début d’année, une bagarre entre voisins a mal fini. En effet, le 2 janvier, une énième dispute entre les Baboolall et les Ghoorbin a dégénéré à Fond-du-Sac. Akshay Baboolall a coincé Outam Ghoorbin et son père Anand avec son 4x4 contre un mur, dans un accès de colère. Les deux n’ont pas survécu. Comment expliquer cette situation ? L’express a tenté de comprendre.

Donald Jérome, 92 ans, se rappelle le temps où ses voisins et lui vivaient comme une famille. «Ki ou pé dir ? Bagarre de voisinage ? Sa pa ti ekzisté», dit l’homme qui vit à Tamarin depuis plus de 60 ans. Selon lui, la cause serait le manque de respect des jeunes envers leurs aînés. «Zot inn tom dan lalkol, ladrog. Kan grandimounn kozé, zot pa pé pran kont. Kouma ou donn konsey, zot sap lor kal.» Selon lui, quand il aperçoit des jeunes dans la rue, il évite tout type d’argument pour éviter la bagarre. «Mo toultan ress dan mo kwin é mo dir bondié gard mwa bien.»

Carment Lebon, 78 ans, explique qu’auparavant, les voisins s’entraidaient. «Il y avait peu de maisons quand je suis venue habiter ici, à Bambous. On se serrait les coudes entre voisins. À chaque fois qu’il nous manquait un ingrédient dans la cuisine, mon défunt époux et moi allions le leur demander. Ils ne nous refusaient jamais.» Ce n’est plus le cas aujourd’hui. «Sey fer sa zordi, bann zenn ki pé lévé-la pou trouv ou bizar.» Les gens, ajoute-t-elle, sont «personnels». «Nou’nn koumans abitié ar sa bann manier dé viv la depi dé trwa tan. Nou pa fourayé, sakenn dan so kwin.» Cela la chagrine. «Mantalité inn sanzé é dé plizanpli bann zenn koz brit

Daisy Hurreeram, 88 ans, raconte que cela fait 65 ans qu’elle vit à Canot, et pas une seule fois elle n’a eu une prise de bec avec ses voisins. «Nous faisons le va-etvient dans la maison de nos voisins car nous étions considérés comme membres de la famille.» Qui plus est, les voisins étaient ceux qui accouraient les premiers en cas de problème. «Mo prop fami mo pa ti gagn létan zwenn é pa ti la kan nou ti bizin.» Mais les temps ont changé. «Zordi, bann zenn népli kas la tet ek ou. Enn bonzour pa gagné ar zot

«Si démin mo tonbé, mo vwazin pa pou lev mwa» Pour Kresoon Koonjoobeeharry, 67ans, les valeurs se perdent. «Si démin mo tonbé, mo vwazin pa pou lev mwa», dit l’habitant de Chebel. D’ajouter que «ou bizin pa expect nanyé de ou vwazin.» Selon lui, auparavant les gens étaient pauvres mais «ti éna bon manier dé viv». Les jeunes d’aujourd’hui ont le sang chaud. «Zot kapav fer enn bagar éklaté dan enn ségonn

Doit-on rejeter la faute seulement sur les jeunes ? Pour le sociologue Ibrahim Koodoruth, il existait une forme d’entraide entre voisins dans le passé. Mais, de nos jours, c’est chacun pour soi. «Il y a un sentiment d’égoïsme, de jalousie, de méfiance et de compétition qui prévaut Il n’y a plus de dialogue. Si l’un a construit une maison, l’autre en construira une plus grande. Cela peut générer de la jalousie qui peut aboutir à un conflit», poursuit-il.

De son côté, Jacqueline Dursoniah, travailleuse sociale et présidente de l’ONG Civic Action Team de Pailles, explique que le pays évolue, pas forcément dans le bon sens. «Auparavant, tout le monde était pareil. Mon récipient de curry et celui du voisin étaient le même. Mais, de nos jours, l’orgueil et de la jalousie de certains prennent le dessus et son incontrôlables», relate-t-elle. D’expliquer que certaines personnes ne peuvent supporter que leur voisin réussisse mieux qu’eux. Toutefois, il y a des exceptions, soutient-elle. Certains voisins se disent bonjour même s’ils ne sont pas en bons termes. N’empêche que la situation reste tendue.

Par ailleurs, pour un policier du Neighbourhood Watch, il est important d’avoir une bonne relation entre voisins. Il constate que c’est toujours le cas dans beaucoup de villages, surtout lors des funérailles ou d’un mariage. «Je ne dis pas que cela n’existe pas dans les villes, mais c’est de plus en plus rare.» Selon lui, beaucoup de «counselling» ont lieu dans les nouveaux morcellements. «Nous expliquons aux gens comment vivre en communauté. Par exemple, s’ils remarquent des choses louches chez des voisins qui ne sont pas chez eux, il faut alerter la police