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Requins et aquaculture: une psychose plus qu’une menace à Grand-Gaube

16 janvier 2018, 00:45

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Requins et aquaculture: une psychose plus qu’une menace à Grand-Gaube

La présence de requins due à l’aquaculture est évoquée à Grand-Gaube. Mais des habitants affirment eux, que ces bêtes ont toujours vécu dans cette région.

«Il y a toujours eu des requins dans le lagon de Grand- Gaube.» C’est ce qu’estiment plusieurs habitants de la région rencontrés cette semaine, faisant fi de la visite du ministre du Tourisme Anil Gayan durant laquelle aucun de ces poissons carnivores n’a été aperçu dans le lagon lundi. Une question demeure toutefois : y a-t-il matière à s’inquiéter, surtout avec l’intention de Growfish de lancer un important projet ? L’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), tire, elle, déjà la sonnette d’alarme.

L’express est allé sur place. Assis au pied d’un arbre pour réparer leurs accessoires de pêche, des habitants de Grand-Gaube, certains étant pêcheurs depuis plus de 40 ans, ne sont pas inquiets. Pour eux, la psychose autour des requins n’a pas lieu d’être, étant donné que ces squales ont toujours existé dans le lagon et qu’ils ont l’habitude d’en rencontrer. Ils savent même où les trouver, en grande quantité.

«Il y a une passe qui s’appelle La Pass Caracass», raconte Louis Gerardo David. «Il y en a de tous les types ici, requin de récif, tigres, bouledogue et autres. Il y a toujours eu des requins dans le lagon, sauf qu’à Maurice, on ne se fait pas attaquer.» Selon ces pêcheurs, auparavant, des requins presque aussi grands que leurs pirogues, soit de six à sept mètres, pouvaient être vus en dehors des récifs ou dans les passes.

Un peu plus loin, c’est un autre son de cloche. Deepak Ganesh, également pêcheur, est certain que les requins sont plus nombreux aujourd’hui. Il soutient que ce phénomène est dû aux cages installées pour l’aquaculture.

Quoi qu’il en soit, pour beaucoup, les photos de deux requins pêchés dans le lagon sont la preuve que ceux-ci sont attirés par les fermes aquacoles. Il se trouve que c’est bêtes ont été prises par Alex (prénom modifié), un pêcheur, qui cherchait justement à les capturer.

Prise à rs 20 000

Nous avons rencontré Alex. Son histoire diffère de celle colportée sur Facebook. «Nous nous étions préparés à cela, avec des appâts et des lignes pour la capture de requins», raconte-t-il. «Nous le faisons de temps en temps à Grand-Gaube parce qu’un grand requin, comme le tigre, peut facilement rapporter Rs 20 000.»

Alex explique d’ailleurs qu’il ne manque pas de clients pour la viande de requins, particulièrement pour les ailerons. Or, Maurice est signataire du Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora. Ainsi cette pratique n’est pas permise dans nos eaux.

Si les requins sont bien présents dans Grand-Gaube, il est difficile de comparer deux petites fermes aquacoles au projet important que veut lancer Growfish. Après la visite d’Anil Gayan, l’AHRIM a indiqué, dans un communiqué émis le 8 janvier, que leur appel au Tribunal de l’environnement est pour dénoncer la «démesure des objectifs du projet de Growfish » et «les stimuli qu’il risque de représenter pour la population de requins». L’association a aussi souligné l’importance d’une étude scientifique.

Le but de la descente du ministre du Tourisme était de constater si des requins rodaient effectivement autour des deux fermes aquacoles installées à Grand-Gaube. Il voulait aussi rassurer les hôteliers après l’appel de l’AHRIM devant le Tribunal de l’environnement contre le projet de Growfish. Bien qu’aucune de ces bêtes n’ait été détectée, le ministère a affirmé qu’il restera vigilant.