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#50ansMoris: Girls just wanna have fun… damental rights
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#50ansMoris: Girls just wanna have fun… damental rights
50 ans. C’était comme si c’était hier pour les femmes qui ont vécu cette époque. En effet, les circonstances sociales et économiques, ainsi que la lutte féministe, ont permis à une émancipation rapide de la femme. Quelles sont ces circonstances ? Qui sont les femmes qui ont mené cette lutte ? Pourquoi ont-elles milité ? Et malgré les victoires de ces femmes-courage, quels combats restent-ils à mener ?
La femme en 1968:
«Le Code Napoléon a subsisté jusque dans les années 70. La femme mariée était considérée comme mineure. Son mari touchait son salaire, s’il lui donnait le droit de travailler. Elle n’avait pas le droit de quitter le pays toute seule, non plus», raconte Lindsey Collen, membre fondatrice de Muvman Liberasyon Fam dans le milieu des années 70. À cette période, les filles étaient aussi mariées très tôt, se rappelle-t-elle. D’ailleurs, l’âge légal du mariage était 14 ans et l’union pouvait se faire plus tôt avec l’ordre d’un juge.
Les lois du mariage étaient aussi défavorables à la femme. Par exemple, le mariage religieux était acceptable, explique Ramola Ramtohul, académique qui se spécialise dans les affaires du genre. «Cela permettait l’abandon des femmes à elles-mêmes. Dans mes recherches, j’ai vu, par exemple, que certains hommes n’hésitaient pas à abandonner leurs épouses si ces dernières ne leur donnaient pas un fils», souligne Ramola Ramtohul.
Outre la nuptialité, la loi avait aussi un droit de regard sur la fertilité des femmes. «Les femmes n’avaient pas le droit à la contraception et son mari devait donner sa permission si la femme avait besoin d’une ligature des trompes», explique Lindsey Collen. D’ailleurs, le rôle maternel de la femme dans la société mauricienne était au sens même de son existence, selon Shirin Aumeeruddy-Cziffra, ancienne ministre de la Justice, des droits de la femme et de la famille. «La femme était une mère avant tout.»
Conseils matrimoniaux !
4 février 1968. Chantal s’apprête à se marier. Mais elle ne se sent pas égale à son époux : elle ne travaille pas et trouve qu’elle est «petite et insignifiante». Elle demande de l’aide à travers la rubrique «Virginie vous répond», du Week-end.
La naissance de la femme libre… ou presque
C’est en 1968 que la toute première association de femme détachée de toute organisation religieuse et culturelle voit le jour. Selon Ramola Ramtohul, la Women’s Self-Help Association (WSHA) est formée par les femmes au foyer de la bourgeoisie politique. Ces femmes se sont attelées à la formation de jeunes filles dans les villages pour des métiers tels ceux de la zone franche. D’ailleurs, dans son papier intitulé «Globalisation, intersectionality and women’s activism : An analysis of the women’s movement in Mauritius», Ramtola Ramtohul fait valoir que c’est la mise sur pied de la zone franche dans les années 70 qui a créé l’emploi en masse pour les femmes de la classe ouvrière et que cela a été le dé- but de l’autonomisation économique des femmes de ce milieu.
Malgré la création d’emploi, qui a rendu la participation économique des femmes quasi obligatoire, la femme mauricienne a été confrontée à beaucoup d’homologues réfractaires à son émancipation. Avant cela, dans les années 40, l’acceptation du statut civil de la femme et du suffrage féminin s’est heurtée à des lobbies religieux et communaux, fait valoir Ramola Ramtohul dans son papier.
Quarante ans plus tard, la lutte ne s’annonçait pas plus facile. C’est dans les années 70 que le premier mouvement féministe commence avec le MMM. Plus tard, des mouvements féministes sont créés indépendamment des partis politiques. La Ligue féministe fondée par Shirin Aumeeruddy-Cziffra, l’Association des femmes mauriciennes ou encore le MLF.
«En 1978, le premier grand meeting des femmes a eu lieu dans le jardin de la Compagnie. Toutes les associations y ont participé et même les ailes féminines des partis politiques», se rappelle Lindsey Collen. Lors de cette mobilisation, les femmes présentes s’accordent sur une liste d’une dizaine de revendications. Parmi celles-ci, la contraception et le droit à l’avortement, le statut de la femme dans le mariage, la révocation du Code Napoléon ou encore la violence conjugale.
Grèves de la faim, rallyes ou encore des sit-in dans les rues publiques... les associations de femmes regorgeaient de moyens pour se faire entendre et reconnaître. «Nous faisions face à des représailles de la part de groupes religieux et socio-culturels. Nous allions distribuer des dépliants sur la contraception et l’avortement pendant les causeries religieuses sur le sujet, par exemple. Nous nous sommes souvent fait rabrouer», explique Lindsey Collen.
Pendant cette période, la prise de conscience est grandissante parmi la population et le taux de naissance, de mortalité infantile et de mortalité maternelle diminue, explique Ramola Ramtohul dans sa publication. Elle soutient aussi que la pression grandissante exercée par les Nations unies a beaucoup aidé les choses.
C’est dans les années 79-81 qu’aboutissent tous ces efforts. «Nous avons ramené l’âge légal du mariage à 16 ans. Nous avons fait fixer l’âge du consentement à 16 ans. Nous avons fait révoquer le Code Napoléon pour que la femme ait un statut égal à l’homme», souligne Lindsey Collen.
1968. La femme, une fois mariée, devient la propriété de son époux. Son salaire, si son époux lui permet de travailler, revient à ce dernier, ses décisions aussi. En union matrimoniale avec un homme, la femme est d’ailleurs considérée une mineure. À en croire les expertes, la femme d’il y a 50 ans se mariait aussi très tôt et avait plus d’enfants.
2017. Les choses ont changé. La femme adulte, mariée ou célibataire, a le droit de prendre ses propres décisions. Elle touche elle-même son salaire. Dans le mariage, elle a le droit de décider si elle veut tomber enceinte ou si elle veut avoir recours à des moyens de contraception.
Et maintenant ? Si les lois ont été amendées pour promouvoir le statut légal de la femme… la mentalité, elle, peine à changer, s’accordent à dire les femmes interrogées. Déjà, avance Ramola Ramtohul, le progrès est à deux vitesses. «Et les conditions s’entremêlent pour une femme de milieu aisé et une femme de classe ouvrière. Pour toutes les femmes, la citoyenneté est la même de par la loi. Mais pour une femme de milieu pauvre, par exemple, elle pourrait être moins exposée si sa mobilité est réduite. Ou encore plus exposée au harcèlement de rue que la femme aisée parce que la femme de classe plus modeste prendra le bus plus.» Et puis, il y a aussi le fait qu’outre son travail, la femme porte souvent tout le poids des tâches ménagères. Pour Monique Dinan, fondatrice du Mouvement d’aide à la maternité (MAM), on peut y arriver si la société donne les moyens aux femmes. «Que les employeurs améliorent les conditions des femmes en emploi, par exemple…» soutient-elle. D’ailleurs, cette dernière est aussi d’avis qu’il ne faut pas impliquer la religion dans le féminisme. «Je suis beaucoup pour le respect du choix de la personne. Lui donner toutes les informations et encourager la réflexion», souligne la fondatrice de MAM et ex-journaliste et chroniqueuse. Autre problème à tacler : «Les violences faites aux femmes», soutient Shirin Aumeeruddy-Cziffra.
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