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Le secteur de la construction moteur de croissance en 2018

7 février 2018, 19:09

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Le secteur de la construction moteur de croissance en 2018

Après cinq ans de décroissance et une reprise timide l’année dernière, le secteur de la construction est appelé à rebondir en 2018 avec le lancement des méga projets d’infrastructures, dont le Metro Express.

Une croissance de 9,5 % a été annoncée pour le secteur de la construction cette année. Pour l’atteindre, un véritable défi aura à être relevé par le gouvernement. Celui-ci mise sur l’exécution d’importants travaux d’infrastructures comme le Metro Express, la mise en route du Road Decongestion Programme ou encore le développement portuaire. Mieux, il s’appuie sur ce secteur pour doper la croissance économique du pays, qui peine à franchir la barre de 4%.

L’atelier de travail du Construction Industry Development Board, qui s’est déroulé le mardi 6 février, a permis aux agences gouvernementales impliquées dans le secteur et aux opérateurs du bâtiment d’interagir afin de mieux comprendre la problématique de ce secteur.

Metro Express

Objectif : mieux traduire la vision infrastructurelle du gouvernement en réalité. Notamment avec le démarrage des travaux du projet phare de Metro Express qui viendra transformer le visage urbain de Maurice et bousculer les habitudes des passagers du transport en commun et de tous les utilisateurs de l’axe routier allant de Port-Louis à Rose-Hill dans un premier temps avant de rallier Curepipe dans un second temps.

«Nous sommes en train de réaliser une opération chirurgicale dans un corps urbain vieux de plus de 200 ans», a résumé, le mardi 6 février, le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha à l’ouverture de l’atelier de travail, insistant dans la foulée sur les énormes implications sociales pour les usagers de la route.

Grand chantier

Pour lui, les Mauriciens doivent s’habituer à voir Maurice émerger comme un grand chantier pour que demain la congestion routière soit chose du passé avec l’avènement d’un mode de transport moderne cadrant avec l’ambition de Maurice d’être une économie aux revenus élevés.

Les contraintes

Certes, face à l’exécution de ces méga projets infrastructurels se chiffrant à plusieurs milliards de roupies, un certain nombre de contraintes ont été identifiées et sont susceptibles d’agir comme un frein à leur bon déroulement. Qu’il s’agisse du manque de main-d’œuvre locale et la possibilité d’avoir recours à des travailleurs étrangers pour faire rouler les chantiers, de l’incapacité des compagnies à satisfaire la demande en matériaux de construction ou encore de l’absence de mécanismes pour faciliter le travail dans ce secteur.

«Des rencontres structurées, comme cet atelier, sont des forums appropriés pour permettre à chaque partenaire d’exposer ses contraintes et de trouver des solutions en conséquence», explique Nadia Daby Seesaram, la présidente du Construction Industry Development Board.

Main-d’œuvre locale rare

En fait, jusqu’à récemment, les entrepreneurs avaient tiré la sonnette d’alarme. Ils ne savaient à quel saint se vouer pour trouver la main-d’œuvre locale. Celle-ci boude les chantiers.

«Malgré les efforts des opérateurs, nous n’arrivons toujours pas à trouver localement des ouvriers qualifiés comme des maçons, des crépisseurs, des charpentiers, des carreleurs ou encore des électriciens», confirmait dernièrement à l’express Didier Adam, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association et Chief Executive Officer (CEO) de la General Construction Co. Ltd, une des plus grosses compagnies de construction du pays. Une situation qui n’est pas étrangère à d’autres professionnels du secteur.

Travailleurs étrangers

Du coup, les entrepreneurs sont condamnés à avoir recours à la main-d’œuvre étrangère. Le nombre de travailleurs étrangers s’élevait à 2 838 sur une main-d’œuvre de 39 600 pour l’année 2016.

Force est de constater que depuis 2011, le nombre d’employés dans ce secteur a été en chute libre, passant de 47 900 à 46 600 en 2014 et 40 200 en 2015. Certes, une réflexion s’impose pour analyser objectivement les raisons justifiant cette forte baisse.

Salaires très bas

Gérard Uckoor, petit entrepreneur dont la société qui porte son nom opère comme une petite et moyenne entreprise, explique cela par la grille de salaires très bas proposés aux travailleurs. «À mon avis, c’est le seul facteur qui freine les jeunes ouvriers aujourd’hui à envisager une carrière dans cette industrie. Dans de grosses sociétés, on leur propose une «journée» à Rs 400 alors qu’ils peuvent toucher jusqu’à Rs 1 000 chez d’autres entrepreneurs, même s’ils sont conscients que ce sera pour quelques jours seulement.» D’ailleurs, lui, il n’éprouve pas de difficultés à recruter des travailleurs locaux pour honorer ses contrats de construction.

«Nous sommes en train de réaliser une opération chirurgicale dans un corps urbain vieux de plus de 200 ans.»

Le CEO de General Construction pousse la réflexion plus loin. Il ne croit pas que l’élément argent joue un rôle quelconque. «Il y a aussi le problème de valorisation sociale car l’ouvrier qualifié tel que le maçon, le charpentier ou encore l’électricien n’obtient pas, et cela injustement, la reconnaissance qu’il aurait dû avoir de la société.» Il trouve cela dommage d’autant plus que le pays a été bâti principalement par des ouvriers mauriciens.

D’autres opérateurs ne sont pas sur la même longueur d’onde et ont une lecture différente de la situation. «Nous avons une main-d’œuvre locale peu performante, pas suffisamment formée. D’autres mauvaises habitudes gangrènent ce secteur, à savoir les absences répétées des employés les lundis et le refus de travailler les samedis», confie le directeur d’une compagnie de construction qui a souhaité garder l’anonymat.

Résultat des courses : l’industrie de la construction est obligée d’avoir recours aux travailleurs étrangers qui, eux, sont disposés à travailler 7 jours sur 7. Qui plus est, soutiennent d’autres acteurs du secteur, c’est grâce à ceux-là que leurs chantiers sont livrés à temps.

Le Construction Industry Development Board sera sans doute appelé à trouver des solutions aux nombreuses contraintes pour que l’ambition voire l’objectif de ce secteur comme générateur d’emplois et de croissance soit atteint. Le ministre Bodha souhaite que tous les acteurs du secteur y trouvent leur compte, que grosses compagnies de construction comme petites sociétés aient chacune leur part du gâteau lors de l’allocation des contrats pour les différents projets d’infrastructures. Quelque 1 182 entrepreneurs locaux font partie du paysage.

On dit toujours que quand la construction va, tout va ! Réponse dans les semaines à venir…