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Agaléga: «Nou pé viv enn déziem Chagos»

11 février 2018, 19:34

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Agaléga: «Nou pé viv enn déziem Chagos»

«Au lieu d’aller ailleurs, les Mauriciens pourront, dans un futur proche se rendre à Agaléga pour y passer des vacances C’est ce qu’a affirmé le ministre du Logement et des terres, lors d’une cérémonie officielle à Port-Louis, le 26 janvier, réfutant les rumeurs de hidden agenda de l’Inde sur Agaléga. Bien avant que Mahen Jhugroo n’évoque le sujet, il s’agissait déjà de l’une des revendications d’Arnaud Poulay, secrétaire général de l’Agalega Mauritius Partnership Association (AMPA). Rencontre.

À 34 ans, Arnaud Poulay est un fervent militant de la cause agaléenne, soucieux de sauver l’île, sa terre natale. Il ne s’oppose pour autant au développement. C’est d’ailleurs, explique-t-il, pourquoi l’AMPA a été créée : dans le but de permettre aux Agaléens de mener un vrai combat afin que tous leurs droits soient respectés.

Et pas que. Dans les plans de l’AMPA, les Mauriciens ne sont pas en reste. «Agaléga li form parti Maurice é tou Morisien éna drwa vizit li, dékouver li, konn li», clame Arnaud Poulay.

Il le chante d’ailleurs. Auteur, compositeur et interprète du morceau Agaléga, Groupe Zenfan Losean, on retient ses paroles : «Mo kontan twa Agaléga mo zoli ti zil, mo pou sagrin si mo perdi twa, mwa. Kot twa mo’nn aprann viv an sinplisité. Li enn kado Bondié inn doné bizin protez li.»

«L’heure est grave»

Pour protéger son île, Arnaud Poulay se bat avec la force d’un lion, appuyé et soutenu par ses compatriotes. Selon lui, les choses vont de mal en pis depuis quelques années déjà pour Agaléga. Bien que le gouvernement mauricien rassure, de nombreuses personnes, y compris lui, s’accordent à dire que des négociations sont en cours pour qu’Agaléga soit donnée, en contrepartie, à un autre pays comme cela a été le cas pour les Chagos. Dans la même veine, le secrétaire général de l’AMPA est d’avis que le projet de bunkering à Albion ne serait pas anodin et aurait un lien avec la construction d’une piste d’atterrissage à Agaléga.

Bien qu’il ait reçu de nombreuses menaces et directives pour ne pas s’adresser à la presse, Arnaud estime que «l’heure est grave et il faut tout faire pour éviter qu’une deuxième série noire chagossienne ne se produise». Il est catégorique. L’île n’a pas besoin d’une piste d’atterrissage. «Il faut simplement rénover celle qu’il y a déjà et construire quelques shelters pour les besoins de l’aviation. Nou pa bizin baz militer nou, nou bizin aéropor sivil pou ki Morisien konn Agaléga é vis-versa.»

Ce qui révolte davantage les habitants, selon le jeune homme, c’est le fait qu’il y a d’autres développements plus importants qui sont nécessaires. Alors que le gouvernement fait la sourde oreille et préfère se concentrer sur la construction d’une piste d’atterrissage qui est loin d’être un «must».

Au dire des habitants, le centre de santé qui se trouve dans l’île ne disposerait pas d’appareil pour les radiologies (X-ray). De plus, il n’y aurait pas de service de maternité. «Enn madam lot fwa so ti bébé inn mor dan so vant é fodé linn vinn Maurice pou kapav fer enn éko. Laba péna é zot pé rod fer lapis alor ki zis bizin rénov li», s’insurgent-ils.

 «Zot dir nou pa kontakté média»

L’un d’eux a ajouté que «mo névé inn sap lor bisyclet inn tonbé lot zour-la. Li enn zanfan é inn bizin atann Dornier vini pou amenn li Seychelles avan li rési vinn Mauris pou al lopital». Le reste de l’argent investi dans la construction de cette piste, poursuivent les habitants, aurait pu, par exemple, servir à aménager des services de santé adéquats pour les 350 personnes qui y vivent.

Le fait qu’on leur répète qu’il est urgent de construire une nouvelle piste car l’ancienne n’est pas praticable laisse les habitants perplexes. Parce que, fait ressortir Arnaud, «si un ministre s’y rend, ou encore un commandant indien est en visite à Agaléga, la piste devient fonctionnelle». D’ajouter, à la liste de leurs manques, que l’île ne dispose d’aucun autre service Internet en dehors du réseau Emtel.

Les menaces et les autres tentatives de répression, Arnaud n’en a que faire. «Zot dir nou bizin konsilté minister. Kan présidan Agaléga rod enn randévou personn pa le résevwar nou, ni ékout nou. Selma zot dir nou pa kontakté média. Amélior nou zil é les nou resté.»

Même si jusqu’à présent, ils n’ont pas été sommés de quitter leur île natale, selon Arnaud, cela ne saurait tarder. «Nous savons ce qu’il y a derrière ce refus de développer l’île et cette envie de construire une piste qui traversera le village tout entier.»