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Sorèze: inondations, érosion… malaise sur les «falaises»

11 février 2018, 23:30

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Sorèze: inondations, érosion… malaise sur les «falaises»

Les inondations ne touchent pas que les quartiers «défavorisés». Après les grosses pluies, Sorèze ressemble bien plus à un champ de bataille qu’à un quartier huppé. Glissements de terrain, drains bouchés et routes défoncées sont le quotidien de ces habitants depuis le début de l’année.

James Constant a 77 ans. Cela fait 14 ans qu’il habite la région. Il était le premier à construire une maison dans le coin. Pendant des années, cet ancien marin a vécu sans encombre, loin des préoccupations de l’eau qui entre dans les maisons après chaque grosse pluie.

Selon James Constant, qui habite à Sorèze depuis 14 ans, cela fait deux ans que les problèmes d’accumulation d’eau sont apparues.

«Mé dépi dézan parla, sa inn sanzé net», dit-il, dépité. La route devant sa maison est impraticable. Un gros trou y a fait son apparition, il y a quelques semaines. La municipalité est, certes, au courant, des ingénieurs sont venus et ont même mis «enn gro ta makadam» à côté, en prévision des réparations. Depuis, plus rien. Aucune trace des experts.

Pendant ce temps, la route est toujours dans un état pitoyable et les habitants doivent effectuer des détours pour rejoindre la capitale. Cette partie de la route, précise Jean Constant, a été refaite récemment. «Bann-la inn kasé pou fer tiyo Bagatelle Dam pasé. Zot inn mal ranzé, samem tou inn défonsé ar présion délo», poursuit-il.

 Construire sans planifier

Qu’est-ce qui a engendré cette situation ? «C’est simple. Il y a des drains partout. Mais il y a quelques années, les constructions ont démarré plus haut sur la montagne. C’est là que les problèmes ont fait surface.»

James Constant en est persuadé. Selon lui, plusieurs maisons ont été construites sur des drains et de ce fait, l’eau descend jusqu’à la route. Il y a quelques demeures, pas loin de chez lui, qui commencent à être légèrement inondées à chaque fois qu’il pleut, et il a peur que le phénomène s’accentue si les habitants continuent à construire sans planifier.

De plus, comme le quartier est en pleine expansion, les débris de construction ont bouché plusieurs tuyaux d’évacuation, ce qui fait que l’eau stagnante a élu domicile un peu partout dans la région. «Après, on va nous dire qu’il y a des maladies à cause des moustiques. Mais rien n’est fait pour rétablir la situation», bougonne James, piqué par la colère.

Un peu plus loin, Loreta (prénom d’emprunt) «nettoie» la rivière qui coule derrière sa maison. Après avoir sollicité de l’aide auprès de diverses institutions et autorités, elle a dû se résigner à mettre la main à la pâte. «À chaque fois qu’il pleut, il y a des glissements de terrain», explique-t-elle, montrant la pente boisée à côté de sa maison, construite en contrebas.

 «Avan drin pa ti bousé»

Rochers, branches et terre obstruent la rivière et à chaque fois, la menace d’inondations est réelle. Elle sort souvent de chez elle pour déblayer cette rivière sous la pluie, voire par temps de cyclone.

Mais cette rivière, dit-elle, n’a pas toujours été là. À l’origine, c’était un drain... Lorsque les constructions ont commencé à prendre racine plus haut dans la région, l’eau des autres drains obstrués a été déviée vers celui-ci. Résultat des courses : la rivière est née. «Le problème a commencé en 2013. Lorsque Port-Louis était sous les eaux, c’était pareil ici, sauf que personne n’est venu nous voir malgré les appels répétés.»

Qu’en est-il des permis de construire ? Ceux que nous avons interrogés les ont obtenus sans problème. Ne se doutaient-ils pas que construire «en pente» allait poser problème ? «Non. Parski avan kan drin pa ti bousé pa ti éna sa bann problem-la!»