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Titoni Lam: les traditions de ses premiers printemps
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Titoni Lam: les traditions de ses premiers printemps
Le Nouvel An chinois, à son époque, était le moment le plus attendu de l’année. C’est, d’ailleurs, avec nostalgie que Titoni Lam se remémore les souvenirs d’antan. «Lavi pé vinn modern. Sa sensasion lontan-la népli existé. Nouvo zénérasion ki pé vini pa trouv sa enn zafer obligatwar. Nou bizin aksepté…» dit l’homme âgé de 73 ans.
«Nous étions pauvres. Pour la fête du Printemps, nous recevions tous une chemise neuve, un pantalon et des chaussures. Et nous n’avions pas droit à d’autres pendant l’année», racontet- il. C’est aussi le seul moment où la famille servait du poulet. «Du poulet blanc, comme on en mange aujourd’hui, n’était pas donné à tout le monde. Coca pa ti éna, pa ti existé sa.» Que buvait-il donc ? De la limonade, répond le septuagénaire.
Outre le poulet, le chop suey bien garni était également un luxe à l’époque. «Nous attendions ce moment de l’année pour manger du chop suey avec du brède de Chine, du tom pouce, du bambou, des champignons. Même les boulettes de viande étaient un luxe», se souvient Titoni Lam. Pour le fameux dîner à la veille du Nouvel An, toute la famille se réunissait avec les grands-parents, parents et enfants. «Un moment pour nous de nous retrouver entre cousins, aussi. Avant de pouvoir manger, c’était au plus vieux de se servir en premier. Un signe de respect», relate-t-il.
Titoni se souvient que pour la danse du dragon et du lion, «il n’y avait pas vraiment de lion». «Et le dragon était plutôt réservé aux grands commerçants. Car, faute de moyens, ce n’était pas donné à tout le monde», fait-il ressortir. D’ajouter, cependant, que durant la danse du dragon dans les rues de Chinatown, tout le monde en profitait. Les voisins se réunissaient tous pour ce moment de plaisir.
Les pétards étaient aussi de mise. «Avant, il n’y avait pas les pétards que nous avons aujourd’hui. Nous achetions seulement un paquet de 16. Ces pétards, une fois allumés, ne faisaient même pas de bruit. Nou ti pé met zot dan blok ou dan lamok pou zot fer ankor plis tapaz», dit le vieil homme, une lueur malicieuse dans les yeux.
Titoni Lam relate qu’il attendait avec impatience les Fung Pao. Il recevait entre Rs 2 et Rs 10. «Mais pas question de les dépenser. Nous étions obligés de tout donner aux parents. Zot met tou dan labank», explique-t- il. Et c’est une fois à l’âge adulte que ce dernier a pu toucher l’argent reçu des Fung Pao. Titoni se souvient que sa fortune s’amoncelait à Rs 180 à ses 18 ans. «Mais mes parents ont arrondi la somme à Rs 200.»
Dans sa jeunesse, le septuagénaire a étudié pendant six ans en Chine. Ou il a aussi eu l’occasion de fêter le Nouvel An chinois. «Laba pli gran, pli lanbians.» Mais, pour Titoni Lam, rien ne peut rivaliser avec les moments en famille et avec les proches à Maurice.
D’ailleurs, même si les traditions se perdent, la famille Lam met un point d’honneur à en préserver le maximum qu’elle peut. Pour cette année, ils ont passé le réveillon en famille et avec des proches autour d’un dîner. Vendredi, c’était une journée à la plage et le soir Titoni a invité sa femme Alexandra et leurs deux fils au restaurant. «Il y a des familles qui voyageront ou passeront quelques jours à l’hôtel», ditil. Pour lui, le plus important, c’est d’être tous ensemble.
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