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Il obtient la grâce: «Pas question que je retourne en prison»

27 février 2018, 00:02

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Il obtient la grâce: «Pas question que je retourne en prison»

Il a fait les 400 coups lorsqu’il avait la vingtaine. Et purgé cinq ans en prison. Mais le 5 février, Ajay* s’est vu offrir une seconde chance. Après une intervention de son avocat auprès de la Commission de pourvoi de grâce, il a obtenu le «free pardon» et aura son certificat de moralité.

Il est un homme libre, depuis 2007. Après cinq ans passés dans différentes prisons. Mais contrairement à d’autres prisonniers, il vient de se voir offrir une seconde chance : il aura un certificat de moralité. Et pourra éventuellement se reconstruire une vie professionnelle. Le 5 février, cet ancien détenu, qui s’est confié à BonZour! sous couvert de l’anonymat, a obtenu le free pardon de la Commission de pourvoi en grâce. La demande auprès de la Commission vient de son avocat, Yousuf Ali Azaree.

Ses frasques, c’est à l’âge de 20 ans qu’elles ont commencé. Ajay (nom fictif) avait écopé le 28 février 2003 d’une amende de Rs 4 000 pour possession de cannabis. Quelques mois plus tard, le 22 mars 2004, la cour intermédiaire, intransigeante, lui inflige un mois de prison, cette fois-ci, pour possession of weapon to discharge noxious substance. Arrêté de nouveau, il est reconnu coupable pour avoir utilisé une voiture privée en tant que taxi. Et se voit sommer de payer une amende de Rs 5 000. Plus tard, il est encore une fois arrêté en possession de cannabis et lorsque vient sa comparution devant la justice, n’ayant pas un casier vierge, il en prend pour trois ans derrière les barreaux. S’ensuivra une autre condamnation de trois mois pour possession de haschisch.

«Le premier jour en prison, j’ai pleuré toute une nuit. Je me suis dit : ‘Où ai-je atterri ? Quel péché ai-je pu commettre pour en arriver là ?»

À cause de ses différents écarts de conduite, il passe, au total, cinq ans en prison. Finalement, en 2007, il retrouve la liberté après avoir purgé sa peine dans plusieurs établissements pénitenciers, nommément les prisons de Beau-Bassin, Grande-Rivière-Nord-Ouest, Petit-Verger, et Riche-Lieu.

Le jeune homme, marqué par ses passages derrière les barreaux, raconte sa vie entre quatre murs. «Lorsque j’ai été arrêté bien avant ma condamnation, je devais être détenu à Beau-Bassin, mais j’avais demandé le transfert pour aller à GRNO. Il y a un monde de différence, mais j’y ai quand même connu l’enfer lors de mon incarcération», confie cet homme, qui a maintenant refait sa vie.

«Gagn manzé kouma lisien é nou viv kouma lisien. Tou dimounn drogé, é laba mo’nn trouv dimounn fim mas ek pran subutex», poursuit Ajay. La prison, il la décrit comme «une université de l’enfer» où on l’apprend que «de mauvaises choses». «Laba ou ko’nn vréman tou. Ou aprann ki védir enn doz ladrog é laba tou zafer mové fasil pou fer.» Pour survivre, tout prisonnier doit avoir un moral à toute épreuve…

Il explique d’ailleurs comment la drogue circule au sein de la prison, grâce à un système de troc. «Si vous voulez une dose d’héroïne ou de Subutex, vous devez, par exemple, échanger votre cigarette. Dans le cas d’une pouliah de cannabis, ce sera deux ou trois boîtes de cigarettes, C’est tout un barter system qui est utilisé en prison. Et si le prisonnier a de l’argent sur lui, il va l’échanger contre de la drogue.»

Ajay, qui essaie de faire table rase de son passé depuis quelques années, soutient qu’il n’était pas conscient de ses actes à 20 ans. «Le premier jour en prison, j’ai pleuré toute une nuit. Je me suis dit : «Où ai-je atterri ? Quel péché ai-je pu commettre pour en arriver là ?» Au fil des jours, il a bien dû s’accommoder à sa nouvelle vie, où il devait «faire [m]es besoins dans un pot dans la cellule et attendre le lendemain matin pour [m]’en débarrasser».

L’ancien détenu dépeint aussi l’environnement, où vers 19 heures les officiers de prison éteignent les lumières. «On doit vivre avec les punaises dans les lits, les matelas sales, et les odeurs nauséabondes qui les accompagnent.»

La nourriture servie aux prisonniers lui a également laissé un arrière-goût… Selon lui, c’était de la «nourriture boueuse».

Mais pour ne pas reprendre le mauvais chemin, Ajay indique avoir travaillé dans l’imprimerie, en prison. «Au début je travaillais dans le jardin, sous le soleil de plomb. Cependant, c’est dans l’imprimerie où l’on faisait des carnets, des reçus et des log books, entre autres, que j’ai pu acquérir des connaissances. J’y ai également rencontré quelques personnes merveilleuses. On pouvait partager nos expériences.» D’ailleurs, il a appris à bien choisir ses vrais amis en prison, au risque de tomber dans le trafic de drogue.

Depuis qu’il est ressorti de prison de façon définitive, Ajay s’est marié et est maintenant père de deux enfants. S’il a réussi à se reconstruire sur le plan personnel, la vie ne lui a pas souri du côté professionnel, au début. Pour chaque emploi, les employeurs exigeaient de lui un certificat de moralité. Mais, finalement, il a «pu changer de vie» avec un travail décent et une famille. «Et non, il n’est pas question que je retourne au cachot, je ne veux pas ça.»