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Absence du créole pour les 50 ans de l'indépendance: critiques en cascade
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Absence du créole pour les 50 ans de l'indépendance: critiques en cascade
Où est passé le créole ? La fête officielle des 50 ans de l’Indépendance était toujours en cours que les critiques ont commencé à pleuvoir. Le français, l’anglais et l’hindi auraient été utilisés. Mais pas le créole...
Les commentaires sur le spectacle étaient en français, anglais et hindi, mais aucune trace de la langue maternelle. Manque d’égard pour le mauricianisme selon certains, attitude déplorable, surtout lors de cette date symbolique, selon d’autres… Pourquoi le créole a été mis à l’écart lors de la célébration des 50 ans de l’Indépendance, lundi, au Champ-de-Mars ?
Arnaud Carpooran est catégorique. Il s’agit là des complexes par rapport au créole qui perdurent depuis 50 ans. «Cette omission est regrettable. Cela ne représente, certes, pas une menace pour la reconnaissance de la langue, mais la langue principale de l’île aurait dû être présente, ne serait-ce que pour le symbolisme », commente le doyen de la faculté des sciences sociales et humaines de l’université de Maurice. Selon lui, cela reflète le retard que le pays a concernant le créole.
Daniella Bastien, linguiste, est légèrement plus virulente. Pour elle, le fait qu’un pays fête 50 ans de décolonisation ne peut se commenter en d’autres langues. «Nou éna enn vré problem ar aksepté ki kréol morisien sé enn lang nasional. Sé enn problem ar MBC plis ki pozisionnman gouvernman.» Elle renvoie à un commentaire antérieur d’Arnaud Carpooran, dans lequel ce dernier se demande pourquoi le slogan était lamé dan lamé alors que le créole était totalement absent lors des célébrations. Est-ce la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) qui est en cause ?
Alain Ah Vee, membre de Lalit, pense que oui. «C’est un grave manquement. Nous sommes pour l’utilisation du créole dans toutes les institutions et là, on a raté une occasion de rendre à la langue maternelle sa dignité.»
Mais Mekraj Baldowa n’est pas d’accord. Pour le directeur de la MBC, il est faux de dire que le créole a été relégué au second plan. «Les commentaires étaient en français et hindi, comme cela l’a toujours été traditionnellement, mais il est faux de dire qu’il n’y avait pas de créole du tout», affirme-t-il.
Certes, il a fallu faire avec les ressources de la station, mais le maximum a été fait pour que le créole soit présent. De plus, une version commentée en créole est actuellement en préparation et sera diffusée bientôt.
Mais Bijaye Madhou, ancien directeur de la station nationale, explique qu’il est l’heure de reconnaître que le créole est la langue de communication par excellence et qu’il faut que tout le monde accepte cette évolution. Pour lui, il est temps que la décision de porter le créole plus loin soit prise sans pour autant négliger les autres langues. «De toute façon, on ne parle pas de la reconnaissance de la langue mais bien de communication» dit-il. Quant à Sylvio Michel, il est déçu car depuis le sit-in des Verts Fraternels devant la MBC, le 1er février, pour la reconnaissance du créole, il avait eu l’assurance que le nécessaire allait être fait. «Il a fallu se battre en cour pour que le journal en créole soit introduit à nouveau sur les chaînes de la MBC. Donc oui, je suis déçu, mais pas surpris.»
Les standing orders bientôt traduits
<p>Alors qu’il était Premier ministre, sir Anerood Jugnauth avait fait savoir qu’avant que le créole ne soit introduit au Parlement, il fallait que les termes techniques soient traduits. Il n’en a pas fallu plus pour que Ledikasyon pou Travayer se mette à la traduction. Le travail a commencé en novembre dernier et une première ébauche est déjà prête. L’aide de Me Jean Claude Bibi, avocat et ancien parlementaire, a été sollicitée pour une révision. «Il y a des termes propres au Parlement que les politiciens utilisent. Il faut les maîtriser pour que les ‘Standing Orders’ soient bien traduits», explique Alain Ah Vee. Le document final fera environ 40 à 50 pages et contiendra à peu près 17 000 mots en créole. «Il n’y aura plus de prétexte qui tienne à ce moment-là car il existera un document de base pour que le Parlement travaille», poursuit-il.</p>
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