Publicité

Metro Express: aucune garantie que les rails ne finiront pas à la fonderie

20 mars 2018, 17:02

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Metro Express: aucune garantie que les rails ne finiront pas à la fonderie

Tout n’a pas été vendu à Maurice et à l’étranger, après le démantèlement des trains à Maurice. La preuve : les travaux et fouilles sur le chantier du Metro Express, à Rose-Hill, ont mis au jour des rails, qui sont des vestiges de 100 ans d’histoire destrains, de passagers et de marchandises ayant sillonnéle pays de 1864 à 1964. Mais qu’en sera-t-il du sort de ces rails ? À en croire des acteurs du secteur, il n’y a aucune garantie que cette ferraille ne finira pas à la fonderie.

En effet, ces rails ont notamment été retrouvés au «siding», le petit pont en pierres taillées à l’arrière du collège de Lorette de Rose-Hill. Ce «siding», explique Tristan Bréville, du Musée de la photographie, permettait aux «trains qui quittaient la gare de Rose-Hill de faire marche arrière». Dev Beekarry, de Metro Express Ltd, un des responsables de la mise en place du projet, affirme de son côté que ces rails «appartiennent à l’État. On vient de les découvrir. Il faut voir ce qu’on va en faire».

Pour sa part, Thierry le Breton, de l’association SOS Patrimoine en péril et membre du conseil d’administration du National Heritage Fund (NHF), affirme que l’institution «reconnaît que tout ce qui relève du rail a une valeur». Les vestiges du rail figurent sur la liste potentielle du patrimoine national. Mais avant d’être officiellement reconnu, il y a une «procédure plus ou moins longue» à suivre.

En attendant, cette liste potentielle n’a «aucune valeur», précise Thierry Le Breton. Ce qui signifie que ces vestiges ne sont pas couverts par la NHF Act. «Nous attendons une nouvelle loi depuis trois ans.» Dans ces circonstances, quelles garanties existe-t-il que ces rails ne finiront pas à la fonderie ? «Il n’y en a aucune», regrette Thierry le Breton.

Il indique que plusieurs négociations ont eu lieu avec une organisation non gouvernementale, l’association Rhizome Concept, autour d’un projet de musée du rail et la préservation des vestiges. «Il y a une réflexion qui est menée depuis une dizaine d’années pour la revalorisation de l’ensemble du tracé. C’est un travail continu mais très lent, surtout du côté de l’État.»

Thierry Le Breton est d’avis qu’il faudrait que tous les vestiges soient regroupés pour «une documentation du chemin de fer à Maurice». Selon lui, certains tronçons, non concernés par les travaux actuels, pourraient être revalorisés, «à titre de mémoire». Dans le cas où les bulldozers doivent se frayer un chemin, il préconise que des photos précises, avec des références dans le temps et l’espace, soient faites et conservées.

«Éléments de décor»

Tristan Bréville, collectionneur et auteur du livre Le dernier train, dit posséder une table faite à partir du madrier des rails, des clous de madrier, des rails et même une roue de train. «Quand les madriers ont été vendus entre 1965 et 1966, il y a des meubles qui en ont été faits.» Nullement étonné du résultat des fouilles à Rose-Hill, il affirme avoir demandé à ceux qui travaillent sur le chantier de le tenir au courant de pareilles trouvailles. «Rouillé ou pas, ce n’est pas grave. J’achète», affirme-t-il.

Il rappelle avoir demandé aux autorités une «partie archéologique» sur le tracé. Sauf que «j’ai l’impression que l’on ne veut pas montrer qu’il y a déjà eu des trains à Maurice», dit Tristan Bréville. Lui-même photographie le chantier étape par étape. «J’avais demandé un budget pour ça à l’État.» Requête restée sans réponse.

Qu’est-ce que les autorités devraient faire de ces vestiges ? «L’État aurait dû annoncer que tout ce qui est retrouvé sera donné aux artistes. Cela peut servir d’éléments de décor des futures stations de métro. Un artiste comme Nirmal Hurry et un architecte comme Jean-François Koenig, entre autres, peuvent imaginer de belles choses.»

Musée du rail, un train fantôme

Ce projet, qui figurait dans le Budget, a plus d’une décennie. Un terrain a été identifié à Mapou, là où se trouvait une ancienne gare, pour y construire le musée. À ce jour, le projet est un train fantôme. S’intéresser aux trains à Maurice, c’est commémorer 100 ans de chemin de fer. La ligne du Nord a été officiellement inaugurée le 23 mai 1864. Ce sont des difficultés financières qui ont poussé les autorités à stopper ces activités.