Publicité
Raj Puddoo: «certains entrepreneurs sont confus par le nombre d’institutions qui existent»
Par
Partager cet article
Raj Puddoo: «certains entrepreneurs sont confus par le nombre d’institutions qui existent»
Vous venez de signer votre premier protocole d’entente avec l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) au siège d’une PME qui bénéficie du plan de subvention offert par le gouvernement aux adhérents de «Made In Moris». Expliquez-nous cette nouvelle approche.
À travers ce geste, nous souhaitons marquer la différence entre la défunte SMEDA et SME Mauritius. En développant une approche de PME. De plus, SME Mauritius veut jouer ce rôle de facilitateur et de coordonnateur entre les différentes institutions d’encadrement pour les PME. Notre collaboration avec l’AMM en est un exemple concret. Nous voulons nous appuyer sur l’expertise et l’expérience de ces institutions qui sont là depuis longtemps et créer une synergie entre les institutions pour améliorer davantage le niveau des services aux PME.
Vous réalisez tout de même qu’une opération de communication est loin d’être suffisante pour convaincre les PME. Concrètement, comment SME Mauritius changera-telle la vie des entrepreneurs ?
Les PME ont besoin d’encadrement. L’exemple de Chelvan Furniture (NdlR, une PME avec laquelle le protocole d’entente a été signé et qui est bénéficiaire du plan de subvention de Made in Moris) est très parlant. L’un des éléments qui a contribué à son succès est le fait qu’il n’a pas hésité à prendre avantage des différentes institutions et schemes qui existent. Raison pour laquelle je souhaite consolider et améliorer ce suivi et créer des programmes de soutien et de formation. Nous venons avec des séances d’explication pour guider les entreprises vers ces institutions. Je suis convaincu qu’en venant avec des plans d’aide qui répondent aux besoins des entrepreneurs, ces derniers vont s’y accrocher.
Justement, lors de la signature du protocole d’entente avec l’AMM, vous avez invité les PME à saisir les avantages des différents «schemes» et facilités offerts par le gouvernement. Les entrepreneurs hésitent-ils toujours à venir de l’avant ?
Il y a plusieurs raisons qui expliquent cela. Certains entrepreneurs sont confus par le nombre d’institutions qui existent et ne savent pas vers laquelle se tourner. D’où mon objectif de faire la coordination entre elles. La prochaine étape sera de démarrer des sessions d’information dans les différents centres qui existaient déjà sous la défunte SMEDA et qu’il faut redynamiser. Donc, je vais démarrer des causeries et des formations en réunissant les entrepreneurs existants et potentiels pour leur expliquer ce que nous faisons au niveau de SME Mauritius, ce que le gouvernement a mis en place pour aider les gens à démarrer leur entreprise. Je compte également inviter des représentants de ces institutions à faire une présentation de ces établissements. Par exemple, cela peut être une banque pour parler des plans de financement pour PME. En d’autres mots, faciliter des échanges entre fournisseurs de services et clients potentiels.
Vous parlez de la multitude d’institutions qui existent pour les PME. Comment comptezvous aider les entrepreneuses alors que le National Women Entrepreneur Council (NWEC) est toujours en opération ?
Le NWEC existe depuis plusieurs années et est déjà bien implanté. L’entité a une base de données avec beaucoup d’adhérentes et un calendrier d’activités bien rempli. Il nous faut parvenir à travailler sur des programmes communs. Par exemple, le mardi 20 mars, SME Mauritius organise conjointement avec le ministère de tutelle, un Entrepreneurship Expresso. Soit un atelier qui vise uniquement les entrepreneuses. Nous travaillons justement avec le NWEC, qui va emmener une centaine de participantes, celles qui travaillent déjà ou qui aspirent à une carrière d’entrepreneur. Nous allons leur expliquer ce que fait SME Mauritius et comment nous pouvons les aider. Vous voyez bien que l’un n’empêche pas l’autre. Au NWEC, ils ont conçu des cours bien spécialisés dédiés aux dames. Ce n’est pas notre spécialisation. À notre niveau, nous voulons agir auprès des femmes qui ont déjà atteint un certain niveau et qui veulent améliorer davantage leurs connaissances.
Toutefois, bon nombre de femmes entrepreneures opèrent dans le secteur informel. Ce qui constitue un frein à leur développement. Comment comptez-vous y remédier ?
Beaucoup d’entrepreneurs choisissent de rester dans le secteur informel principalement, parce qu’ils ne savent pas comment faire pour régulariser leur business. Il y a des procédures à suivre et la SME Registration Unit devrait leur être utile à ce niveau. C’est aussi une question d’éducation. Il faut expliquer aux entrepreneurs du secteur informel qu’ils ne peuvent pas rester dans ce secteur et en même temps, bénéficier d’avantages qu’offrent les institutions. Il y a un choix à faire. Si vous voulez obtenir des facilités auprès des banques, des schemes de SME Mauritius ou participer à des programmes de formation, il faudra être dans le secteur formel. Tant que l’on ne leur explique pas les avantages du secteur formel, ils vont rester dans l’ombre. Il y a un travail de terrain à faire en ce sens.
Le plan directeur, dont émane SME Mauritius, met l’accent sur la création d’une nouvelle génération d’entreprises, centrées sur des secteurs d’avenir (comme les nouvelles technologies et les services, entre autres). Or, une bonne partie des PME opère toujours dans des secteurs traditionnels (comme le secteur manufacturier, le «food processing», le textile, etc.). Quel sera l’apport de SME Mauritius pour soutenir ces PME existantes ?
Les PME s’étalent dans tous les secteurs, comme le service, le high-growth potential et le secteur manufacturier traditionnel, entre autres. Il faut reconnaître que ce secteur emploie encore un nombre impressionnant de personnes et qu’il faut le préserver et le développer. Comment faire avec l’afflux de produits importés sur le marché ? Les aider à ce niveau, en devenant plus compétitifs, à travers l’amélioration de la qualité des produits, de leur productivité et en éliminant le gaspillage. Le marché est de plus en plus global, nous ne pouvons pas empêcher les produits importés d’entrer dans le pays. Mais nous pouvons aider nos entreprises à monter en gamme pour y faire face. Notre collaboration avec l’AMM s’inscrit dans cette optique, notamment à travers l’adhésion au Made In Moris ou en encourageant les Mauriciens à consommer local.
Et quid de l’exportation ?
Avant l’arrivée de SME Mauritius, il y avait un projet qui a été travaillé et qui s’appelle le TradeComm, piloté par le ministère des Affaires étrangères, trade division. Un groupe d’experts avait fait le déplacement chez nous pour aider les entreprises à améliorer leur qualité, partager leurs connaissances afin de les rendre export ready. Le projet est arrivé à terme ce mois-ci. Nous avons établi une relation avec ce groupe d’experts et SME Mauritius a pris l’engagement de reprendre ce projet et le rendre sustainable. C’est encore un bel exemple de collaboration public-privé, car ce projet verra la collaboration de SME Mauritius, Business Mauritius et l’AMM. Nous voulons établir une collaboration avec ces experts afin de former des formateurs locaux au niveau de SME Mauritius, Business Mauritius et l’AMM pour pouvoir continuer le travail. Une fois que l’équipe de SME Mauritius sera au complet (NdlR, l’organisme est en phase de recrutement. L’exercice devrait prendre fin en avril), je vais piloter ce projet.
Quelles seront vos prochaines priorités ?
Nous allons d’abord nous occuper du projet TradeComm. Ensuite, nous avons pour objectif de redynamiser le segment formation. La défunte SMEDA avait un training department sur lequel nous allons travailler. Ce sera un mélange de programmes traditionnels (management, comptabilité, marketing, handicraft, etc.) ainsi que d’autres programmes axés sur de nouveaux secteurs. Nous prévoyons également la tenue d’un National Entrepreneurship Campaign.
Publicité
Les plus récents